La première écoute d’un album de Cage The Elephant est toujours une expérience assez excitante. Le précédent opus, « Melophobia », sorti fin 2013, regorgeait de surprises et d’inventivité sur chaque piste. Un disque que nous découvrions en nous demandant à chaque chanson comment le groupe du Kentucky allait encore nous étonner. Leur nouvelle livraison, « Tell Me I’m Pretty », est du même acabit.
Sur le quatrième album des Américains, nous retrouvons donc un groupe capable de tout, et surtout du meilleur, comme partir dès la fin du morceau d’ouverture, « Cry Baby », sur un blues de quarante secondes qui disparaît en fade out de façon aussi surprenante qu’il est apparu.
Les gars sont épaulés à la production par Dan Auerbach des Black Keys. L’autre parrain du rock US (avec son ennemi intime Jack White) montre, après son travail excitant sur le second album de Lana Del Rey, qu’il gère toujours aussi bien son affaire, proposant une fois de plus une production ample et pleine d’espace.
L’influence qu’il peut avoir sur Cage The Elephant se ressent clairement par moments, notamment à travers l’atmosphère garage rock qui plane sur « Mess Around », le premier single extrait de « Tell Me I’m Pretty ».
Mis à part cette tentative, le reste du temps, le quintet indie rock développe clairement sa personnalité et sa patte. Nos pachydermes préférés s’emploient ici à trousser de belles mélodies pop en essayant d’enrober le tout d’arrangements créatifs. Cela se ressent nettement et s’avère d’autant plus apaisé. Ainsi, le disque compte de nombreux morceaux très doux, comme l’aérien « Trouble » ou le fondant « Cold Cold Cold », où la guitare hyper mélodique a cette agréable tendance à répondre à la voix.
Le timbre haut perché de Matt Shultz est ici toujours une vraie surprise. Capable de nous réserver des chœurs ravageurs ou de finir ses phrases dans des aigus inattendus, il est le pendant vocal de son groupe d’aventuriers mélodiques.
https://youtu.be/Ehm2SUYQbQI
Outre le single, nous retrouvons également, sur « Tell Me I’m Pretty », des accents plus garage, comme sur le titre final, « Portuguese Knife Fight », qui, avec son riff et son chant menaçant feraient penser aux Stooges sous weed. Se font également sentir des hommages au rock anglais, sur lesquels plane le fantôme T. Rex. Une classe aux accents britanniques que nous retrouvons sur la doublette « That’s Right » et « Punchin’ Bag ».
L’album change donc tout le temps ; mais c’est là où Cage The Elephant est fort, car il le fait sans jamais se dépareiller d’un socle et d’une identité forts.
« Tell Me I’m Pretty » est un disque qu’on pourrait qualifier de réconfortant, la preuve qu’un rock classique à guitares a encore des choses à dire ; même si, pour cela, il doit redoubler de créativité.
« Tell Me I’m Pretty » de Cage The Elephant est disponible depuis le 18 décembre 2015 chez RCA Records.
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