[EP] Ëda – Ëda

À l’écoute de son EP éponyme, il ne fait nul doute que Ëda s’apprête à devenir notre nouvelle princesse d’une musique aux consonances colombiennes maîtrisées et sensibles, mais modernisées grâce aux fabuleuses inventions musicales que la compositrice à instillées dans ses compositions. Le résultat est une formidable collection de chansons dépaysantes et d’une incroyable maturité, nous réconciliant avec des genres que nous avions trop tendance à laisser de côté.

Sur la pochette de « Ëda », un œil nous observe, comme s’il attendait notre réaction. Autour de lui, des symboles, des images aux lignes épurées mais aux formes élaborées, où la couleur, bien que terne, nous marque immédiatement. Une introduction parfaite à l’art de Ëda, projet partagé entre la Colombie et Paris et parvenant à la perfection à concilier ces deux environnements en apparence contradictoires. Car, de son pays d’origine, la chanteuse a apporté une chaleur et un sens du conte qui ne peuvent être exprimés ailleurs. Tout au long de l’EP, la voix s’impose sur des lits harmoniques à la fois traditionnels et actuels, les arrangements ne cessant à aucun moment de rendre notre écoute aussi passionnée qu’active. Il aura fallu du temps pour engendrer une telle merveille. Il en faudra davantage pour l’apprivoiser sous toutes ses formes.

L’apparition, toute en sobriété, de « Gloria’s Jungle » nous convie à une soirée au milieu d’une forêt qu’un feu de camp éclaire, tandis que nous nous asseyons en tailleur pour admirer les chœurs et histoires de notre héroïne nocturne. Les pulsations rythmiques se font discrètes et enroulent des mélopées instrumentales à la fois modernes et respectueuses de ce moment à part, notamment grâce à l’aide précieuse et précieuse de Anthony Wizenrieth. La chaleur se fera plus intense avec « Paso, Paso », où les distorsions et les nappes de claviers serrent contre elles la vocaliste, dansant devant nous avec fierté et en toute liberté, comme sur le tendre et sensitif « Manicomio », où la contrebasse s’éprend de ses camarades de jeux informatiques. La consolation, cependant, n’est jamais loin ; car c’est bien l’une des forces les plus originales et incomparables de la musique sud-américaine : à savoir, cette capacité à passer de la fête à la tendresse, en un éclair. « Pa’ Qué » est une respiration, un baiser langoureux et passionnel qui nous laisse sans voix. Puis, l’ultime offrande de Ëda, « Silencio », est une ballade caressante et mélancolique entre le piano et notre reine, une larme qui coule le long de notre joue et dessine les courbes d’un sourire rassuré.

Ëda est autant une sirène qu’une confidente, éperdue de vie et de plaisirs. Et c’est tout ce qu’elle nous communique à travers cet opus enivrant et rassérénant, celui-là même qui nous motive à expérimenter les mille et un bonheurs de la simplicité existentielle. Une lumière dans les ténèbres, que l’on observe avant de la toucher, de la sentir et de l’aimer.

crédit : Pierre Baille

« Ëda » de Ëda est disponible depuis le 22 novembre 2017.


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Raphaël Duprez

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