Aurores Montréal, jour 2 : on y était

Le Divan du Monde a les allures de ces vieilles demeures au plancher qui craque. Ces vieilles demeures qui ont vu des gamins courir dans leurs couloirs et dont les murs ont entendu d’innombrables récits de voyage. Elles ont le goût du temps qui passe, des joies et des pleurs. Le goût des terres d’autres contrées. En ce début du mois de mai, ce sont les esprits québécois qui embaument le lieu.
Le Festival Aurores Montréal y a déposé ses valises, le temps de deux soirées. Dont une hier soir. Retour sur la seconde soirée, où il faisait bon d’être. 

crédit : Hervé Dapremont
IGIT en balance avant son concert – crédit : Hervé Dapremont

Pour inaugurer cette soirée, c’est IGIT qui a pris place. Un trio parisien tout jeune a l’âme voyageuse. Troubadours des temps modernes.
IGIT a l’allure du Brel qui parle avec les mains. Qui grimace. Qui vit ses textes. Ses mots désarticulent ses membres. Viscéral et hypnotisant. Tout en acoustique, une guitare, qui parfois laisse sa place à une guitare lap-steel, une contrebasse et une batterie. Une orchestration minimaliste, mais puissante, puisée dans le blues américain.

Sur un plateau qui groove,  IGIT nous sert une musique tantôt convulsive et écorchée, tantôt généreuse et dansante. À l’image de ce que nous conte le chanteur. Ça parle beaucoup de femmes. D’histoires d’amour. D’histoires d’amour passé. Entre désillusion et tendresse. Il semble que de sous son chapeau, vont sortir tous nos songes. Car il y a là, en IGIT quelque chose de très agréable, de très doux, de très enfantin.

Pourtant sa voix semble être celle du vieillard du village. Du sage qui porte le poids des années. La voix de ceux qui ont vécu plus qu’aurait supporté notre corps. Une voix écorchée, mais chaude qui a su prendre le public du Divan du Monde.

crédit : Charlène Biju
Vincha – crédit : Charlène Biju

Deuxième partie de soirée et c’est Vincha qui se présente. Un brin taquin. Un air de titi parisien en basket. Peut-on le classer, le catégoriser ? Chanson. Gouaille urbaine. Non agir ainsi, serait réduire le spécimen a une musique inerte, qui se cramponne aux mots. Seulement aux mots. Alors que bien au contraire, sur scène Vincha nous laisse entrevoir un projet aux diverses facettes. Un peu comme les musiciens qui l’accompagnent. Multi-instrumentistes. Ils sont deux, mais sous leurs doigts s’animent clavier, guitare, basse, percussion, trompette, et cet étrange thérémine. Parfois planant. Parfois à contre temps. À contre-pied.

crédit : Charlène Biju
Vincha – crédit : Charlène Biju

Sa plume peut être elle aussi tendre, décrivant une vie parisienne nonchalante. Mais à certains instants, Vincha semble l’aiguiser et sa verve en devient plus incisive. Observateur des temps modernes. Un ton moqueur. Un ton joueur. Il a fait se balancer le public. L’a fait chanter et lever le poing. Emporté par le flow du jeune homme qui peint des portraits croustillants. Portraits qui devaient sûrement trouver leur modèle dans ce Divan du Monde quasi plein. Tellement sa musique pétillante déborde d’affection.

crédit : Charlène Biju
Vincha – crédit : Charlène Biju

La pointure. Le québécois de la soirée Bernard Adamus clôture ce concert. On l’attendait. Il est arrivé avec des relents d’alcool et un « band » endiablé. Chez ce songwriter, il y a ce quelque chose qu’on retrouverait bien dans une sélection Sundance. Cette insolente insouciance.

crédit : Charlène Biju
Bernard Adamus – crédit : Charlène Biju

Ce pied de nez à la rigueur des textes. Là, Bernard Adamus préfère chanter ce qu’il a pensé un petit matin, ce qu’il a crié un soir à une fille. Brut de décoffrage. En sortent des mots qui transpirent spontanéité et poésie ! C’est de l’instantané mis sur papier. Et dans son dos souffle une musique démente portée par un ensemble de cuivres : trompette, trombone et sousaphone, fougueux. Qui fait échos, à un batteur vif et possédé par un rythme effréné.

crédit : Charlène Biju
Bernard Adamus – crédit : Charlène Biju

Plus le set avance, plus l’intensité monte en puissance. Plus le corps de la foule se pose sur les vibrations d’une musique débridée. C’est une chaleur qui enveloppe la salle, lorsque le groupe entonne Édith Piaf. Le Divan du Monde est alors « emporté par la foule » pour tout le reste de la soirée.

crédit : Charlène Biju
Bernard Adamus – crédit : Charlène Biju

Seuls les horaires de sourdine parisienne auront raison de la fin de soirée.

auroresmontreal.com
facebook.com/FestivalAuroresMontreal
igitmusic.com
facebook.com/igitmusic
vincha.fr
facebook.com/vinchamusic
bernardadamus.com
facebook.com/pagebernardadamus

Photo of author

Juliette Durand

étudiante en cinéma, arpenteuse des scènes parisiennes et passionnée des musiques qui prennent aux tripes