[LP] Electric Guest – Kin

Cette fois-ci, il n’aura pas fallu attendre cinq ans pour voir Electric Guest revenir avec un nouvel album ! Après « Plural » en 2017, un disque joliment produit au style plus spontané et libéré que son prédécesseur « Mondo », le duo californien poursuit son exploration du mélange des genres avec « Kin ». 

En ouvrant sur « Dollar », premier single dévoilé à la mi-juillet, Electric Guest s’assure de donner envie à chaque auditeur de retrouver l’été. Plein de bonnes vibrations et porté par la voix haut perchée si particulière d’Asa Taccone, le titre réunit tous les ingrédients de la bonne recette à laquelle le duo nous a habitués et affirme le déplacement de style initié au fil du précédent album. Exit l’écriture parfois trop pensée, trop référencée du premier disque ; Asa et Matthew vont directement à l’essentiel. Et cela ne les empêche guère de créer une mélodie entêtante et toujours soignée.

Grâce à une section rythmique pleine de groove, « 1 4 Me » donne dès la deuxième piste un aperçu général de ce vers quoi Electric Guest a voulu tendre avec ce nouvel opus. L’insert de cuivres – déjà présents sur « Dollar », où ils rehaussaient l’intensité des refrains – apporte une dimension soul à ce track délicatement funky. En explorant un timbre plus médian, Asa nous rappelle aussi qu’il n’a besoin d’aucun artifice vocal pour imposer son chant. Les prestations live du groupe le confirment d’ailleurs aisément.

Sans fioritures, « Freestyle » nous fait accéder lui aussi à une performance vocale très plaisante. Après une intro épurée, le beat synthétique – mais jamais cheap – nous emporte le long d’une basse fiévreuse qui insuffle toute sa matière, tous ses graves, tout son groove pour dessiner une mélodie entre funk, house et R&B. À travers cette pluralité de styles, on se demande même si l’on ne se trouverait pas face à un morceau de George Michael fraîchement mêlé de sonorités actuelles. On convient en tout cas que le Britannique n’aurait pas boudé l’écoute de ce titre, où les refrains ne sont pas sans nous rappeler la suavité du chant d’un autre Michael – le King of Pop lui-même.

Cette exploration de sonorités avait déjà été amorcée un peu plus tôt dans « 24/7 ». Plus low tempo, on se laisse porter par l’habile mélange d’un flow R&B nous rappelant le début des années 2000 et d’instrumentations électroniques plus récentes. On y aurait d’ailleurs bien soustrait l’insert de cette guitare acoustique en arrière-plan qui tend à desservir la qualité des arrangements entrepris jusqu’alors.

Mais c’est sur « Basic » que l’exploration de cette atmosphère funk-R&B s’exprime de la façon la plus sensible. À la frontière du hip-hop, les refrains font à nouveau la part belle au duo basse-batterie, qui guide un beat irrésistible. De quoi offrir l’écrin idéal à son interprète pour exprimer son chant lascif.

Cette exploration hip-hop prendra progressivement le pas en fin de disque, sans oublier de s’allier tantôt à l’acoustique d’une guitare comme sur « Get Out », pas forcément surprenant mais malgré tout efficace, tantôt à des violons comme sur « Birthday », porté par un flow très convaincant.

Electric Guest n’oubliera pas non plus de faire un détour par quelques hymnes très pop et rassembleurs. Ce sera le cas sur les deux singles – « More » et « Play With Me » – récemment choisis pour porter la sortie de « Kin ». Dans ce registre, on préfèrera retenir « I Got The Money », bien moins linéaire et dont le refrain insouciant s’imprime immédiatement en mémoire. Le track se fait même de plus en plus dansant au détour du pont, qui rompt strictement avec le tempo imprimé jusqu’ici. Tout ça pour mieux le relancer par l’intermédiaire d’une basse faisant bondir le groove et d’une guitare électrique nous emmenant tout droit, cocktail à la main, sous le soleil de la Californie natale des deux membres.

Depuis son deuxième album, Electric Guest semble s’affranchir davantage de toute barrière créative. Le duo propose une nouvelle fois ici un habile mélange dans un style direct et de plus en plus libéré. En rassemblant les genres musicaux, en les faisant s’enchevêtrer, en s’appuyant sur ce qui les lie et les rapproche, les deux musiciens réaffirment leur souhait d’exprimer le caractère multiple de leur musique.

Cette recherche de parenté, de proximité s’exprime d’ailleurs dans le sens même du mot ‘kin’, qui donne son nom à l’album. C’est le credo du groupe lorsqu’il s’agit de travailler, aussi bien avec les sons qu’avec ceux qui les entourent. L’environnement et les proches semblent être des prérogatives essentielles à la création – il n’y a qu’à voir le clip de « Dollar », réalisé par le frère d’Asa Taccone, pour s’en assurer.

« Kin » est peut-être porté par des singles moins forts que « Plural », mais offre de nombreux morceaux rafraîchissants pour l’esprit grâce à une ligne conductrice explicitement tournée vers le groove, qui s’imprime sans cesse au cœur des morceaux. De bonnes raisons pour ne pas rater le retour en France des Américains qui se produiront, en bande et avec une énergie toujours très communicative, dans l’intimité du Café de la Danse le 23 novembre 2019.

« Kin » d’Electric Guest, sortie le 18 octobre 2019 chez Because Music.


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Florian Fernandez

Florian Fernandez

"Just an analog guy in a digital world". Parfois rock, parfois funk, parfois électro, parfois folk, parfois soul, parfois tout à la fois.