[EP] Émilie Plaitin – À l’hôtel + Palimpseste

En deux titres furieusement sensuels et tamisés, Émilie Plaitin ne fait pas que poser les bases de son art de la création ; elle les dépasse en accordant une importance primordiale à chaque détail, chaque mot ou instrument, pour définir un genre à part entière qui semble inépuisable et emplit l’espace et le temps avec magie et profondeur.

crédit : Chloé Jacquet

Imaginez : vous recevez, dans votre boîte aux lettres, un message accompagné d’un porte-clé sur lequel figurent une adresse et un numéro de chambre (la 5, en ce qui concerne l’auteur de ces lignes). Une invitation à pénétrer dans un hôtel imaginaire qui nous est délivrée par la chanteuse et compositrice belge Émilie Plaitin, proposition tout sauf indécente à écouter les bruits de couloirs (au sens propre), les murmures provenant d’autres chambres, mais avant tout à rejoindre notre propre univers. Non pas pour y trouver le repos ; au contraire, c’est bien d’émotions fortes et de sensibilité qu’il sera question, dans les volutes de fumée d’une cigarette mal éteinte ou d’une bougie se consumant lentement. Peu d’éclairage pour ce tête-à-tête intime et confidentiel ; mais, dans la pénombre, les notes coulent, naturellement, doucement, couvrant les murs et les meubles d’une tendresse inédite et délicate.

« À l’hôtel », slow aussi ténébreux que langoureux, ferme les portes et nous laisse en contact visuel et sonore avec l’artiste, alors qu’elle nous conte les histoires de ces lieux aux mille anecdotes savoureuses ; mais c’est bien pour mieux nous y enfermer, pendant quelques heures où le désir absorbe les minutes. La voix grave et confidente d’Émilie nous réconforte, nous enlace, nous provoque et nous tente, union voulue des corps et des âmes tandis que les guitares et la batterie enserrent un clavier fantomatique et vaporeux. Rêve ou réalité ? La frontière qui sépare ces deux états est ici totalement bouleversée, pour un plaisir sensoriel divin et merveilleux. « Palimpseste », battement cardiaque et caresse apaisante, recouvre nos propres vécus à travers un texte nouveau, une collection d’images mentales qui s’impriment sur le parchemin d’un blues rock dépouillé et mouvant. Nous suivons Émilie, guide de nos mains sur le papier, muse de nos futures poésies qu’elle chuchote et imprègne dans nos inspirations interdites et enfin dévoilées.

Mais ce qui ne cesse de nous tourmenter et de nous saisir, ce sont bien la voix et l’interprétation d’une créatrice possédée par ses mots et ses rimes, par ses phrases anonymes devenant matière vivante et frissonnante. Émilie Plaitin ne se contente pas de chanter ; elle s’approprie, se libère, se met à nu et nous invite à une danse lente et angélique, un face-à-face durant lequel les sentiments les plus puissants seront exposés sans retenue, pour n’en garder que l’essence la plus enivrante. Ivresse des sens et des plaisirs, entre l’extase et l’évaporation de nos peurs, de notre solitude. En deux pistes enjôleuses et aphrodisiaques, Émilie se fait sirène, nous entraînant dans les abysses de sa psyché tout en nous confrontant à nos propres envies. Attirance et fascination, pour une nuit inoubliable.

crédit : Damien VKM

« À l’hôtel » et « Palimpseste » d’Émilie Plaitin sont disponibles depuis le 19 janvier et le 1er mars 2017.


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Raphaël Duprez

En quête constante de découvertes, de surprises et d'artistes passionnés et passionnants.