[LP] Ciaran Lavery – Let Bad In

Sa barbe rousse ne cache pas les origines de l’Irlandais Ciaran Lavery. Ce lointain cousin, au moins aussi torturé que lui, d’un certain James Vincent McMorrow, dévoile avec précaution ses fragiles intentions dans un second album pop majestueux.

Ciaran Lavery - Let Bad In

Trois ans après un formidable premier long format, « Not Nearly Dark », dans un genre alt-folk qui lui sied à merveille et qui nous familiarisait déjà avec sa voix doucereusement écorchée digne d’un James Morrison (encore un), Ciaran Lavery étaye un peu plus ses aspirations poétiques comme une conversation intime, mais qui n’attend que l’approbation d’une audience silencieuse. En se risquant à l’abandon du confort paisible d’un rapport privilégié avec son instrument de prédilection, le chanteur de Glasgow se découvre de nouvelles sensations, de nouvelles émotions dans « Let Bad In », où la guitare n’est plus la seule corde sensible à porter ses histoires personnelles.

Le piano solennel de « Sonoma » pose l’ambiance ; celle de la confidence, avant de dévoiler sous un nouveau jour sur « Okkervil River », – bien plus qu’une référence à la pop admirable du groupe texan -, son indicible univers partagé entre une quête d’authenticité et une volonté descriptive pour mieux nous embarquer dans son récit.

Ciaran Lavery parle de ce nouvel album comme de « dix chansons autour de l’innocente nostalgie de la jeunesse et du présent, où je partage ma vision des choses, des évènements que prévois d’affronter. » Sa passion du récit transpire au cœur de son propos, comme celui d’une aventure personnelle, parfois même d’une épreuve, tant la prise de risque, la zone de confort de son précédent opus semblent balayées au fil des pistes.
L’émotion du songwriter irlandais est fort heureusement sauve à travers ses nouveaux habits orchestraux, dans ce « Let Bad In » qui émeut autant par sa proximité recherchée avec l’auditeur que par la richesse de ses arrangements inédits.

Nous nous plairons à vivre l’album comme ces films dramatiques qui questionnent tant sur l’humain ; à frissonner à l’écoute du déchirant « Return to Form » à l’enveloppe instrumentale menue et distante, le laissant presque à nu face à nous ; à trembler d’émoi sur le quasi-guitare-voix bouleversant de « Tell Them All » ; ou à nous recueillir, pensifs et silencieux, sur l’a capela sidérant de « Let Bad In », à l’intensité digne d’un « Hallelujah ».

En réponse à ses aspirations americana folk, Ciaran Lavery nous offrira les beautés rêveuses de « Blood Red Fist » et celles, plus sauvages, de « Failing Light », entrecoupant la délicate et précieuse ballade pop « Wilder », avant de nous offrir une conclusion à la hauteur de son récit à bord d’un « Train », en partance pour l’inconnu ; dernière conversation ou retrouvailles chaleureuses et toujours si intimistes entre l’homme et sa guitare.

Ciaran Lavery

« Let Bad In » de Ciaran Lavery, sortie le 27 mai 2016 chez Believe Recordings.


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Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques