[EP] Dangerfields – Embers

Rendre le shoegaze accessible à tous ceux qui pensent encore qu’il s’agit d’une musique simplement réservée aux trips solitaires de nuits sans sommeil ; c’est le défi que s’est lancé Dangerfields et qu’il relève avec brio et un talent incroyable.

Dangerfields - Embers

L’Afrique du Sud n’est pas forcément connue pour sa production musicale pourtant riche. En effet, qui peut affirmer avec certitude, par exemple, que le rock trouve de nouveaux repères dans ces contrées lointaines et souvent oubliées de tout mélomane qui se respecte ? Ainsi, on est toujours surpris de découvrir de nouvelles formations prometteuses comme, aujourd’hui, Dangerfields ; quatre garçons originaires de Cape Town et qui ont décidé de montrer que le shoegaze pouvait être autre chose qu’un simple art de la contemplation et du repli sur soi. En ouvrant celui-ci à des harmonies accessibles et sensibles, le projet nous offre, avec « Embers », un disque aérien et chaud, réconfortant et confortable. Sans oublier un semblant de mélancolie portant une production irréprochable et aussi universelle qu’enivrante.

Dès les premiers balbutiements du bien nommé « The Trip », le groupe ancre ses mélodies dans un carcan rock éthéré et lent, posé et subliminal. Les images défilent devant nos yeux, toutes plus vaporeuses les unes que les autres, faisant travailler notre imagination pour trouver, en notre for intérieur, les clichés existentiels qui pourront illustrer la psyché de ces compositeurs décidément hors norme. Mais, avec « Haze », la musique devient enivrante et dynamique, tel un mantra qui fédère chacun d’entre nous et nous laisse pantois, tout en s’incrustant dans nos esprits et en les faisant communiquer les uns avec les autres. Fédérateur et chargé d’un spleen remarquable et profond, « Bombs » lâche des décharges puissantes qui sont autant d’éclairs aveuglants sur des terres abandonnées ; une complainte dopée à l’adrénaline, à la sueur et au sang. « Burn » se veut plus posé et suggestif, reposant nos neurones déjà hypnotisés et possédés. « The Daylight », aube bienvenue après cette nuit de rêves brûlants et merveilleux, nous éveille en douceur, achèvement d’un sabbat où chacun a été convié et y a laissé un peu de soi, par volonté mais également sans pouvoir résister.

« Embers » charrie ses notes et charmes tout au long d’une promenade au bord des falaises, alors que l’on se sent pousser des ailes et attiré par le vide. En allant droit à l’essentiel dans sa démarche, Dangerfields dépasse tout ce que l’on peut espérer du shoegaze, ornant parfois ses atouts d’arrangements délicats et ténébreux, mais surtout abordables pour le commun des mortels ; celui-là même qui, sans comprendre ce qui lui arrive, s’immerge dans ces chansons de la peine et de la lumière. Dans cette inquiétante étrangeté, le songwriting contemplatif de Lucas Swart fait des merveilles, se montrant tour à tour humain, à fleur de peau et intime. Au final, l’auditeur voyage au cœur de titres réfléchis et émouvants, éprouvants parfois, mais toujours justes et magnifiques. Nul doute que le quatuor sud-africain a de beaux jours devant lui ; en tout cas, on ne peut que compter sur ses performances futures, que l’on attend avec autant d’impatience que de fébrilité.

crédit : Mark Reitz
crédit : Mark Reitz

« Embers » de Dangerfields est disponible depuis le 24 juin 2016.


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Raphaël Duprez

En quête constante de découvertes, de surprises et d'artistes passionnés et passionnants.