Biffy Clyro – Opposites

Suite attendue au grand « Only Revolutions » les ayant sacré meilleur groupe anglais en 2010 selon Kerrang! et en 2011 selon NME et les Brit Awards, et ayant dispersé sur de longs mois ses titres en pagaille de Moutains à God & Satan, passant par The Captain, Bubbles et That Golden Rule, « Opposites » sortira d’ici quelques jours.

Biffy Clyro - Opposites

Toujours chez 14th Floor Records, Biffy Clyro a décidé pour son sixième album non pas de s’attaquer à la réalisation d’un simple album d’une quarantaine de minutes comme c’était le cas auparavant, mais bien de se pencher sur la sortie d’un disque double, offrant plus de possibles à l’expression du trio écossais.

Première révélation à l’été dernier avec « Stingin’ Belle », titre d’ouverture du second disque, et ses rythmes lourds période Blackened Sky. Couplé au chant de Simon Neil en constante recherche d’authenticité et de mélodies fédératrices, amplifié sur les refrains, le titre concluait sur un final énergique à la cornemuse, signe fort d’appartenance à leur nation britannique.

Puis vint le mois dernier, cette pièce maitresse du nouveau « Opposites », ce « Black Chandelier » à la construction ultra soignée où les riffs vrombissent à mesure que l’instrumentation se charge, décollant sur ses séquences montées en adrénaline. Trois ans et quelques après « Only Revolutions », Biffy Clyro est bien de retour sans n’avoir rien abandonné ni de son énergie ni de sa technique.

Passage en revue de cet album dans la pure tradition du trio alternatif de Glasgow coupé en deux actes « The Sand At The Core Of Our Bones » et « The Land At The End Of Our Toes » offrant pour chacun une conclusion instrumentale éponyme.

Avançant en territoire connu, on voit d’ailleurs mal Biffy Clyro déserter son essence caractéristique, Simon Neil et les frères Johnston jouent avec ce balancier entre le mélodique et le tapageur sur des textes déchirants enlevés par la noirceur des sujets abordés et la vision obscure souvent défendue par son interprète.

Départ en douceur modérée sur « Different People », rock aux textes noircis, rattachés à un espoir, celui du foyer et de l’amour restant suivi de ce « Black Chandelier » aux textes torturés par la séparation (You left my heart like an abandoned car / Old and worn out, no use at all). On a beau savoir que les textes de Simon Neil sont finement écrits, on apprécie de retrouver cette sensibilité d’écriture portée par des sujets souvent intimes et délicats.

Biffy Clyro

Ainsi, Biffy Clyro aborde l’histoire dans le très fort « Sounds Like Ballons » et l’exploitation de l’homme par l’homme (Ancient Rome, we built that fucker stone by stone / Our fingers bled, our feet were worn / But we stood strong and carried on).

« Opposite » suit cette grande ligne conductrice de l’album, sur une musique plus douce et des textes d’adieux touchants dignes des plus grandes chansons dramatiques (Baby I’m leaving here / You need to be with somebody else / I can’t stop bleeding here / Can you suture my wounds?). Et même si le trio écossais est également capable de partir dans tous les sens pour traiter du même sujet sur le très barré « Woo Woo » au refrain haché (I will love you for the rest of my life / Can you love me ’til the end of time?).

Des préoccupations existentielles de « The Joke’s On Us » (Are we alive because god tricked us / and this is all just a joke on us?) à la relation à l’autre sur « The Thaw » (I would give you my tongue / or my dying breath / Please believe in me like I believe in you / It’s the only thing to see us through) ou au désir d’épique sur « Victory over the Sun » (We can change the world despite all our enemies / We’re fighting on, listen to your heart and sing), Biffy Clyro nous livre sa perception imagée, souvent assombrie, à travers laquelle parviennent à percer quelques lueurs solitaires.

Encouragée par une musique plus optimiste que ses textes, Biffy Clyro nous offre quelques moments plaisants, un « Pocket » par ici avec ses rythmes indie pop chaleureux ou un « Skylight » par là, offrant un titre plus inattendu à l’ambiance électronique, sublimée encore une fois par ses paroles (I’d rather kiss the ground than kiss a starless sky).

Conclusion du second disque sur l’intense « Picture a Knife Fight », traitant du besoin des autres pour lutter contre ses pulsions (We’re gonna dig up the sky tonight / Bury the sun for the rest of our lives / Lay low and never lie / We’re gonna stay here ’til we make it alright).

Biffy Clyro

Avec de la violence et des sentiments, « Opposites » se construit comme un disque blessé, qui ne succombe jamais à ses plaies tant l’espoir y est constamment présent.
Le sixième opus de Biffy Clyro brille et résonne de ses antagonismes pour nous livrer un album aussi éprouvant que touchant.
Une très belle suite à leur aventure qui semble désormais plus vouloir se donner de fin.

« Opposites » de Biffy Clyro, sortie ce lundi 28 janvier chez 14th Floor Records.

Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques