Daft Punk – Random Access Memories

Comment ça indiemusic critique un disque bien loin de la musique indépendante ?
C’est simple ! Avant de parler de musique indépendante, nous parlons de disques auxquels nous sommes sensibles et qui font l’actualité.
C’est donc dans un premier temps avec un dédain assuré que je me mets à l’écoute du nouvel album de Daft Punk. Je n’ai en effet jamais porté le duo haut dans mon cœur, d’autant plus que la campagne de communication autour de « Random Access Memories » fût pour le moins écœurante.

Daft Punk -  Random Access Memories

En effet, cette promotion a réellement su attiser une sorte de désir, de besoin, qui à mon sens est très représentatif d’une forme de consommation sauvage inhérente au contexte socioculturel actuel ; on avait le sentiment de traverser les pubs coupant un film de TF1, et ce, absolument partout. Nous allons tenter de faire la part des choses à travers une critique absolument objective et uniquement musicale, sans prendre en compte le passé du groupe que je connais mal et dont je ne vénère pas les prouesses.

C’est quelques semaines après un « Get Lucky » absolument léché et estival que Daft Punk dévoile Random Access Memories. Ce titre semblait montrer la ligne directrice du disque et également ses contrariétés. En effet, Daft Punk relançait la mode du disco en l’actualisant grâce aux codes de culture pop des années 2000 dont Pharell est un fervent (mais crédible) représentant. On obtient ainsi avec « Get Lucky » un disco efficace, décevant cependant tant la chanson se base sur les gimmicks vocaux de Pharell et non sur une structure riche et une composition luxuriante.

Pourtant, à l’écoute de « Give Life Back To Music » qui ouvre l’album, un sentiment d’excitation naît. L’introduction du morceau prend définitivement l’auditeur et le soumet à ses 4 minutes 30 de disco à la fois kitsch, mais délicieux. Tous les thèmes et harmonies sont distillés au compte-goutte et parfaitement mesurés : on obtient au final un morceau mélancolique à la fois tourné vers le passé, et le futur.
C’est le fil d’Ariane de l’album finalement, cette sensation de faire du neuf avec du vieux.

Mais ça se gâte avec « The Game Of Love » qui pour le coup vire trop vers un mauvais goût un peu trop prononcé. Cependant, on peut vite passer du mauvais goût dégoûtant au plaisir coupable tant cette chanson (comme tout l’album) rappelle à un imaginaire de science-fiction populaire.
Confirmation avec le morceau « Giorgio By Moroder » où la légende du disco et producteur du cultissime « I Feel Love » de Donna Summer participe au morceau le plus ancré dans le passé. Ces 9 minutes de disco aérien sont tout simplement délicieuses et captivantes au sein desquels Moroder rappelle ses souvenirs des différentes périodes de la musique, années 60, 70, 80. On est touché par ce récit, et au final le concept est génial et très novateur et représente vraiment ce disque. C’est un disque d’amoureux de la musique, prétentieux, certes, mais pas tant que ça. On a vraiment là un disque de pop universel lorsqu’on accepte la pop culture de ce demi-siècle dernier.

Aussi, le disque est parfois bancal. Un paquet de morceaux ne sont pas à la hauteur, je pense notamment à « Within » dont trop de glucose semble s’échapper des mélodies. Cependant, ces instants gênants sont vite oubliés avec des monuments tel un « Touch » partant dans tous les sens avec son déluge de cordes et d’arpeggiator.

Daft Punk

Pour finir, Random Access Memories fait désormais partie du public et chacun est libre de faire ce qu’il veut de ce disque. Je vois personnellement ce disque comme le témoignage de deux épris d’une certaine époque de la musique et de certaines émotions. On peut se dire que ce n’est plus Daft Punk, et c’est vrai, mais est-ce grave ? Tout comme cette surcommunication, est-elle vraiment grave ? Tout cela se termine par un très bon disque de pop mélancolique et tendre créé par des musiciens que l’on aime. C’est vrai, qui n’aime pas Pharell ?

« Random Access Memories » de Daft Punk, sortie le 21 mai chez Columbia et déjà en écoute intégrale sur itunes.com/daftpunk.

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Maxime Dobosz

chroniqueur attaché aux expériences sensorielles inédites procurées par la musique