[Live] Aurora à La Maroquinerie

La Norvège ne recèle pas uniquement de splendides fjords et autres paysages montagneux, mais aussi d’une scène riche musicale, comme en a témoigné Aurora le 24 octobre dernier à La Maroquinerie.

Aurora - crédit : Cédric Oberlin
Aurora – crédit : Cédric Oberlin

Ah la volupté. Une voix voluptueuse promet toujours un concert sublime, imaginez : une voix douce, berçante, semblable à un cours d’eau, une voix qui vient du ventre. Une voix voluptueuse doit venir du ventre, cela lui offre de l’ampleur, de la chaleur, de la sensualité, du charisme. Elle vous enlace, vous caresse et peut d’un instant à l’autre avoir de subits coups de sang, vous frapper de plein fouet et devenir presque hors de contrôle… En tant qu’auditeur, vous ne pouvez plus rien contrôler. Malheureusement, la voix de Schérazade n’était pas voluptueuse ; un bien triste constat tant une belle voix noble se serait merveilleusement bien accordée aux textes de la demoiselle. À travers une pop électro mainte fois entendue et quelques arrangements plaisants inspirés de musique orientale, celle qui ouvre la soirée nous dresse une fresque désenchantée de la société actuelle : le trash « Princesse populaire » dépeint l’envers du mythe de la sulfureuse jeune fille. Mais le set manque de groove, il est saccadé et (l’insupportable) voix de tête de Schérazade ne nous enlace pas du tout. Peu charmés par la reprise de « L’amour à plusieurs » (d’Ann Sorel), nous patientons sagement jusqu’à l’entrée d’Aurora

Aux premières notes de « Black Water Lilies », l’hystérie se répand telle une traînée de poudre tant les fans sont venus nombreux ce soir pour acclamer Aurora. La jeune Norvégienne nous convie dans son univers ténébreux et naturel. Le concert est stupéfiant, Aurora est habitée par sa musique, ses paroles la possèdent ; cela nous donne l’impression qu’un esprit sort de ses tripes, mais sommes pétrifiés à l’idée que son corps se brise sous la puissance de sa voix. Ses morceaux sont suspendus, délicats, frissonnants. Nous retrouvons ces caractéristiques souvent propres aux artistes nordiques (scandinaves, islandais) tels que la forte présence d’éléments naturels, que ce soit au cœur des textes ou de l’ambiance. La batterie elle-même contribue à introduire cette ambiance tellurique, mate, sombre et profonde.

Si Aurora déploie parfois une énergie digne d’un drakkar bravant la tempête, nous la découvrons aussi très proche de son public, intimidée au premier abord puis émerveillée et joyeuse. Elle nous éblouit avec son nouveau titre à fleur de peau, « Animal Soul », ses frêles bras dansent avec grâce, puis elle s’élève au son de « Runaway » et devient victorieuse. Le contraste entre la pureté des couplets et la fureur du refrain est frappant, soudain. Les tambours de « Runing With The Wolves » closent le concert, Aurora en est désolée, sa bienveillance, cette chaleur humaine du Nord nous émeut. Après un instant, les lumières s’éteignent…
…et la voix de la chanteuse fend à nouveau l’obscurité. Les grands yeux pétillants et les sourires des premiers rangs montés sur scène nous réjouissent, la foule frappe des mains, saute, secoue des mains et reprend en chœur une dernière fois le refrain de « Conqueror », sans doute le titre le plus lumineux et festif du répertoire de l’incroyable Aurora.

L’intimité de La Maroquinerie s’est très bien prêtée à ce flamboyant concert. La vigueur et la générosité de la jeune princesse norvégienne nous ont profondément marqués. Sa volupté devrait longtemps continuer à enlacer et frapper les foules qui, selon nous, se feront de plus en plus denses.


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Alice Tabernat

Alice Tabernat

Étudiante passionnée par la création musicale et les beaux textes.