[EP] Dead Chic – The Venus Ballroom

Il avait suffi du single « Too Far Gone » début 2022 pour activer les voyants d’alerte des radars de la rédac’ indiemusic, pour le groupe Dead Chic. Fruit de la rencontre entre le guitariste français Damien Félix et le chanteur et guitariste anglais Andy Balcon, l’alchimie musicale de cette alliance énergique et inspirée est la voie d’une expression musicale vibrante, tonique et diablement incarnée. C’est d’ailleurs une solide bande de bandits de grand chemin (rock bien sûr !) qui est allée au printemps 2022 enregistrer un EP dans le studio Black Box près d’Angers, référence dans le milieu indé, drivé par le remarquable Peter Deimel. Ce format court construit une sorte de périple western imaginaire, où les aventures se succèdent comme autant de mini courts-métrages sonores, révélant au grand jour la dynamique tonitruante de ce combo pas comme les autres.

Du début à la fin, la mécanique narrative épique de cet EP intrépide est la source d’un plaisir ininterrompu, renouvelé et jouissif. Avec « You Got It », Dead Chic rentre dans le vif du sujet, sans pour autant ouvrir toutes les vannes. Le rhythm’n’blues reprend ici des couleurs, et rappelle à son petit frère, le rock’n’roll, qu’en matière de sauvagerie, de sorcellerie, qui est vraiment le patron ! L’intention passe en effet par une puissante implication physique dans la musique, de quoi ressentir dans chaque note, la sueur, la bave… des membres du groupe. À l’intérieur de la cavalcade frénétique qui suit, « The Belly of the Jungle », le chanteur Andy Balcon se transforme en prédicateur inquiétant et sauvage, professant son prêche intense et rock’n’roll, quelque part entre Mick Jagger, Tom Waits et Mike Patton. Il nous invite à rejoindre son inquiétante maison, symbole des dérives du monde moderne, pour danser pour lui, telles des marionnettes. L’instrumentarium du combo est ici marqué par le son envoûtant de l’orgue Farfisa, au point de rappeler les passages les plus enlevés de feu La Mano Negra ! L’intro des « Fleurs séchées » (marqué cette fois-ci par les sonorités de l’orgue Hammond) commence comme une sorte de clin d’œil (très réussi et surtout magnifiquement bien senti) au « Red Right Hand » de Nick Cave, devenu le générique immanquable de la série Peaky Blinders.

Dans la plupart des cas, ce genre d’exercice de style ne dépasse pas le cadre de l’anecdote, mais avec Dead Chic, tous les prétextes sont bons pour réveiller les fantômes des grands anciens (de Screamin’ Jay Hawkins en passant par les Creedence Clearwater Revival, de Dr. John au Gun Club…) et lancer la grande danse du sabbat. Le quatuor se permet d’ailleurs le luxe d’enquiller avec un interlude instrumental cinématique, qui ouvre les espaces comme les chakras, avec simplement un peu de réverb’, d’électricité et de vibrato.

crédit : Mathilde Dupanloup

Mais bien que le tracklisting avance, nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Un souffle mariachi imprègne l’envolée lyrique héroïque de « Ballad of Another Man », un peu comme si Calexico voulait reprendre un morceau de The Hives, en gardant l’esprit de son album « The Black Light », métaphore qui vaut ce qu’elle vaut, mais a le mérite de souligner une nouvelle fois l’intensité démentielle que met Dead Chic dans sa musique.

Comme dans bon nombre de films de western, l’intrigue se conclut sur une phase plus mélancolique, plus réflexive, où le héros, éloigné de l’action, repart tel un « lonesome cowboy » vers d’autres aventures. Mais en route, fatalement, il se retrouve seul face à ses démons (« Good God »). Dead Chic s’apprête d’ailleurs à prendre la route, et donne rendez-vous à tous les desperados de France et de Navarre pour une tournée qui s’annonce explosive, à commencer par la release party commune avec les non moins géniales Kill The Pain, le 8 juin prochain au Backstage By The Mill. C’est d’ailleurs au moment de faire escale au Novomax dernièrement, que la bande en a profité pour saisir en vidéo toute la vérité de l’instant live qui est la leur, délicieuse incarnation du morceau « You Got It », à découvrir aujourd’hui.

« The Venus Ballroom » de Dead Chic est disponible depuis le 24 mars 2023 chez Upton Park.

Concerts à venir : le 10 juin à Valentigney (25), le 7 juillet à Saint-Péray (07), le 27 juillet à Plouha (22), le 18 août à Cuisiat (01), le 27 octobre à Lons-le-Saunier (39) et le 2 novembre à Anglet (64).


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Laurent Thore

Laurent Thore

La musique comme le moteur de son imaginaire, qu'elle soit maladroite ou parfaite mais surtout libre et indépendante.