Prodige du modern classical, le compositeur et producteur italien Ed Carlsen dévoile son premier album, « The Journey Tapes », librement inspiré par la forêt danoise de Ravnholm. Trente minutes d’évasion sonore.
Le premier album d’Ed Carlsen a le goût de la curiosité et de la patience. D’apparences réservées sinon introspectives, les compositions du pianiste italien se dévoilent progressivement sur un disque sublimé par ses interventions extérieures, souvent instrumentales (Mattia Melis à la basse, Bryony James au violoncelle et Sophie Ryan au violon), rarement vocales (Julie Krog Jensen, au chant sur « Cage »), associées à une production électronique délicatement soulignée. Les craquements du bois du piano, la lenteur et le charme du violon ou encore la mélancolie grave du violoncelle s’accordent à merveille avec les sursauts électroniques venant, ici et là, sublimer et élever les intentions poétiques et paysagères d’un disque à contempler comme un tableau, dans ses moindres détails et reliefs.
« The Journey Tapes » est une œuvre promise au voyage ; celui de l’imaginaire d’un lieu et d’une saison. Ed Carlsen nous offre sept œuvres intimistes et solennelles. Nous y découvrons le sublime « Close » où les chants d’oiseaux discrètement relevés viennent fournir sa sève imaginaire à un album puisant dans la nature comme première source d’inspiration, et au bout de l’écoute, « Hundrede Træer », piste bonus, entre electronica et classique, où la magie opère à travers ce mariage déterminant de l’urgence des frappes électroniques et de la clarté de notes classiques.
Entre temps, entre chaque silence méticuleuse installé entre les pistes, nous prenons goût au lyrisme lumineux de « Cage », où le chant de Julie Krog Jensen, plus libre que jamais, se fond subtilement avec l’ensemble orchestral qui l’accompagne pour ne faire plus qu’un. Nous aimons la tendresse de « Grey » et croyons entendre le bruit des gouttes sur notre vitre un jour de grand vent sur le doux et grave à la fois « Rain ». Perle électronique d’un album avant tout classique, « Loose », à la manière de Kiasmos, conjugue l’élégante danse d’une orchestration classique à la chaleur de rythmiques électroniques vives avant de laisser la berceuse « Far » décomposer progressivement son jeu comme les feuilles disparaissent sous un manteau neigeux quand vient l’hiver.
« The Journey Tapes » de Ed Carlsen est disponible depuis le 13 septembre 2016 chez Moderna Records.
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