[Live] Dour 2017, jour 5

Ultime jour de festival à Dour avec une programmation agitée. Sur la plaine de la Machine à Feu, il nous est impossible de résister à une constante envie de danser, que ce soit aux côtés d’un rasta français ou d’une diva tout droit venue de La Nouvelle-Orléans.

Nadia Rose – crédit : Alice Tabernat

Autoproclamé « ambassador of New-Orleans and bounce music », le très efféminé Big Freedia entame cette cinquième journée aux côtés de ses danseurs. La bounce music, sous-genre du hip-hop né à Big Easy, est caractérisée par des basses fortes, un flow martial et une danse : le twerk, célèbre au-delà des mers et de l’Internet. Les samples de « Bitch Better Have My Money » et autres montées en puissance de beats électro on ne peut plus synthétiques se prêtent parfaitement au jeu. Néanmoins, ce qui marque le plus la prestation de l’Américain est bien l’énergie déployée par ses danseurs.

Malgré ses allures militaires et ses horizons musicaux assez restreints, la bounce de Big Freedia se montre bien plus souriante que le rock psyché-garage de Meatbodies, les compères de Ty Segall. Les Californiens maîtrisent leurs instruments à la perfection et peuvent aisément se perdre dans de longs solos. Néanmoins le concert peinant à décoller pour emporter le public, nous nous redirigeons donc vers la petite maison dans la prairie pour shaker notre séant.

Crinières rose bonbon et peroxydée, une batterie, une guitare, deux femmes, voici Deap Vally ou la recette la plus efficace de la scène rock californienne ! Le rock brut de décoffrage porté par la voix blues de Lindsey Troy réjouit un auditoire conséquent où chacun y va de son petit mouvement de danse. Sorte de Royal Blood plus mélodique, mais certes moins innovant, le duo se révèle néanmoins rafraîchissant et sa détermination fait plaisir à voir.

Tandis que Roméo Elvis retourne la Boombox, Naâman navigue entre clichés du rasta et morceaux de qualité. Non pas que les messages de paix et d’amour à base de « flamme dans le cœur » nous importunent, au contraire, ils nous poussent à sourire tant l’artiste semble habité par ses paroles humanistes et débordantes de bons sentiments. Hormis ses élocutions innocentes, le rastaman souriant offre un show sincère et plein de bonne humeur (pour attiser la flamme que nous possédons au plus profond de nous).

Une interprétation de « YMCA » par la sécu et une trentaine de minutes de retard plus tard, Nadia Rose entre en scène sans balance et dégaine son flow détendu. En un instant, sa nonchalance excuse son retard et le Labo reste médusé devant l’incroyable maîtrise de la jeune MC anglaise aux macarons dignes d’une princesse Leia.

À peine sous son charme, nous devons pourtant déjà repartir et courir en direction de Sleaford Mods. Paroles désenchantées, ambiance moins punk qu’en studio et scène enfumée feraient un bon résumé de la situation. Là où nous nous attendions à un live violent où les pogos s’enchaîneraient sur des beats technos, nous n’en croyons ni nos yeux et nos oreilles ; Sleaford Mods ou les punks les plus cool qu’il soit.

PNL et plus tard Manu le Malin cloront cette 29e édition de Dour au cours de laquelle la fréquentation aura battu tous les records avec un pic à 55 000 festivaliers le samedi. Amateurs de musique, simples curieux ou aventuriers courageux, tous se sont croisés dans les allées de Dour, petit îlot unique en son genre, qui revêt cinq jours durant un costume de melting-pot musical et humain. Nous garderons de cette édition un très bon souvenir de la présence du rap anglais. Humble, toujours souriante, bien que tragique, cette scène se démarque aussi bien par le dynamisme et la jeunesse de ses émissaires que par son humanité. Un vent de fraîcheur souffle sur la Grande-Bretagne et Dour en est un témoin clef.


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Alice Tabernat

Alice Tabernat

Étudiante passionnée par la création musicale et les beaux textes.