[Interview] Archimède

Mélange parfait entre la chanson française et le rock, Archimède est ce groupe qui charme dès la première écoute par ses mélodies imparables. Actuellement en tournée dans toute la France, Nicolas Boisnard, le chanteur de la bande, répond à nos questions sur « Méhari », leur très bon quatrième album. Un disque aux saveurs estivales, plus dépouillé que le précédent, mais tout aussi efficace.

Fred et Nicolas Boisnard alias Archimède – crédit : André Palais
  • Le nouvel album sonne différemment du précédent, plus produit. Qu’est-ce qui vous a poussé à revenir vers quelque chose de plus dépouillé et direct sur « Méhari » ?

Nous voulions effectivement quelque chose de plus débraillé, sans afféterie, sans fioritures, un album expressément décapoté, libertaire, d’où son nom : Méhari. Une petite bagnole sans artifice, conçue pour le soleil, les vacances, la liberté. Ce disque est solaire et spontané.

  • On sent les paroles un peu plus engagées sur cet album. Qu’est ce qui vous pousse à effleurer ces thèmes ? 

Il y a toujours eu de l’engagement dans les paroles d’Archimède. J’ai écrit « L’été revient » et « Le bonheur », certes, mais aussi « Bye bye bailleur », « Les petites mains », « Toi qui peine au bureau », « Je singe le monkey », « Rue de la joie », etc. Sur le dernier album, nous avons une chanson qui s’appelle « Toujours plus con » et qui parle d’écologie, du drame des migrants, de l’état du Monde et de la planète… J’écris sur ce qui me touche en priorité, jamais le poing brandi, jamais en mode militant, toujours de manière pop, mais j’ai toujours eu à cœur de faire passer des messages, fût-ce avec un petit rictus.

  • Comment ça se passe de collaborer avec son frangin ? L’histoire du rock est remplie de fratries qui passent leur temps à se mettre sur la tronche (Oasis, The Jesus & Mary Chain…), comment faites-vous pour ne pas tomber dans ces travers ?

On se parle. Dès qu’une prise de tête survient, on tempère, on se cause, on temporise, on essaie de se comprendre. La fraternité autorise beaucoup de franchise, ça nous permet aussi de durer. Il y a parfois des querelles, des incompréhensions, mais très ponctuelles. Globalement, on s’entend comme des frères, de fait. Et puis nous sommes complémentaires. J’écris les textes, Fred compose. Et le mélodiste que je suis a aussi besoin de son guitariste de frère… J’aurais un peu l’air con de chanter mes airs a cappella !

  • En parlant de la famille, qu’a pensé votre père de la chanson « Fils de » ? Malgré le côté goguenard des paroles, on sent qu’il y a de l’amour !

Il a manifesté un brin de circonspection à la première écoute. Un petit rire jaune. Et puis après, il s’est marré, il a vite compris que c’était un hommage, abrasif certes, un peu mordant, mais plein d’amour. Cette chanson, c’est à la fois une ode au daron et une critique sociale…

  • Quand nous avions parlé de « Ca fly away » la dernière fois, tu m’avais confié que tu ne préférais pas citer les groupes que tu visais. Pourtant cette fois-ci, toujours dans « Fils de » tu n’y vas pas de main morte…

Je cite les « pères de » en fait (sourire). C’est un peu une pirouette. « Ça fly away » et « Fils de » sont des chansons caustiques, poil à gratter. J’ai besoin d’écrire sur ces thèmes-là aussi. Je vais au bout de la démarche à chaque fois. Au détour de tel ou tel couplet, il peut m’arriver de me dire : « Non je ne vais quand même pas écrire ça ». Et puis si ! Parce qu’il ne faut rien s’interdire, il faut aller au bout des choses pour être dans la drôlerie et faire mouche. Citation de Bergson : « Le rire suppose une anesthésie momentanée du cœur ».

  • On a l’impression qu’Archimède s’éclate bien sur les réseaux sociaux, et on sent que vos fans vous rendent tout l’amour que vous leur portez. Vous aimez ça, jouer avec les gens sur les réseaux, interagir avec eux et les faire participer ?

Nous respectons énormément les gens qui nous suivent. Nous vivons de notre passion grâce à eux. Donc nous allons toujours les rencontrer, les saluer, leur causer, dans toutes les salles où nous jouons, à chaque fin de concert. C’est le minimum, et ceux qui ne font pas cela sont des têtes de nœud.

  • Vous êtes en pleine tournée, mais allons-nous vous croiser en festival cet été ?

Bien sûr, nous faisons quelques festivals sympathiques cet été. Notre calendrier de tournée est visible sur notre page Facebook. Et une belle tournée d’automne se profile également, que nous annoncerons prochainement.

  • Est-ce que vous ne vous sentez pas de plus en plus isolés sur la scène rock française ? On a l’impression que cette scène devient ringarde alors que quand on voit les sorties on se dit que nos frenchies ont encore beaucoup de choses à dire.

Nous apprécions beaucoup d’artistes français, y compris des contemporains : Tété, Marshmallow, Gérald Genty et j’en passe ! Il y a des tas de trucs chouettes qui sortent en ce moment même, mais il faut se donner un peu la peine de les découvrir, ne pas se contenter de tout ce dont on nous abreuve à longueur de journées…

crédit : André Palais
  • La dernière fois, je vous avais demandé de nous conseiller un artiste. Parmi tes propositions et celles de ton frère, Marshmallow m’avait beaucoup emballé. Pourrais-tu conseiller à nos lecteurs une nouvelle pépite ?

Allez découvrir Ben Kweller, un jeune texan. Un petit génie de la pop dont les premiers albums m’accompagneront toute ma vie durant.

  • Pour finir, « Accroche-toi », histoire vraie ou pas ?

Non, c’est une pastille pop mytho qui évoque les chanteurs de rock qui ramènent des groupies la nuit à l’hôtel. Moi je préfère être accompagné par ma chérie ! Et la preuve que ma chérie est cool, c’est qu’elle s’est bidonnée à l’écoute de cette chanson !


Retrouvez Archimède sur :
FacebookTwitter

Photo of author

Sébastien Weber

chroniqueur attaché aux lives comme aux disques d'exception