Rencontre avec Eagles Gift

Rencontre avec Eagles Gift, quatuor psych rock angevin formé à l’occasion du Lévitation France. On y parle de réunion de famille, du psych rock seventies comme de son revival dans les années 2000, de l’Oslo Psych Fest auquel ils participeront début décembre, du tremplin L’Ampli Ouest France et même de l’Austin Psych Fest. Alors, parés au décollage ?

crédit : Aloïs Lecerf
crédit : Aloïs Lecerf
  • Bonjour Eagles Gift ! Le don de l’aigle, ça vient de qui l’idée ?

Romain : Salut ! Alors Eagles Gift, on y avait pensé ensemble. À la base, le groupe s’appelait Origin Of Black Eagles, nom que j’avais trouvé quand j’ai démarré le projet.
Et donc, le don de l’aigle – The Eagle’s Gift, c’est tout simplement le nom d’un bouquin de Carlos Castaneda que j’ai fait découvrir aux autres. Et qui l’ont lu évidemment.

  • Ce bouquin, il raconte quoi dans ses grandes lignes ?

Romain : Alors, d’abord, Carlos Castaneda, c’est un scientifique qui est allé étudier la culture shaman auprès des Indiens du Mexique et qui est devenu le disciple d’un sorcier. Il a fait plusieurs expériences des drogues psychédéliques entre autres, et a découvert une autre façon de voir le monde.
C’est intéressant de voir quelqu’un qui change sa manière de penser. Ça nous inspire donc l’ouverture d’esprit de notre musique.

  • Peut-on voir Eagles Gift comme une réunion de famille au sein de la scène rock angevine ?
crédit : Aloïs Lecerf
crédit : Aloïs Lecerf

Romain : Oui, c’est exactement ça. C’était mon souhait, celui de trouver des gens avec qui je n’avais pas encore joué, mais qui étaient présents sur la scène locale. Histoire d’avoir des connexions entre les groupes, ce qu’il n’y avait pas beaucoup ces dernières années au sujet de mes groupes.

Stw : Quand Romain s’est mis à chercher des musiciens, il a proposé à plusieurs personnes et c’est vrai que ça m’a branché tout de suite. Et du coup, Chris, qui est un super pote et qui bosse pour Future Dust au niveau des lights et qui fait de la basse, du clavier et de la guitare, et de l’harmonica… et tout ce qui se joue en fait, s’est greffé au truc. Et Romain connaissait le batteur qui jouait dans Sutcliffe et Alfred Revanche.

  • Romain, quand tu as proposé le projet aux autres membres, il était déjà écrit, composé ? Tes musiciens n’avaient plus qu’à se greffer dessus et jouer ?

Romain : De base, oui. C’était assez rapide. Je n’avais pas l’intention de créer un projet qui prendrait l’ampleur qu’il a actuellement.
C’était juste histoire de partager quelque chose avec les différents musiciens, qui avaient un emploi du temps chargé. Le but, c’était d’avoir un truc on l’on puisse rapidement se faire plaisir et jouer, sans se poser toutes les questions d’un projet qui part de zéro.

  • Et aujourd’hui, ça a évolué à ce niveau ?

Romain : Le groupe a quatre mois. Pour le moment, on reste sur cette dynamique là.

  • Comme on l’a abordé en début d’interview, votre projet s’appelait auparavant « Origin Of Black Eagles » avant de devenir « Eagles Gift » en l’espace d’un mois à peine d’existence.  Qu’est-ce qui a motivé ce changement de nom ?
crédit : Aloïs Lecerf
crédit : Aloïs Lecerf

Stw : À la base, Origin Of Black Eagles, c’est vraiment le projet de Romain. Avec la participation du projet à Lévitation France qu’il s’est mis à chercher des musiciens et c’était vraiment dans la précipitation que tout s’est mis en place.

Romain : Et c’est après ce premier concert qu’on a eu la chance de rencontrer des personnes influentes au niveau international ; un booker de Norvège et Rob Fitzpatrick, patron de l’Austin Psych Fest, qui coorganisait le festival Levitation avec le Chabada d’Angers qui avait déjà aimé notre projet en écoutant notre maquette. Il nous a vus et bien aimé le concert durant ce concert, après avoir validé ce qu’il avait entendu sur internet, nous a proposé de jouer en mai prochain à l’Austin Psych Fest et selon lui, le nom n’était pas très intéressant.

  • Votre première maquette est sortie il y a quelques semaines. L’enregistrement s’est-il déroulé dans l’urgence sachant que vous alliez jouer en ouverture de Lévitation France ?

Romain : Oui, totalement. C’était à destination des pros avant tout, pour présenter le projet. Ça s’est fait clairement dans l’urgence.

  • Préparez-vous un premier EP faisant suite à cette maquette ?

Romain : Plus que ça !

Stw : On a enregistré dix titres et on en a neuf de prêts pour notre premier album.

  • Et vous avez enregistré ça quand, car du coup, ça m’intrigue !

Romain : On va pas dévoiler tous nos secrets quand même (rire).
Il sortira en tout cas à l’occasion de notre concert à Oslo le 6 décembre, et juste après en France en décembre également. Les Norvégiens auront la primeur de notre album.

  • La fraîcheur même !

Romain : Bien vu !

Stw : Et donc oui, dans 15 jours, l’album sort !

crédit : Aloïs Lecerf
crédit : Aloïs Lecerf
  • Vous citez dans vos influences les Doors, les Dead Skeletons et les Black Angels. Vous avez dans les 25 ans, sachant que le rock psychédélique remonte à une période bien antérieure à votre  naissance, à partir de quand avez-vous pris goût à ce genre musical ?

Romain : Pour moi, très récemment. Y’a un an et demi, on va dire. Les Doors, je connaissais depuis longtemps, mais les Black Angels, qui ont pour moi été le déclic, j’ai découvert il y a un an et demi. J’ai vraiment adoré dès le premier morceau, dès les trente premières secondes. Et je crois que les gars qui sont avec moi en ont plus écouté quand le projet s’est lancé.

Stw : Ouais, avec Chris, on avait déjà des racines blues rock seventies, donc forcément les Doors, Hendrix, Pink Flyod… tout le psyché à l’ancienne, on écoutait.

  • Jefferson Airplane, j’imagine aussi.

Stw : Ouais, Jefferson également. The 13th Floor Elevators beaucoup. Et c’est plus récemment que je me suis mis à écouter des groupes psychés actuels. Beaucoup d’Américains.

  • Sentez-vous d’ailleurs un vent de revival psyché en France ? Ou pas du tout ?

Romain : Pas du tout pour le moment.

Stw : Je pense que le rock psyché depuis qu’il est arrivé dans les années 60 a influencé tous les styles musicaux qui sont arrivés après. Et on en retrouve partout. Mais en France, je ne pense pas qu’on trouve énormément de groupes psychés. Je ne pense pas qu’on puisse parler de revival psyché en France pour le moment.

Romain : Par contre, on a entendu dire que ça allait venir.

  • Est-ce vous pensez que vous avez eu la bonne idée, le bon flair de monter un groupe psyché en 2013 ?

Stw : On ose espérer que si ça nous parle à nous, ça parle à d’autres gens. On n’est pas des autistes, c’est clair !
Après s’il y a une tendance, une vague et qu’on est là, sans avoir à faire le choix de faire tel genre de musique, c’est tant mieux.

Romain : Clairement, on a entendu dire que ça allait revenir d’ici un an ou deux. Et ce que j’ai eu souvent comme critique dans mes autres projets, c’est qu’on fait quelque chose parce que ça marche actuellement, et qu’on arrive toujours un peu tard.
Donc là, effectivement, ça ne s’est pas monté dans ce but, mais on sera, par contre, peut-être là quand la tendance va arriver, d’ici un an ou deux.

crédit : Aloïs Lecerf
crédit : Aloïs Lecerf
  • Quand on écoute votre musique, il m’apparait ce côté « rituel » et « tribal ». Avez-vous pensé à renforcer cet aspect-là en live ? Je pense à des peintures sur le visage ou le corps pour renforcer l’aspect chamanique, incantatoire de votre univers…

Romain : (longue hésitation) Je ne pense pas spécialement.

Stw : On fait de la musique avant tout. On n’est pas des acteurs.

Romain : Après, y’a des trucs sympas. Quand on a vu les Dead Skeletons qui allumaient de l’encens sur scène, ça nous a bien immiscé dans le projet.

Stw : Le but, c’est d’amener les gens dans notre univers par les moyens que tu veux.

Chris : On a pensé à un ticket d’entrée que tu lèches avec du LSD… (rire).

  • Romain, les voix étant très en échos sur ta première maquette, on a parfois du mal à percevoir tous les secrets de tes textes. Quels sujets abordes-tu ?

Romain : Si c’est des secrets, comme tu le dis, ça ne se dévoile pas !
Mes textes sont assez abstraits, je ne peux pas leur donner une explication rationnelle non plus.
Ça parle de la prise de conscience du monde qui nous entoure, des questions que l’on se pose intérieurement.
Et j’avais personnellement besoin de faire cet album, pour faire sortir certaines choses comme j’ai eu besoin de lire le livre de Carlos Castaneda pour trouver sinon des réponses une autre vision des choses. Et même de la vie, même si ça m’embête de dire des choses comme ça.

Stw : (à Romain) Oui, ça reste un truc assez perso pour toi.

Romain : Oui, c’est finalement très personnel. Non, je ne parle pas du beau temps, je ne parle pas de choses très joyeuses ni de choses très terre-à-terre.

Stw : C’est une vision un peu vue de haut. On veut aussi laisser chacun ressentir le projet comme il l’entend, se faire sa propre idée, sa propre conception de notre musique.

Romain : Mais ça ne raconte pas d’histoires spécialement.

  • Vous pouvez m’en dire plus sur à l’Oslo Psych Fest auquel vous participez les 6 et 7 décembre prochains en Norvège.

Eagles Gift - Oslo Psych Fest

Stw : C’est clairement notre date au Lévitation où il y avait Joao Caveira, l’un des trois programmateurs, qui nous a offert cette opportunité. Il a bien aimé le concert, lui est rentré en Norvège, il a parlé du groupe à ses deux co-programmateurs et on a reçu un mail dans la foulée qui nous annonçait ça !

  • Êtes-vous le seul groupe français sur cet événement ?

Stw : Oui, il y a des groupes qui viennent d’Angleterre, mais pas d’autres groupes français.

  • Et pour l’Austin Psych Fest, par rapport à ce qui s’est dit plus tôt, c’est donc confirmé !

Stw : Eh oui ! Tu roules sur les exclusivités là !

  • Romain, tu es guitariste lead au sein de Scarlet, Stw tu es également guitariste au sein de Future Dust et de San Carol, comment faites-vous pour mener de front ces différents projets ?

Romain : C’est pas toujours facile d’avoir plein de projets, car ça prend du temps.
Après l’avantage d’avoir déjà fait des projets, c’est qu’on a fait certaines erreurs. Moi personnellement, j’ai eu largement ma dose, avec Scarlet ou d’autres projets auparavant où j’étais juste musicien.
Après, dans Scarlet, je suis quand même à l’initiative du projet donc c’est pas tout à fait la même histoire, mais c’est vrai que j’essaye de reproduire les choses qui ont marché, dans les démarches, pour que ça aille plus vite.
Et puis, c’est moins casse-gueule quand tu as déjà l’expérience des autres projets…

  • Et avoir des projets aux styles bien distincts, j’imagine que ça permet de mieux vous organiser entre ces derniers ?

Romain : Oui, tout est une question d’organisation de toute façon.

Stw : Et de toute façon, ça ne m’aurait pas intéressé de me lancer dans un projet similaire. Le but pour moi, c’était de m’enrichir de nouvelles expériences. Et on s’enrichit, je crois mutuellement, à la rencontre de nos projets.
Après, comme Romain, je ne fais aujourd’hui que ça, même si ça nous prend énormément de temps, on consacre notre énergie exclusivement à la musique.

  • Enfin, vous faites actuellement partie des douze demi-finalistes du tremplin L’Ampli Ouest France. Comment espérez-vous obtenir votre billet parmi les 5 finalistes ?
crédit : Fred Lombard
crédit : Fred Lombard

Stw : Déjà, ça fait super plaisir d’avoir été choisi parmi les 12 finalistes pour un projet qui est aussi jeune.

Romain : On avait d’ailleurs postulé avec notre ancien nom de groupe. On avait du faire deux répéts et postulé. On a donc été sélectionné sur la base de l’ancien nom et des morceaux sortis à l’époque.
Ce qui peut faire qu’on gagne, c’est le vote des internautes. La mobilisation générale. Il n’y a pas de secret. Donc via les sites comme indiemusic ! (rire)

Stw : La carte à jouer pour nous, c’est la personnalité du groupe.

  • Et j’ai vu que vous avez sorti un petit clip qui vous oppose de manière humoristique à Kids Of Maths, un groupe rennais.

Stw : Kids Of Maths, c’est avant tout des copains. On serait énormément heureux de partager la finale avec eux. On les connait bien avec Future Dust.
La petite vidéo avec un certain Tucker Pedhuski est vraiment à visée humoristique. Il avait soutenu l’an passé VedeTT et Lemon Queen, et cette année, c’est parti d’un délire au bar de vouloir continuer ce truc-là.

Et c’était assez rigolo, je pense !

  • Merci beaucoup les gars ! Bonne chance pour l’Ampli et bon concert en Norvège !

Eagles Gift : Merci à toi ! À une prochaine !

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soundcloud.com/eagles-gift

Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques