Les bords de mer ont leur beauté et les algues sont un peu dégueulasses. Végétaux imbibés et étalés sur un sable fin ou des galets glissants. On traverse les plages en les évitant. Sauter au-dessus de l’échouage gluant. Trouver un autre chemin. Début juillet, Artie Tea sortait « Out of a Seaweed Dream ».
Artie Tea est d’abord une histoire d’amitié. Celle de deux gars, Josh Croteau et Derek Desharnais, faisant de la musique dans leurs groupes respectifs. Cough Cough. The Clippers. Sneeze. Fucko. Puis, l’hiver 2015 et les nuits passées en bord de mer amèneront Josh Croteau à écrire de nouvelles choses. Il les fera écouter. Il se fera encourager. Derek Desharnais le rejoindra pour donner toute l’allure aux morceaux. Et avec leur ami Dan Coulson, Artie Tea enregistrera début 2016 son premier album : « Out of a Seaweed Dream ».
Josh Croteau est la voix et la guitare ; Derek Desharnais, la batterie et la basse. À quatre mains, Artie Tea dresse un projet frénétique et entêtant, dont les morceaux sont gorgés d’un chant éraillé, de hooks mélodiques et de cymbales explosives. La traversée des huit titres procure les sensations des montagnes russes. Adrénaline et balancements dangereux. Artie Tea est ce wagon fou qui s’engouffre dans les tunnels sombres, les descentes et les ponts vertigineux. Aux détours des crevasses, les hauts le cœur happent. Les deux garçons construisent une musique toute en sensations. Toute en écorchures, mais tout en douceur. C’est bien là que réside l’ingéniosité du projet : dans l’éraillé et la déchirure. Josh Croteau et Derek Desharnais fabriquent un ensemble de titres mélodieux, où les airs et les rythmes sont portés instinctivement. Où les motifs de la guitare happent profondément. « Out Of A Seaweed Dream » est alors joliment parsemé de riffs brefs, d’une batterie guerrière et d’un chant qui s’emballe. Une perte de contrôle complètement maîtrisée. Et par-dessus tout, la voix est saisissante par les chemins qu’elle entreprend : de son timbre chaud aux jetées dans le vide.
« Out of a Seaweed Dream » se dévore de l’abîme à la terre ferme. Il y a dans la succession des huit titres la sensation de l’atterrissage du fiévreux « Costumes » où le chant s’éraille puissamment sur les refrains à « Seaweed Dream » qui n’est plus que musique et douceur. En travers, se mettent en place des titres qui sont autant l’incendie que les lances à eau. « The Roof » s’entreprend comme un précieux élan où la batterie s’en va en guerre avec ses foisonnantes cymbales. « Seaweed » joue de l’insolence naïve des cordes et, par-dessus, la voix devient, un bref instant, nonchalante. « Pickering », plus douce, s’abreuve de ponts joliment articulés et de chants qui tentent le réconfort.
« Out of a Seaweed Dream » a le courage des défis que l’on fait entre véritables amis. Il est la traversée sur le fil. Il est la fièvre et la tempête. Mais peu importe les vents et les tremblements quand on sait que l’on rentrera à bon port ! Artie Tea livre un album rock instinctif, qui transpire l’entente et le réconfort.
« Out of a Seaweed Dream » d’Artie Tea est disponible depuis le 1er juillet 2016 chez Topshelf Records.