Samedi 4 mai. Aurores Montréal, pour la dernière soirée. La Dame de Canton fidèle au poste. Toujours à quai. Québécoise encore quelques heures. Le temps de laisser le festival se clôturer en beauté et en musique. Le temps de se dire à l’année prochaine.
Feu aux poudres. Ici ça brûle. Viktor Coup?k a mis à flamme et à cendre la Dame de Canton. Assister pour la première fois à un de ses concerts, c’est se prendre une gifle. C’est ne pas savoir ce qui va se passer, avant que ça commence. C’est ne pas réaliser quand ça se termine.
C’est une histoire de choc. De chaos. Une histoire de Rap Electro Punk. Ne pas savoir où tout cela va finir, mais oser quand même, se faire amener là-bas. De toute façon on n’a pas trop le choix. Plonger dans ce méandre la tête la première. Avec lui, ils sont trois : Neeko, DJ Moktarr et H. Leur prise de l’espace sonore et visuel (H est VJ) nous amène dans un retranchement. Bruit industriel. Guitare énervée. Expériences électroniques. C’est de l’ordre de la performance. On tente une quête. Serait-ce la démence qui nous guette ? Qui le guette ? Y allons nous d’un commun accord ? En âme et conscience ?
Viktor Coup?k semble parfois être pris de spasmes. Texte instinctif. Il est allé chercher la poésie. Celle qui ne dit pas mais sous-entend. Celle qui parle avec les éléments terrestres. Mots entre ciel et mer. Entre ciel et mer, sûr que la Dame de Canton a fait des remous.
L’artiste. Le rappeur québécois de la soirée, c’est Koriass. Ça rappe avec l’accent. Et en plus du reste, ça apporte du charme. Le reste c’est un rap honnête, qui ne s’invente pas d’histoire de guns.
Il y a là de l’égotrip. Mais parle d’une vie monotone. Tristement monotone. Parfois tragique. Parfois heureuse. Pas de fausses descentes go fast. Plutôt de la sagesse. Ne pas oublier cette certaine responsabilité face au public. Lucide. Mais pas gentil. Coriace l’animal.
Koriass rappe en compagnie de ceux qui semblent être ses potes. L’impression d’avoir branché les micros sous le préau. Et d’écouter un mec qui s’amuse à rapper. Un mec qui se fait plaisir à kicker. A cappela. Comme ça. Tout simplement. Et La Dame de Canton se balance. A droite. A gauche.
C’est la musique de la saumure et de la bière qui coule à flot. C’est la musique des râles au dessus des comptoirs. C’est la musique des hommes qui se sont fait tatouer « liberté » sur le bras. C’est la musique de l’étendard noir. C’est La Mathilde.
Sur un air d’accordéon, qui rappelle les faubourgs malfamés. Sur la voix du poète, qui nous rappelle les cités ouvrières. La Mathilde nous balance des mots crus. Face aux maux. La gueule dans le caniveau. Les cailloux dans les poches. Les textes sont hantés de la France et de son histoire. De la République et de ses faux pas. Mais tout ça est criant de réalité. D’actualité. Il y a du dégoût. Du mépris légitime. Il y a de la rage. Il y a des frissons. Il y a ce petit air, qu’on aurait cru entendre sur une barricade. Et tout ça danse ! Danse et tourne. Un accordéon, un saxophone dansent sur le pont de la grande Dame.
Aurores Montréal s’achève sur ces notes. A l’image de cette soirée, le festival ne fut qu’une succession de découvertes, de surprises, de corps qui se balancent, de mélodies qui nous ont suivi au bout de la nuit. A l’année prochaine, musiques d’ici et d’ailleurs. A l’année prochaine, amis québécois !
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