[LP] Charlotte Gainsbourg – Rest

Charlotte Gainsbourg sait s’entourer. Après deux albums réalisés respectivement par Air et Beck, elle nous revient accompagnée de SebastiAn, talentueux producteur français au CV hors norme (Daft Punk, Frank Ocean, Woodkid). Ailleurs, on retrouve Guy Manuel de Homem-Christo, Connan Mockasin, l’excellent Owen Pallett aux arrangements (Arcade Fire) et un certain Paul McCartney.

« Rest », produit et réalisé en grande partie par SebastiAn, est un tour de force musical. Sur l’instrumentation électronique et éclectique du producteur français, Charlotte Gainsbourg vient poser sa voix subtile et délicate que l’on connaît si bien. Les mélodies sont accrocheuses, et les paroles, étourdissantes d’honnêteté. Elle y évoque le souvenir toujours aussi intense de son père, la récente perte tragique de sa sœur Kate et fait face à ses propres démons. L’album est une sorte d’exorcisme romantique. Là ou « 5:55 » et « IRM » étaient plutôt classiques dans leur esthétique, « Rest » propose une vision plus unique et innovante. Comme si Gainsbourg avait réussi à traduire ses films (notamment ceux avec Lars Von Trier) en musique.

« Laisse moi donc penser que j’étais seule à t’aimer » chante-t-elle sur « Lying With You », dans laquelle elle revisite le moment où elle a vu son père mort alors qu’elle n’avait que 19 ans. Charlotte Gainsbourg est de celles et ceux qui ont toujours été présent(e)s dans nos vies, que l’on a vu grandir année après année. « Rest » est son album le plus fort et intense depuis le titre provocateur « Lemon Incest », composé par son père. Là où Gainsbourg ne fait pas dans la provocation pure sur ce nouveau disque, on ressent un certain inconfort à l’écoute de ces morceaux.

L’une des grandes réussites de ce cinquième album est le single « Deadly Valentine », sorte d’ode étrange au mariage qui sonne comme une menace. « You are my thing, I’m my own shadow » ; ou comment deux êtres se perdent sans limites, l’un dans l’autre. À noter également, l’excellent clip réalisé pour accompagner le titre.

L’ultime chanson, « Les Oxalis », voit Charlotte Gainsbourg visiter la tombe de sa sœur Kate. Le rythme disco enjoué est en contraste direct avec le contenu des paroles ; une forme d’émancipation de la douleur par le son. Si on sait lui donner le temps et l’attention qu’il demande, on ressort de ce disque secoué. « Rest » est une vraie belle œuvre musicale, unique en son genre, et qui ne pâlit pas de la comparaison avec certains disques de son illustre père.

crédit : Collier Schorr

« Rest » de Charlotte Gainsbourg est disponible depuis le 17 novembre 2017 chez Because Music.


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Brice Detruche

Musicien et journaliste indépendant, passionné par les découvertes musicales inattendues.