[Live] Anna Burch et Katie Von Schleicher à l’Espace B

Depuis le début de l’année, impossible de ne pas écouter en boucle les délicieuses friandises pop de l’Américaine Anna Burch, nouvelle trouvaille du label Polyvinyl. Son tout premier concert à Paris, le 17 mai dernier, a été l’occasion de présenter son album « Quit The Curse » dans l’ambiance chaude et intimiste de l’Espace B. On y était.

Anna Burch – crédit : Cédric Oberlin

En première partie, ambiance quelque peu inattendue avec Katie Von Schleicher, découverte fascinante bien qu’à contretemps de l’esprit attendu de la soirée. Multi-instrumentiste de New York, la songwriter offre un pop-folk espiègle agrandi sur scène par son live-band. Sa voix chaude et magnétique a saisi l’auditoire, à l’image du gracieux et bien nommé single « Glad To Be Here ». Artiste à suivre, indéniablement.

Belle surprise et petite révélation indé du début d’année, Anna Burch s’est quelque peu fait attendre avant de venir se produire à Paris. Son passage à l’Espace B est ainsi pour le fan avisé une occasion unique de voir celle qui, à l’image d’une Courtney Barnett ou d’un Kurt Vile, surfe sur de délicieuses mélodies pop pour étaler ses productions à l’esprit très laid black.
Sa voix claire comme de l’eau de roche séduit les fans d’Alvvays sur le génial « Asking For A Friend », premier son lâché en plein hiver et qui résonne toujours plus fort à l’approche des journées chaudes et ensoleillées comme on a pu le sentir sur la petite scène parisienne. « Yeah I Know » en ouverture, donne, lui, le ton d’une setlist aux vertus entraînantes et immédiates, au moment où chacun commence à concocter sa BO idéale pour l’été.

La performance propose une version très sincère et sobrement exécutée de son disque « Quit The Curse », dont on ressent bien sur scène les effluves amoureux et nostalgiques. Sans totalement emballer le show, l’Américaine s’en tient à sa posture détachée voire nonchalante, qui donne au spectateur bien plus le sentiment de décontraction un smoothie à la main que des envies de pogos furieux. Certaines partitions se font plus finaudes même, puisqu’au grand désarroi de la chanteuse et guitariste, il est impossible de trouver l’effet de reverb dans la salle. « It’s too dry » regrette-t-elle sans cesse, au point d’exclure « In Your Dreams » de la setlist, qui lui paraît donc injouable. Katie Von Schleicher vient même donner un coup de main sur scène, sans succès. Mais Anna a d’autres tours dans son sac : « With You Everyday », conclusion de disque sublime, enchante par ses harmonies vocales, quand « What I Want », vrai temps fort génial irrigue les esprits de ses refrains catchy. « Belle Isle » enfin, est un sommet de coolitude aux saveurs estivales.

Tout est ainsi parfaitement maîtrisé, peut-être un peu trop froidement. La performance soit expéditive, à l’image de la sortie parisienne du groupe relevant plus de la mission commando : Anna et ses partenaires sont restés une poignée d’heure dans la capitale, avant de repartir aux aurores reprendre un ferry pour le Royaume-Uni. Un séjour on ne peut plus rapide qui n’a même pas permis à la résidente de Detroit de déguster « un pain au chocolat » (nous précisons bien qu’elle n’a pas dit chocolatine NDLR). « Tee Soak Letter » vient clôturer le set sans redoubler d’intensité, et les artistes du soir quittent la scène sans oser de rappel. Il leur manquait juste un petit quelque chose, un titre bonus, une face b qui nous aurait échappé, une outtake inattendue, ou une jolie reprise classieuse, pour peut-être emballer le tout… Mais on a envie de se dire que la prochaine fois sera forcément la bonne.


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Charles Binick

Journaliste indépendant, chroniqueur passionné par toutes les scènes indés et féru de concerts parisiens