[Live] DIIV au Trabendo

Au début de l’année, DIIV avait déjà marqué le coup avec “Is the Is Are”, nouvelle œuvre très longue et oppressante, mais à la force mélodique indéniable. Une des plus belles réussites de 2016 qu’il nous tenait à cœur de voir sur scène, et nous n’avons pas été déçus le 27 septembre dernier au Trabendo.

DIIV © Cedric Oberlin
crédit : Cedric Oberlin

Cette année, les plus belles mélodies de surf music se sont données rendez-vous sur “Is The Is Are”, deuxième album des Brooklynois de Diiv. Après un premier passage à la Flèche d’Or en juin dernier, les Américains menés par Zachary Cole sont revenus jouer au Trabendo presque en intégralité ce disque interminable de 17 titres. La setlist étant complétée par « Oshin », premier long format sorti en 2012. Les 700 Parisiens venus assister au concert ont été comblés par près de deux heures d’une performance à la fois dansante et psychédélique. Comme à son habitude, le quintet se produit fringué à la cool, avec une allure de « slacker » new-yorkais qui n’aurait rien à envier à Mac DeMarco : casquettes, baskets, t-shirts et pantalons aux faux airs de pyjamas. Derrière eux, les musiciens du groupe ont dressé une toile où sont projetées les images de vie de tournée prises à l’arrache ; l’occasion de glisser quelques clins d’œil à Angel Olsen et Sky Ferreira tout en jouant leurs tubes dopants ou shoegaze.

Dès les premiers grésillements de cordes, le concert s’apparente à une grande messe brooklynoise très intense, à l’image de sa foule en délire qui recherche les « high five » avec le chanteur. Ce public omniprésent devient même acteur du show après chaque chanson jouée dans l’euphorie collective, en interpellant sans cesse le groupe pour lui imposer le titre suivant, et frôle l’hystérie quand sa volonté est faite. Ce n’est malheureusement pas toujours le cas : on apprend ainsi que le titre d’ouverture du nouvel album « Out Of Mind » leur paraît « injouable » et « sonne horriblement mal sur scène », s’esquivant donc à chaque fois sur leur setlist malgré les prières instantes de la fosse. Zachary Cole joue de cette proximité pour jouer les prêcheurs : « J’aimerais ici pouvoir partager les erreurs que j’ai faites dans ma vie, pour que personne ne reproduise les mêmes », lance-t-il entre deux chansons dans un discours évoquant son douloureux passé lié à la drogue.

L’ambiance festive est complétée par la présence de proches et admirateurs du groupe, à l’image de la chanteuse de Sunflower Bean, Julia Cumming, venue slamer sur l’ultime morceau du soir ou de Soko qui n’a pas voulu manquer l’occasion de se défouler entre deux journées promo pour son film « La Danseuse ». « C’est notre concert le plus bizarre », tente plusieurs fois de décrire le leader du groupe, soulignant que jouer à Paris réserve toujours des surprises ; le rendez-vous spécial de leur tournée européenne en quelque sorte. S’il y a bien un point commun à tous leurs concerts en tout cas, c’est la manière dont leurs guitares mettent le public dans une transe irrésistible.

La pop obsédante des New-Yorkais a, dans ce contexte, encore fait mouche, sans longueur, portée par des titres le plus souvent courts et efficaces malgré quelques pauses plus sombres et planantes (« Waste Of Breath »), toujours très mélodiques et jouant avec la voix nonchalante du chanteur et de séquences instrumentales à trois ou quatre guitares entrelacées.

Fans d’« Oshin » ou de « Is the Is Are » se sont tous retrouvés dans un concert exaltant et équilibré où des vieux sons très appréciés tels que les indétrônables « Oshin » et « Doused » ont croisés les plus récents « Mire (Grant’s Song) » et « Under The Sun ». Nous avons même droit à quelques exclus tels que le jouissif « Yr Not Far », sorte de point d’orgue mélodique du dernier album. Ce n’est pas vraiment l’avis de Zachary Cole qui déclare ne jamais le jouer : « C’est la chanson de DIIV que j’apprécie le moins. » Si on ne peut que très difficilement être d’accord avec lui, le guitariste va heureusement mettre beaucoup plus de cœur sur d’autres titres de son répertoire dream pop ou surf, à l’image du rêveur « Healthy Moon » ou du tube pop « Dopamine ». De quoi nous confirmer que DIIV nous a livré un des plus beaux efforts de cette année, même si à l’image de ce concert étendu, il n’est pas le plus aisé à digérer.


Retrouvez DIIV sur :
Site webFacebookTwitter

Photo of author

Charles Binick

Journaliste indépendant, chroniqueur passionné par toutes les scènes indés et féru de concerts parisiens