Dirty Deeds Done Dirt Cheap. Les Dirtyphonics l’ont bien compris. Cela fait 20 ans qu’ils bossent fort et c’est au Festival Beauregard, en différé de L.A. où ils se sont installés, que nous prenons la température de ces grands malades du DnB. Un échange avec leurs deux voix en simultané pour que ça porte encore plus fort !
- Salut Pitchin et Charly. Dirtyphonics fêtera ses 20 ans en 2024. En mode binôme. Mais vous étiez plus nombreux à la formation du groupe quoi remonte à…
2017 ! Mais on est tous les deux sur la route depuis 2013. Avec un premier album…
- … sorti à la suite d’une multitude de singles et de remixes, avec des scores aux charts phénoménaux. Comment avez-vous vécu toutes ces premières années avant de rentrer en studio pour ce premier LP ?
On a vécu ça en montagnes russes. On rêvait comme but ultime de signer sur un petit label underground. Et en fait, cela a été beaucoup plus loin que cela et beaucoup plus vite ! On a enchainé les singles, les remixes, avec beaucoup de propositions et de dates à l’international. Il a fallu à un moment qu’on arrive à se poser tout simplement pour apprendre qui on était vraiment en fait. Et la manière dont on avait envie de faire les choses. Depuis le début, on avait une vision assez précise de là où on voulait amener le projet, on faisait de la bass music, puis du drum & bass (DnB), ensuite le concept Dirtyphonics. C’est une musique à l’époque qui était très underground et que nous on a imaginé sur un format plus grand public et accessible, à une époque où les médias et les festivals n’en voyaient pas l’intérêt. Mais le public était là, prêt à nous suivre. Nous, on était là, on savait ce qu’on voulait faire… On a vu en mode binôme qu’il y avait moyen d’aller loin, de faire de grandes choses. Ce qui a pris du temps était de savoir comment on allait le faire, pour ne pas brûler les étapes et nos ailes comme beaucoup d’artistes qui démarrent très fort très vite, mais qui explosent en plein vol. Le fait d’être tous les deux, en groupe, nous a pas mal stabilisé avec toujours un pour remettre les pieds sur terre.
- Il y a donc eu dès le départ une recherche d’identité, pas dans le sens dénigrant du terme. On vous sent investis par quantité de styles musicaux, vous touchez à tout à part peut-être la musique classique, et encore. Entre le metal, le rap, le DnB, vous allez finalement sur des territoires assez éloignés les uns des autres. Vous récupérez un max de followers.
Ce qui nous a pris pas mal de temps à comprendre est comment jouer en faisant intégrer qu’on n’était pas que ci ou que ça et qu’on pouvait jouer tout un tas de choses. On a d’ailleurs envie de tester des trucs. Quelquefois, on s’aperçoit que cela ne nous correspond pas et on laisse tomber. Mais il fallait le faire et que ça sorte pour réaliser. Le côté négatif est que l’on pouvait perturber nos fans.
- Est-ce que ce n’est pas une caractéristique de la France que de vouloir cataloguer les artistes en les rangeant dans des boîtes avec des étiquettes ?
C’est mondial. Mais c’est une manière de diriger les gens en leur disant « allez écouter ou voir cela, c’est du ça ». Nous on était chauds pour tout faire (et on l’est toujours d’ailleurs). Avant que cela soit un tout, cela a simplement été des éléments séparés.
- Vous vous êtes aussi inspiré de sons et de rythmes connus comme ceux des Anglais de The Prodigy ou des Français de Mass Hysteria ou d’I Am Un Chien par exemple. Et avec la sortie du LP, vous vous êtes marketé, en passant même par un branding fort avec comment on se montre sur une pochette, sur scène ou dans un clip vidéo. Ce sont sûrement des aspects que vous aimez faire aussi certainement ?
On est une génération qui a grandi avec TV6, MTV. En fin de soirée, on matait les clips en boucle. On prenait des claques avec des mecs comme les Daft Punk ou Justice. Même en étant gamins dans les années 80. Y avait plein de vidéos perchées, de l’expérimental…
- Et aujourd’hui, vos influences viennent plutôt des US ?
Oui, on habite Los Angeles, c’est parfait par exemple pour tourner un clip. Tu conduis deux heures et tu te retrouves en plein désert ou dans la montagne. À 30 minutes, il y a la mer. Tout ça, c’est le lieu que nous, on voyait dans les clips ou dans les films comme certaines scènes de Terminator 2 (la station essence ou le ravitaillement en hélico). C’est juste hallucinant. On a tourné notre dernier clip à 1h30 de chez nous. On voulait faire des burns avec une grosse GTO.
- Ce qui est fort c’est que vous êtes « fans de » et que nous on est « fans de » vous. On vous écoute, on vous suit, il y a beaucoup de travaux avec beaucoup de remixes avec de grosses pointures. Comment vous créez ces collaborations ? Qui vient chercher qui ? Comment ça se passe ?
On fonctionne beaucoup à l’instinct et à l’opportunité. On sait qu’on veut essayer plein de choses et ensuite cela se fait en fonction des rencontres comme lors des festivals où l’on côtoie pas mal d’artistes. C’est ce qui a fait qu’on a collaboré avec Marilyn Manson et The Chainsmokers. Ce sont des histoires persos ; nous on se dit : « on veut faire ça ». Alors on y va !
- Et tout cela depuis les US où cela doit être pour vous un épicentre musical ?
On veut rester entre les États-Unis avec tout ce star system et ces opportunités et les trucs incroyables qui se passent en Europe et surtout en France. On aime bien voyager entre les deux, ne pas se perdre parce qu’aux US, tout va très vite alors qu’ici, on aime prendre un peu plus son temps, s’installer dans la culture : on a besoin des deux.
- Finalement, vous êtes plus sur scène ou en studio ?
Pratiquement moitié-moitié. On va passer 4-5 mois à L.A. et ensuite on est sur la route aussi bien en Europe, en Australie qu’en Asie. On se nourrit de tout cela pour notre musique, nos graphismes, dans l’inspiration de manière générale…
- Vous êtes un vrai groupe français à dimension internationale ! Avec un nom et un concept qui peuvent résonner dans toutes les oreilles tant au Japon qu’en Inde…
On a joué la première fois au Japon en 2010 ou 11. On arrive là-bas avec un bon jetlag. On joue et quand notre musique se « calme » un peu, la foule s’est arrêtée de danser et a applaudi. On y est retourné juste avant le Covid et on s’est aperçu que leur culture avait complètement absorbé la musique électronique. Ils connaissent tout par cœur, c’est absolument hallucinant. Le truc a vraiment évolué et on imagine qu’on a une part de responsabilité là-dedans. C’est un gros kiff de voir cela !
- Vous avez un langage universel !
Quelles que soient la culture, la religion, la couleur de peau, on s’en bat les couilles. On a une musique énergique et quand les gens viennent nous voir, quelles que soient les merdes qu’ils ont eues dans la semaine ou dans la vie. C’est un exutoire, une thérapie de groupe. Et surtout le plus important aujourd’hui est que tu es dans le moment présent, plus rien d’autre n’existe, c’est un focus maximum, on est tous connectés. Et c’est tout. Rien d’autre n’existe !
- Pour terminer, quels sont vos intentions et vos objectifs pour la fin 2022 et 2023 ?
On termine notre grosse tournée européenne avec notamment notre dernier EP sorti en mars 2022 « What The French » sur lequel on a rencontré plein de « p’tits jeunes » à qui on a tendu la main pour monter un projet commun. Il y a beaucoup trop de gens en compet qui se tirent dans les pattes, nous on veut faire les choses ensemble. On est dans la position aujourd’hui où on peut se permettre de prendre notre lumière et de la mettre sur d’autres personnes. C’est un truc qui nous tient à cœur, c’est ce qu’on défend en ce moment après avoir passé presque 20 ans à arriver aujourd’hui à faire ce qu’on a vraiment envie de faire. On passe aussi pas mal de temps en studio et des singles vont continuer à sortir, planifiés sur tout le restant de l’année.
- Donc 2023, des nouveaux singles et un nouvel EP et 2024 vous faites tout péter pour vos 20 ans de carrière ? C’est tout super tout ça ! On va suivre cela de près. Merci Pitchin et Charly et à bientôt les gars.
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