Rencontre avec Deportivo

Deportivo sort aujourd’hui son quatrième album studio « Domino » et fête au passage ses dix ans, partagés entre les albums et les tournées. indiemusic en a profité pour revenir sur la carrière du trio rock arcysien et leur relation à la scène. Il seront en concert ce vendredi dans le cadre du MaMA. Rencontre.

crédit : Yann Buisson
crédit : Yann Buisson
  • Bonjour Deportivo, vous avez toujours existé en formule à trois. Quand il a fallu attaquer la composition de votre nouvel album « Domino », comment avez-vous travaillé ensemble ?

On a travaillé avec l’urgence et la liberté qui ont découlé de deux événements combinés : la séparation d’avec notre maison disque et la fin de notre résidence au Point Éphémère.
Nous avons pris tout notre matériel et nous nous sommes installés dans la maison d’un ami près de Quimper. C’est là-bas que nous avons composé « Domino », en plusieurs sessions.
Le point de départ des chansons a souvent été des rythmes ou des riffs qui nous semblaient intéressants et inédits pour Deportivo.
Nous avons aussi intégré un clavier dès la composition, un GEM prêté par un autre ami, Turzi, dont le son nous a tout de suite beaucoup plu, et qui se retrouve tout au long de l’album.

  • Votre groupe fête cette année dix ans de carrière. Les avez-vous senti passer ou finalement, entre les concerts, les tournées et les passages en studio, tout est allé très vite.

Les deux ! C’est vrai que cela fait presque dix ans que « Parmi Eux » est sorti. Chaque album, et la tournée qui s’en suit sont une nouvelle aventure qui laisse sa trace.
On prend les choses comme elles viennent, même si l’expérience nous permet aujourd’hui d’anticiper un peu plus.
C’est vrai que le temps file, mais l’heure est plutôt à l’excitation de la sortie de notre nouvel album qu’à la nostalgie.

  • Vous avez connu le succès dès votre premier album « Parmi Eux » dont le titre éponyme est d’ailleurs celui auquel on associe le plus souvent le groupe. Comment avez-vous géré les comparaisons et les attentes vis-à-vis des albums qui s’en sont suivi ?

Ce sont toujours nos attentes et nos envies que nous avons considérées en composant nos chansons et chacun des disques qui ont suivi « Parmi Eux ».
Le deuxième disque est plutôt dans la même ligne. Pour « Ivres & Débutants » nous avions une envie délibérée de nous « perdre » et de changer nos habitudes, en utilisant tous les outils possibles pour y arriver.
Nous savions que ce disque allait être pris entre « c’était mieux avant » et « c’est toujours pareil », selon les avis.
Sur « Domino », on a vraiment le sentiment d’arriver a un son et des couleurs que nous recherchions.

  • Avec votre nouvel et quatrième album « Domino », vous semblez plus que jamais revenir à vos premiers amours musicaux. Autrement dit, on a plus que jamais l’impression d’entendre la suite de « Parmi Eux ». Partagez-vous ce sentiment ? 

Deportivo - Domino

Domino résulte d’une suite assez logique des disques précédents. Nous voulions retrouver l’énergie de « Parmi Eux », et le son qui allait avec, tout en gardant la sensibilité et musicalité d « I&B ».
Nous avons décidé d’appeler Arnaud Bascuñana qui avait enregistré et mixé « Parmi Eux » pour travailler avec lui sur ce nouvel album.
C’est en vivant les expériences des trois premiers albums qu’on est arrivés à ce résultat, qui nous plaît bien.

  • Deportivo se caractérise par du rock chanté en français. Pourtant, on trouve quelques titres en anglais sur vos albums (« I Might Be Late » sur Deportivo, « Wait A Little While » sur Parmi Eux ou encore « Both On The Same Boat » sur Domino) sans compter les passages en anglais au sein de vos titres (comme sur « Domino »). Avez-vous déjà eu la tentation de consacrer un album entier à la langue anglaise ?

Nous ne nous interdisons rien. Tout est envisageable. Mais il est certain qu’il est plus facile d’écrire et chanter en français qu’en anglais. L’anglais demanderait beaucoup plus de travail. L’anglais est la langue que Jérôme utilise au quotidien pour parler avec sa copine,  donc tout est possible.

  • Quand il s’agit d’écrire une nouvelle piste, est-ce la composition instrumentale ou les textes qui vous demandent le plus de patience et de réflexion ?
crédit : Yann Buisson
crédit : Yann Buisson

Pour ce disque, les rythmes et les mélodies ouvraient la voie. Les premières idées sont souvent décisives et nous aimons aller vite dans les premières intentions d’une chanson.
Ensuite, ce sont des aller-retour entre les textes et la musique, jusqu’à obtenir la meilleure version possible. Et le texte le plus abouti.
Le même soin est apporté à l’enchainement des morceaux sur le disque.

  • Quand on se penche sur votre discographie, vos albums durent -presque tous, à l’exception d’Ivres et Débutants,- une trentaine de minutes. « Less is more » est-il d’une certaine façon votre credo ?

Cela vient surement de notre façon de travailler. Et de notre préférence à « rester un peu sur sa faim » plutôt que du trop-plein.
Une bonne chanson nécessite rarement dix refrains à la fin. Nous essayons d’arriver à la version la plus évidente. Mais certaines versions live peuvent s’affranchir de ça et s’allonger.
Aussi, nous avons toujours eu un faible pour les albums qui peuvent s’écouter d’un trait.

  • On parle régulièrement de vous comme d’un groupe de scène. Quelle relation cherchez-vous à créer avec votre public en concert ? 

Depuis le départ, nous envisageons Deportivo par la scène.
Il y a parfois un véritable échange en concert, un bordel assez joyeux, et un moment de liberté pour tout le monde.
Notre répertoire s’allonge et nous avons hâte de jouer ces nouveaux morceaux.

  • Le live est-il pour vous un moyen de dépasser, de vous libérer des versions studio de vos titres ? De proposer une autre lecture de vos morceaux ?

En fait, les morceaux sont joués dans des versions assez proches des versions du disque. La recherche ayant été faite en studio.
C’est aussi pour ça que nous sommes cinq sur scène à présent. Mais il n’y a pas de règles, et une chanson peut évoluer en cours de tournée.
Les concerts sont surtout le plaisir de jouer et de voir ce qui va se passer, on est toujours attentifs aux accidents et aux imprévus que le live peut déclencher.

  • Quels sont vos meilleurs souvenirs d’expériences de concerts ?

Il y en a beaucoup, ils sont souvent associés au contexte, la première fois que nous avons joué à « La Cigale » a été un très bon moment par exemple.
Nous avons de bons souvenirs de petites salles ou de très grandes scènes.
On est chanceux de pouvoir voyager et faire des rencontres, grâce à notre musique.

  • « Domino » sort aujourd’hui, lundi 14 octobre chez HYP et Titanic Records. Le hasard vous a-t-il conduit à ce titre d’album ou ce titre s’est-il imposé pour d’autres raisons ?

Le titre fait allusion à la suite d’évènements survenus pendant la création de « Domino » et qui ont influencé notre façon de travailler et nos envies.
Il évoque aussi les répercussions de tout ce que nous avons fait jusque-là, sur nos autres albums. Et puis il comprend l’idée de jeu qui nous semble importante.
Nous sortons ce disque en autoproduction, sur notre propre maison de disque « Titanic Records », nous nous sommes beaucoup investis dans toutes les étapes de sa réalisation.

  • Vous jouerez ce vendredi 18 octobre au Backstage du bar O’Sullivans dans le cadre du MaMA. Quelle opportunité voyez-vous derrière cette participation à l’événement ?

C’est un quartier que nous aimons, nous allons présenter « Domino » à notre public parisien.
C’est un lieu et une configuration qui se prête plutôt bien à des concerts vivants et excitants.
C’est notre première participation au MaMA.

crédit : Yann Buisson
crédit : Yann Buisson
  • Merci beaucoup à vous trois et bonne chance avec la sortie de « Domino » !

Merci !

« Domino » de Deportivo, disponible depuis le 14 octobre chez HYP et Titanic Records.

facebook.com/deportivomusic
deportivo.fr

Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques