Attendu avec impatience pour son premier album, Bel Plaine dépasse toutes les espérances en nous offrant une collection de chansons pop savoureuses et colorées, qui sont autant de pétales parsemés sur notre passage alors qu’une douce brise souffle et s’enroule autour de nous, vent de liberté et de passion précieux et éternel. « Aux Fleurs Sauvages » est un disque aux vertus thérapeutiques imparables, remède idéal aux troubles de l’humeur et du cœur.
On le savait depuis « Lifeboat », on le sentait venir au fil des mois, puis des semaines, puis des jours et, enfin, des heures. Et, soudain, Bel Plaine arrive avec son premier opus en poche, le bien-nommé « Aux Fleurs Sauvages ». Pourquoi bien nommé ? Tout simplement parce que ce disque est une invitation à toutes les promenades les plus spontanées et rafraîchissantes dans une nature pop dont les fleurs ondulent sous un vent vivifiant et caressant. Passer au long format aurait pu sembler difficile pour Antoine et Morgan, tant le contexte court mais immédiat et fascinant auquel ils étaient habitués leur convenait plutôt bien. Alors, on ne cachera qu’il y avait dans l’air, pour nous, comme un parfum d’appréhension avant de découvrir pas moins de douze chansons ; et force est de constater qu’elles nous prennent à bras le corps du début à la fin du périple auquel elles nous convient. Et, sans aucune volonté de résistance, nous nous laissons capturer dans leurs filets, sachant que l’on tient là une œuvre exceptionnelle, maligne et festive, sans jamais oublier de considérer l’auditeur comme un confident autant qu’un être humain dont l’importance dans l’existence de la musique de Bel Plaine est irremplaçable.
« Again » donne le ton avec une énergie contagieuse et éblouissante, alternant des couplets contemplatifs et des refrains plus enjoués et enjôleurs. Car c’est bien ce double regard qui caractérise, avec générosité et dévotion, le travail ici accompli par Bel Plaine : savoir doser, savamment et émotionnellement, les passages mélodiques les plus entraînants (« Lifeboat ») aussi bien que ceux, plus posés et revigorants, d’un folk saupoudré avec précision et habileté (« Over My Head »). Le duo nous permet alors de déambuler dans un labyrinthe dissimulant les secrets les plus riches harmoniquement (le synthé obsédant et la dualité innée de « Walter Castillo ») ou les pierres précieuses sonores les plus chatoyantes (le rythme motivant et les chœurs magiques et angéliques de la piste éponyme). Là où, parfois, la musique populaire pourrait vite devenir répétitive et sans réelle saveur, tout est ici à l’inverse de ce malheureux constat, et ce, sans que l’on puisse y opposer le moindre argument ; il suffit de s’immerger dans l’intimisme fulgurant et mélancolique du formidable « Dead White Tree » ou de se laisser étreindre par la ballade solitaire « Mollyhawke » pour se convaincre que l’on est bel et bien face à un album d’une maturité exemplaire et qu’il sera difficile d’égaler.
Les mots ne sont pas assez forts pour décrire ce « Aux Fleurs Sauvages » d’anthologie ; preuve que les deux musiciens, unis par leur identité commune et un sens aiguisé de la composition, dépassent les exigences qu’ils se sont eux-mêmes fixées pour nous délivrer des hymnes désaltérants et reflétant une sagesse et un souci de perfection hors du commun. Mais, avant tout, il ne faut jamais oublier que le plaisir ressenti à l’écoute de ces airs qui nous oxygènent le corps et l’esprit est avant tout inoubliable et addictif, comme autant de sourires sur les visages des êtres ayant la chance d’être conviés à une aussi magnifique marche vers la pureté et la liberté. Allons donc cueillir ces fleurs sauvages qui font les plus beaux bouquets, et qui, c’est certain, passeront les saisons sans jamais faner…
« Aux Fleurs Sauvages » de Bel Plaine est disponible depuis le 24 février 2017 chez Wagram Music / Cinq7.
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