Le blues impose ses règles à la Flèche d’Or

La caravane du Blues Rules Crissier Festival est en route. Un vent du Mississippi souffle sur l’Europe. Les guitares frissonnent. Crissier et Lausanne. Rome aussi. Mais le 1er juin, l’escale était parisienne. La Flèche d’Or accueillait trois géniaux noms du blues, du plus ancien à ce qui en découle dans les veines des nouvelles générations. indiemusic y était, et en plus des performances des musiciens, on y a vu un festival tout simplement formidable.

Blues Rules

Il suffit de regarder la foule. Les corps ne trompent pas. Cet homme n’est pas ivre. Cet homme, les yeux fermés, le menton collé à son torse, se balance convulsivement. Il est possédé par le blues. C’est ça le Blues Rules Tour. C’est rentrer dans un autre état guidé par les guitares. Guitares qui s’animent sous les doigts de génie des musiciens. Lightnin’ Malcolm. Robert Belfour. Left Lane Cruisier.
Avant de parler musique, parlons atmosphère. Car le Blues Rules Tour, c’est aussi tout ce qui se passe dans la salle. Ce souffle qui suspend le temps. Il y a ces accolades entre musiciens, entre organisateurs. Il y a cette bouteille de Jack Daniel’s qui circule. Ces musiciens qui installent des pieds de micros et qu’on retrouve au bar. Ces longues paroles. Il y a aussi un public très attentif. Nicolas nous promettait un festival humain, on y a vu une communion. Bien plus qu’entre la musique et le public, la communion était celle des musiciens et du public.

crédit : Charlène Biju
crédit : Charlène Biju

La grosse caisse de Lightnin’ Malcolm sonne comme un signal. Ouverture du bal. Migration collective du bar au devant de la scène. Le musicien s’affaire à la guitare et à la batterie. Grosse caisse, caisse claire et cymbale. Un son percutant en découle. Une guitare viscérale et enjouée. Le ton est donné. Le blues a le poids de l’histoire, mais est aussi une joyeuse tribulation. La voix est chaude et tendre.

crédit : Charlène Biju
crédit : Charlène Biju

Groove aussi. Le mercure monte. L’ambiance est chaude et moite. Les pieds sur le sol parisien, la tête là-bas, au Mississippi. Le blues de Lightnin’ Malcolm a cette faculté, à coup de rythme entêtant, d’amener la foule dans un terrain si peu connu. La musique continue sans mots. Ligtnin’ Malcolm l’a fait tourner sous ses doigts. Les corps s’installent dans la cadence. Prendre le temps de se perdre dans les mélodies. La transe est à deux pas.

Changement de plateau. Une guitare noire sur sa housse attend l’homme. Il arrive sous les yeux, en suspens, d’un public honoré par une telle rencontre. Robert Belfour est là, et avec lui une certaine histoire de la musique. En habits du dimanche, il s’assoie, attrape sa guitare et nous parle. Longtemps. C’est ça aussi le Blues Rules Tour, laisser les choses se faire. Donner sa confiance à l’artiste.

crédit : Charlène Biju
crédit : Charlène Biju

Quand il se met à jouer de la guitare, elle a le ton des complaintes. Complaintes mais pas désespérées. Métallique et convulsive. Et pourtant tendrement dansante. Il y a cet accord, entre des mélodies acoustiques et entraînantes, et cette voix qui raisonne et vibre.

crédit : Charlène Biju
crédit : Charlène Biju

La musique de Robert Belfour est une séductrice. Assise au comptoir, elle nous tient sous le charme. D’honorée, la foule est passé à hypnotisée.

C’est le blues en Nike Air. C’est le blues des baguettes qui cassent et des slam dans la foule. C’est le blues qui transpire. Left Lane Cruiser a endiablé la foule. Un duo rugissant. Une flaque de sueur. Et un son qui électrise tout sur son passage.

Left Lane Cruiser

Il n’y a pas de montée en puissance chez eux, tant on touche déjà le sommet aux première notes. D’une transe on passe à une démence explosive. Left Lane Cruiser nous offre une rencontre énervée entre le blues et le punk. La musique nous transcende à coups de riffs nerveux, d’une batterie aux mille facettes. Cloche, maracas et washboard.

crédit : Charlène Biju
crédit : Charlène Biju

Est-ce par là qu’on revient aux sources ? Une musique à fleur de peau. Instinctive et orgasmique. D’ailleurs le chanteur finira le set, les yeux bandés par un soutien-gorge.

Le Blues Rules Tour, c’est aussi l’authenticité d’un moment partagé. Montée sur scène de Lightnin’ Malcolm, à la batterie, pour accompagner Robert Belfour. Et puis avec Left Lane Cruiser, à la guitare, il donne de sa voix. Moment de pure simplicité. Bonheur de l’instant.

crédit : Charlène Biju
crédit : Charlène Biju

Si vous ne savez pas quoi faire durant votre week-end de la Pentecôte 2014, foncez au Blues Rules Crissier Festival !

blues-rules.com/festival/‎
lightninmalcolm.net
fatpossum.com/artists/robert-belfour
myspace.com/leftlanecruiser‎

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Juliette Durand

étudiante en cinéma, arpenteuse des scènes parisiennes et passionnée des musiques qui prennent aux tripes