Dans l’intimité de Buridane

Avec son premier album « Pas fragile », Buridane a révélé son talent de chanteuse française aux textes sensibles et personnels. C’est un moment avec cette musicienne passionnée que je partage avec vous aujourd’hui sur indiemusic. Bonne rencontre avec Buridane.

  • Bonjour Buridane, comment veux-tu que l’on s’adresse à toi ?

Je prends le nom de Buridane pour monter sur scène, pour parler de ma musique, de mes chansons, pour vous rencontrer. Par contre, j’accepte tous les diminutifs ridicules ! Bubu, Bube, Buri…

  • Parlons un peu de ton premier album « Pas fragile » qui est sorti le 1er octobre. Ton projet existe depuis maintenant deux ans et ce n’est qu’aujourd’hui, après et avec une signature chez Believe que tu sors un premier album. Pourquoi avoir attendu tout ce temps ?

Le projet existe depuis quatre ans, vous allez trouver ça encore pire ! J’ai commencé la musique il y a quatre ans, et il n’aurait pas fallu moins de temps pour apprendre à jouer, à chanter, pour écrire des chansons, bien les choisir pour l’album afin de pouvoir les assumer dans les années à venir, pour trouver les bons musiciens, pour faire des concerts et construire ce projet grâce à la scène et au public, mais aussi pour trouver des partenaires et un label qui aiment sincèrement le projet et qui se donnent les moyens de faire avec lui du « développement durable ». On est habitué à ce que tout aille vite, très vite. Quatre ans, je ne trouve pas ça long. Il faut beaucoup de travail, de patience. Quand on plante une graine, l’arbre n’est pas là le lendemain au réveil…

  • Depuis la sortie de ton album, quels sont les retours sur ton disque qui t’ont apporté le plus de satisfaction ?

Quand on me dit que je ne me suis pas perdue, que ce disque me ressemble (pour ceux qui suivent le projet depuis le début et qui ont connu l’époque du guitare-voix).

  • Je trouve que ton album a, à la fois, un côté à fleur de peau et un côté détaché, comme si tu cherchais à évacuer des événements plus ou moins personnels et comme si les jouer te permettait de prendre du recul dessus. C’est juste ?

C’est très juste ! J’essaye d’évacuer mes émotions, mes questionnements, en écrivant des chansons. Et c’est justement parce que cela devient des chansons qu’un détachement est soudain possible. Ces émotions se partagent, elles ne m’appartiennent plus, elles sont sublimées, et je suis sortie de l’exclusivement personnel.

  • Tu as écrit et composé les morceaux de ton album. Qu’est-ce qui, par exemple, t’a inspiré la chanson « Parfois on recule » ?

Mes nombreuses trouilles qui parfois m’ont empêchée d’avancer. Par peur de perdre, par manque de confiance. Cela parle de la difficulté à faire des choix, à s’engager dans une direction en acceptant de renoncer à l’autre. Ça parle de prise de risque. Nous n’avons aucune certitude, nous ne savons jamais où le choix que nous avons fait nous mènera. Je porte bien mon nom ! (en référence à l’âne de Buridan, qui s’est laissé mourir de faim entre un seau d’eau et un seau d’avoine parce qu’incapable de savoir par lequel des deux il allait commencer).

  • Quels sont les sujets quotidiens à même de te pousser à l’écriture d’un morceau ?

Ce sont plutôt les choses impalpables qui me poussent à écrire. Les questions qu’on a dans la tête, qui nous traversent ou nous obsèdent. Je crois que j’écris pour comprendre comment nous fonctionnons à l’intérieur (ou tout du moins comment moi je fonctionne !), pour déterrer ce qui est caché. J’aime analyser, décortiquer nos intérieurs et essayer de décrire ça le plus justement possible. Chercher la vérité.

  • Tu as travaillé avec Pierre Jaconelli sur cet album. Quand on connait les artistes connotés variété française de Pascal Obispo à Calogero en passant par Johnny Hallyday et Garou avec qui il a enregistré auparavant, comment as-tu défendu tes choix musicaux pour qu’au contraire cet album sonne certes pop par moments (notamment sur le single Badaboom) mais ne tombe pas dans le « piège » d’une musique trop formatée et trop lisse ?

Pierre Jaconelli ne m’a pas été imposé. Nous avons fait un essai ensemble et  nous nous sommes choisis. Je n’ai pas eu à défendre mes choix musicaux. Il a tout de suite compris ce que je voulais et s’est mis complètement au service du projet. Très attentionné, très à l’écoute, il a donné aux chansons quelque chose de solaire. C’était à la musique de souligner la lumière et l’énergie qu’il peut y avoir dans mes chansons.

De gauche à droite : Sylvain Ferlay, Buridane, Daniel Jea et David Granier.
  • On oublie parfois trop les musiciens avec qui tu as préparé cet album et avec qui tu partages la scène. Peux-tu me les présenter en quelques mots et me parler de leur engagement au sein de ton projet ? D’ailleurs, question subsidiaire, considères-tu Buridane comme un projet solo ou un groupe ?

Depuis deux ans maintenant, je travaille avec David Granier (batterie), Sylvain Ferlay (basse) et Daniel Jea (guitare électrique). Grâce à eux j’ai beaucoup progressé, gagné en confiance, appris des choses. Je crois qu’ils aiment sincèrement le projet, et de ce que je vois, ils le servent avec toute leur affection, leur talent et leur compréhension. Ils savent que Buridane est un projet « solo », nous ne sommes pas un groupe qui écrivons et composons ensemble, mais ils savent que j’aimerais les voir rester près de moi et continuer aussi longtemps que possible à partager la scène à mes côtés. Nous sommes un groupe, mais « en coulisse ». À ces trois musiciens, je me dois d’ailleurs de rajouter Damien Rostan et Lionel Thomas (son), ainsi que Pedro Josseran (lumière).

  • Aussi, qu’est-ce que le live apporte à ta musique au regard de l’album studio ?

Des imperfections qui rendent tout cela tellement humain et chaleureux ! Mais aussi des sorties de routes, des titres inédits… Et puis la rencontre avec le public après les concerts.

  • Avec la sortie de cet album, tu as un agenda de concerts plutôt chargé. Où pourra-t-on découvrir Buridane en concert prochainement ?

Le 22 novembre au Cercle de la Mer (Paris, sur une péniche !), le 24 novembre au Run Ar Puns (Châteaulin), le 28 novembre à la Luciole (Alençon), le 6 décembre à la Dynamo (Toulouse), le 7 décembre aux Passagers du Zinc (Avignon) et le 14 décembre aux Cuizines (Chelles).

  • Le philosophe Jean Buridan t’a inspiré ton nom d’artiste ; as-tu une phrase, une citation de cet auteur à me proposer pour conclure cette interview ?

« La volonté est l’intelligence et l’intelligence est la volonté. »

  • Merci beaucoup Buridane et à bientôt !

Merci à vous !

buridane.fr

Photographies par Fabienne Chemin

Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques