[Live] BRNS et Hungart Thorsen au Chabada

La première partie réserve toujours son lot de surprises. Parfois enchanteresse, habile, surprenante, vivante et allant même jusqu’à voler la vedette à la tête d’affiche. Parfois blasante et terne, maladroite et indigeste, quelque part au milieu de l’amateurisme ou de la prétention. Entre groupes locaux et invités-surprises, on se fait à l’idée d’une tombola des bons numéros et de ceux qui, sans forcément rater leur passage sur scène, n’auront pas convaincu. La faute à l’artiste, au public ou bien la nôtre, telle est la question. Étions-nous à même d’apprécier une prestation en rupture singulière avec le concert tant attendu, avec notre tête d’affiche d’un soir ?

BRNS
BRNS

Pour ce rendez-vous au Chabada, la première partie se nomme Hungart Thorsen, trio folk blues Angevino-Nantais. Et lors de leur prestation, on n’aura pas franchement accroché aux personnages de ce cabaret burlesque.
Sous les lumières des lampes de salon, Hungart à la guitare et au micro, encadré par ses deux compères, Anton à la contrebasse et Marco à l’orgue et aux programmations, nous raconte ses « Tales From The Bottom Of A Space ». On cerne alors vite l’atmosphère, constituée de fables folk blues déjantées, emmenée par la voix rauque et caverneuse d’un chanteur atypique.
Force est de constater que si l’on était venus pour eux, on aurait sûrement pu apprécier l’originalité du projet, la singularité du propos tenu, la légèreté des interludes et l’ambiance théâtrale reconstituée sur scène. Mais rien n’y fait, passé la surprise d’une voix écorchée, on attend sagement la fin du recueil pour passer à une autre histoire.

Cette autre histoire sera celle des Belges de BRNS, quatre lettres pour qualifier un projet rock cérébral, qui nous aura secoué une petite heure le cortex avec fougue et passion.
Les Bruxellois Tim, Antoine, Diego et César venaient présenter au public français leur 1er album, « Patine », sorti quelques jours auparavant. Un concert attendu pour un groupe qui faisait ce soir-là sa première date en terre angevine (et conquise) et qui fêtait par la même occasion l’anniversaire de son guitariste Diego.
Par où commencer ? Peut-être par une formule mathématique qui à elle seule peut résumer la fougue et la talent du projet belge : Wu Lyf+ Alt-J + The Popopopops = BRNS.
Un mélange sans complexe de math rock et de pop, d’arpèges et de vocalises pour un résultat nerveux, instinctif, mais toujours sous contrôle.

Disposés en arc de cercle, les 4 musiciens, emmenés par le charismatique Tim au chant et à la batterie, nous font vibrer avec passion sur des titres habités. C’en est même parfois bouillant et fougueux, parfois apaisé sur les introductions ; ça plaisante avec le public pour mieux repartir, pour mieux laisser exploser une hargne nécessaire.
On tombera particulièrement sous le charme de ces moments collectifs, où les quatre musiciens se mettront à chanter ensemble ou jouer en symbiose totale sur le fabuleux « Mexico » de leur 1er EP « Wounded », ou en ouvrant au mélodica sur « My Head Is Into You ».

Particulièrement fidèles au rendu de leur disque, avec un aspect libérateur dans l’action de jouer les titres sur scène, on vivra un concert certes concis, douze titres au final, conclu par un « Our Lights » tribal et redoutable en live, véritable témoignage d’un set authentique, taillé pour la scène, transpirant et fédérateur.
On aura ressenti cette belle complicité entre les musiciens, un côté fraternel sinon le plaisir pour nos voisins belges de jouer ensemble.
Encore une preuve, s’il en manquait, que le rock belge (dEUS, Sharko, Girls in Hawaii) est comme la bière : avant tout une histoire de caractère bien affirmé autant que le fruit d’un beau labeur.


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Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques