[Live] Beauregard 2015, jour 1

Les joies du festival commencent tôt. Sortis du parking, on se faufile le long d’un chemin sinueux. Les peupliers centenaires cassent le vent humide sur notre droite ; sur notre gauche, quelques oies squattent le potager d’une maison en briques. Ah, la bonne odeur de la campagne normande ! En remontant le chemin, on aperçoit déjà le joli château où se trouvent des loges d’artistes. À peine le temps de récupérer nos pass et on nous invite déjà à retrouver Baxter Dury pour prendre quelques photos. À l’aise, le chanteur londonien joue tranquillement au golf en belle chemisette, l’air épanoui.

Le temps de prendre nos marques, puis on déboule au concert de Gomina. Le public pour une part debout, pour une part couché dans l’herbe à l’ombre des pins. On est embarqué dans une musique de road trip. Ils sont quatre sur scène, en demi-cercle, dans l’idée de communion comme ils le diront plus tard en conférence de presse. L’ambiance cool des claviers ferait presque penser au « Plastic Beach » de Gorillaz ; un des artistes arbore d’ailleurs un tee-shirt à l’effigie de Blur.

Une rythmique tropicale, digne de la puissance de feu d’un croiseur, vient alors se nicher au milieu de ces chœurs haut perchés. Très marqué nineties, ce rock fondé sur des boucles, à la manière des Stone Roses, fait définitivement démarrer le festival !

Dandy s’il en est Baxter Dury leur succède ouvrant avec « Isabelle » et enchaînant des titres plus ou moins connus de tous. L’exercice semble un peu laborieux et loin de la finesse à laquelle l’interprète anglais nous a habitués en studio.

On ne résiste pas à ses mimiques drôles tant le personnage a l’air sympathique ; mais on a un peu l’impression d’avoir affaire à un ersatz. D’ailleurs, la faute à son air faussement concerné, sa performance nous laisse plutôt de marbre.

Retour à l’espace presse pendant le set de Bo Ningen qui a l’air de décoiffer, pour papoter avec les cinq joyeux lurons de My Summer Bee. Des types à la cool qui communiquent leur bonne humeur comme vous pourrez le constater en lisant bientôt ce qu’on s’est dit. On quitte l’espace presse et on va voir Dominique A tous ensemble. « Nous sommes immortels » nous dit-il. Sa belle voix nous envoûte, posée, bon enfant, légère. Seule critique, Dominique A ne met peut-être pas assez ses musiciens en avant, mais on aime, surtout son petit tic de jeter la tête à droite quand il a fini de chanter.

Virage de style, direction Cypress Hill. Quatre monstres sur scène, un à la prod, un aux percus, B-Real et Sen Dog aux micros, qui nous assènent les trois quarts de leur musique sous forme de medley survolté. Il se dégage d’eux une présence folle, qui parvient sans peine à (é)chauffer la foule en ce début de soirée. Leur discours sur l’herbe, toujours très orienté, fait rire. Le scratch, au milieu des soli de bongo, est juste parfait.

Vient le concert très attendu de Christine and the Queens. Sans nul doute, c’est un show et ça vaut même le coup de le voir par curiosité ; mais soyons un peu honnêtes, ça ne nous emballe qu’à moitié. À vrai dire, on salive plutôt à l’idée du trio qui suit : Alt-J, Jungle et Étienne de Crécy.
Pour Alt-J, les rythmiques sont puissantes ; enfin vous connaissez la chanson. « Matilda » est évidemment magistrale et c’est avec « Taro » que le loup entre dans la bergerie.

L’installation vidéo qui retranscrit en pointillisme les images vidéo du live est, par contre, un échec. C’est un peu sans intérêt. Certains morceaux traînent vaguement pour cet horaire. Mais comme le dira un festivalier à la fin du concert : « On a l’impression d’avoir fait l’amour dix fois ».

Jungle entre dans la danse au milieu de lumières vertes et de machines à fumée qui s’affolent. Une impression de fête d’anniversaire ou mieux, de revival de la mythique émission « Soul Train », avec cette musique joviale et gaie.

Deux choristes bien agencés dansent de chaque côté de la scène ; le jeune chanteur vêtu d’une capeline et d’une robe noire ne passe pas inaperçu. Le show est parfaitement construit et taillé pour le live, comme viendra en témoigner le génial « Busy Earnin' » que Jungle fera durer en mode « Can’t Get Enough ». Et comme pour Cypress Hill, les scratchs, vraiment fameux, sont impressionnants.

C’est le moment du retour pour tenir le rythme du lendemain, malgré le début du set d’Étienne de Crécy qui nous fait regretter de ne pouvoir nous attarder plus longuement. Les grosses basses s’emparent de nous et notre instinct prend le pas pour danser la tête vide. L’énorme installation son et lumière illumine de tous ses feux Beauregard.


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Nils Savoye

Mais de quelle situation cette musique pourrait-elle bien être la bande-son ? Réponse d'un étudiant en histoire.