Boogers – More Better

C’est toujours galère d’écrire sur un artiste quand celui-ci fait preuve d’un éclectisme propice à semer la confusion dans nos méninges ! C’est le cas de le dire avec Boogers.

De son précédent album, « As Clean As Possible », des titres tels qu’ « I Lost My Lung » et « The Devil », présentaient déjà Boogers comme un artiste incontournable de la scène musicale française, mais surtout inclassable.

Avec « More Better », Stéphane – Boogers – Charasse, l’ex-animateur radio tourangeau, abandonne son parka jaune et signe sur onze pistes une randonnée au pays de l’expérimental barré, avec des titres à la fois décousus et rafistolés à coup d’une inventivité sans cesse réalimentée au fil des morceaux.

Quand on écoute Boogers, ce n’est à l’évidence pas pour entendre un français à l’accent anglais impeccable. Mais pour découvrir un album aussi fou que le personnage, aussi fou que lorsqu’il nous arrive de nous lancer dans des improvisions en franglais sous la douche pour notre seul plaisir.

Je ne vais y aller par quatre chemins, un seul suffira, j’adore « I Don’t Think So », premier véritable titre de l’album après l’introductif « More Boogers ». Un titre pop-rock, avec une touche de sonorités électroniques, ultra tonique qui sert de starter à la machine Boogers et qui nous met dans de très bonnes dispositions pour aborder la découverte du reste de l’album.

Avec « New Bad Things Are Much Better », c’est la confusion des genres entre le rock, la pop et le classique. Un peu trop pour que j’apprécie pleinement le morceau.

« I Don’t Care » par contre, avec sa batterie électronique et son côté 100% rock, j’adhère direct. Je hoche de la tête en écoutant le titre, c’est dire si j’approuve. Le refrain assuré porte le titre à la manière d’un Rivers Cuemo en pleine forme. Le final rythmé au piano avec un « I Don’t Care » en écho donne au titre encore plus de saveur.

Sur « Fishing With Daddy », Boogers se pose au calme pour nous proposer un titre qui semble d’abord folk pour se révéler électrique au fil des notes et le devenir totalement sur la fin. Boogers aime brouiller les pistes et il y arrive vraiment.

« Broke My Bones », c’est le morceau bien frapadingue de l’album, avec des voix complètement foldingues, un côté rockabilly bien marqué et quelques moments totalement psychés avec des instrumentations électroniques mystérieuses et inquiétantes. Un vrai casse-tête pour en parler ! Le mieux reste encore de l’écouter pour mieux cerner par vous-même le titre et découvrir la surprise sur la fin.

« We Don’t Want You », avec son côté teenage-punk, passe comme une pilule dans la purée. Un titre où le vent de folie du groupe tournoie dans les airs. Boogers pousse la gueulante et clame un hymne furieux et dansant. Nerveux et efficace à la fois.

Direction le dancefloor avec « How Do You Feel Now » qui nous met à l’aise directos. L’ensemble est très dansant et le refrain avec ses « oh oh oh ooooh » participe grandement à rendre le morceau encore plus accessible.

« I’m The Weirdo » démarre en dub, avant de nous surprendre encore une fois en lançant un pur titre pop avec un riff de basse contagieux. Mention spéciale pour la fin du morceau qui prend l’allure d’une grosse fête et qui sert de transition à « Just A Bad Day » qui reprend le même hymne dans une ambiance de feu. De quoi nous faire danser encore beaucoup, même les pieds gelés.

Dernier titre de l’album « Easier And Easier » termine en douceur le troisième album de Boogers sur un collage vocal et musical planant.

Usons donc des mêmes superlatifs que ce bon vieux barbu de Boogers pour clamer haut et fort qu’il a fait encore « plus mieux » que son précédent album en pondant sa nouvelle couvée musicale en à peine un an et quel résultat au bout !

Boogers réalise un rêve que nous tous partageons, pouvoir mettre sur disque nos coups de folie quand on se met à chanter sous la douche en rêvant qu’on sera un jour le groupe le plus cool de la terre. Et rien que pour ça, franchement, Boogers, merci !

« More Better » de Boogers est sorti le 26 septembre dernier chez At(h)ome.

Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques