Depuis sa création en 2001, l’ANIM (pour Alliance Internationale de l’Industrie Musicale) s’est donnée pour mission première d’accompagner ses membres : manageur·euse·s, producteur·rice·s, diffuseur·euse·s, entreprises comme associations musicales canadiennes réparties sur tout le territoire, dans neuf provinces et trois territoires en dehors du Québec. Actrice de terrain (souvent tout terrain d’ailleurs) de l’industrie musicale des communautés francophones, l’ANIM veut donner à ses membres tous les outils pour réussir en participant à leur consolidation, à leur croissance et à leur épanouissement. À l’occasion des Biennales Internationales du Spectacle (BIS) en janvier dernier, nous avons eu l’occasion de retrouver ses deux représentantes, véritables ambassadrices passionnées et chevronnées de la Francophonie canadienne. Clotilde Heibing, sa directrice générale, défend d’une manière admirable l’industrie musicale canadienne en situation minoritaire aux côtés de son homologue française, Hedwige Dhenain, en charge de la coordination et des partenariats entre le Canada et l’Europe Francophone. Ensemble, elles nous présentent ici les enjeux et les actions de l’ANIM sur son territoire comme à l’international, et expliquent avec une pédagogie bienvenue que le Canada francophone est bien loin de se limiter au territoire du Québec. Rencontre…
- Clotilde, tu es la directrice de l’ANIM. Qui se cache derrière cet acronyme ?
Clotilde : C’est en effet l’Alliance Internationale de l’Industrie Musicale. C’est une association canadienne qui a une portée fédérale et qui accompagne tous les gens de l’industrie musicale francophone en situation minoritaire. Donc en fait tous les gens qui sont francophones et qui habitent en dehors du Québec.
- Ça fait plusieurs années que l’ANIM a été créée. Quelle est son histoire ?
Clotilde : L’ANIM existe depuis 2001 donc un peu plus de 20 ans maintenant et compte aujourd’hui un peu plus de soixante-dix membres. Et parmi eux, une vingtaine d’associations provinciales. Le Canada étant une fédération, les provinces sont extrêmement indépendantes les unes des autres et chacune est organisée d’une manière spécifique avec des structures pour accompagner des artistes. Nous, on représente ces associations qui agissent au niveau provincial, au niveau des territoires, et puis des entreprises, qui sont souvent des micro-entreprises. On compte très peu d’entreprises qui ont des salariés, ou juste une seule personne, et on les accompagne de manière différente dans notre mandat.
On a un mandat de représentation qui est celui de défendre l’industrie auprès des différents paliers gouvernementaux et de co-créer des programmes avec nos différents bailleurs de fonds.
Ensuite, on a un mandat de concertation, qui consiste à faire que l’industrie se parle. Qu’on parle entre nous, mais aussi avec nos homologues au Québec, mais aussi en francophonie, parce qu’on ne vit pas sur une île déserte. Il y a vraiment des passerelles à entretenir avec nos partenaires.
Et le troisième mandat qu’on aurait, c’est un mandat de développement professionnel. Il faut savoir qu’on est une organisation toute petite et plus on est petit, plus il faut être à la fois bien formé et bien outillé parce que les artistes ont besoin d’avoir des gens qui sont ultra-professionnels. Donc si t’es tout seul, tu passes tout ton temps sur ta compta et t’es pas bon en booking.
On est là pour apporter à nos adhérents les bons outils ; que ce soit en informatique ou en partage de bonnes pratiques. On propose des formations de plus en plus expérientielles ; c’est-à-dire que les gens apprennent en faisant au lieu de seulement écouter ; aussi en faisant du sur-mesure. On travaille beaucoup sur le mentorat plutôt que sur des choses plus traditionnelles.
Le dernier mandat, c’est un mandat d’opportunités d’affaires. On offre des opportunités à nos membres, au travers de vitrines que l’on organise ; c’est-à-dire des showcases dans des événements où il y a des professionnels, des partenariats, des résidences, des échanges.
Et on a aussi un projet un peu transversal dans tout ça, qui est une pépinière d’entreprises que l’on accompagne durant trois ans. Douze nouvelles entreprises tous les trois ans, réparties partout sur le territoire canadien à qui l’on offre les moyens de se former, de se développer, d’échanger et de créer aussi une cohorte qui fasse qu’ils se sentent moins seuls. Et de faire en sorte que l’industrie se développe, car c’est une industrie qui est assez récente par rapport à l’Europe, avec des entreprises qui sont naissantes et pas forcément encore pérennes. Et on a très peu d’entreprises, d’où l’importance d’avoir cette pépinière qui nous permet de créer de nouvelles entreprises.
En francophonie, on a 90% des artistes qui sont autoproduits, pas forcément par choix, mais parce qu’ils n’y pas d’encadrement. En bref, tu te débrouilles et tu deviens autoentrepreneur, autoproduit, autogéré. Et il y a des gens à qui ça va bien et d’autres à qui ça ne convient pas du tout et qui peut constituer un très gros frein au développement. Car ce n’est pas parce que tu es un bon gestionnaire que tu es un bon chanteur, et inversement. Et être les deux en même temps, c’est nécessaire aujourd’hui pour réussir… mais ça ne devrait pas ! On devrait réussir parce qu’on a un super niveau artistique ! Voici les missions que se donne l’ANIM.
- Peux-tu nous parler des partenariats avec les festivals ?
Clotilde: Le Canada a des liens historiques très forts à l’International. La diplomatie canadienne se fait à travers les arts et la culture. On est un pays où l’on a la chance d’avoir des moyens qu’on trouve nous insuffisants, mais qui peuvent paraître colossaux par rapport à ce qui se passe en Europe et on est très encouragés à aider nos artistes à s’exporter.
On a lié un lien cette année avec Crossroads, festival à Roubaix, et on y va avec une approche que l’on veut durable et multisectorielle en matière de diffusion, en emmenant nos artistes, non pas seulement à se produire sur une scène, mais aussi à faire de l’action culturelle, dans les écoles.
La francophonie canadienne est très réputée pour ça et notamment en Ontario, où l’on a un très grand nombre d’écoles francophones.
Et pour les artistes, c’est une source de revenus importante et ils ont donc développé des compétences pour animer des ateliers, pour donner des cours, pour intervenir dans le milieu scolaire. C’est une expertise que l’on a et sur laquelle on souhaite aussi échanger avec la France.
C’est donc pas seulement jouer avec un artiste en showcase et hop, je repars. C’est en revanche créer une relation pérenne et qui va aboutir à des collaborations.
Et on sait que tout ça, ce sont des histoires de personnes. Donc si toi et moi, on ne s’entend pas, on a toutes les raisons de ne jamais travailler ensemble, car il y a tellement de gens qui travaillent dans ce domaine.
Plus on est sur les territoires, plus on est sur le terrain aussi, plus on a de chances que nos artistes y soient aussi parce qu’on développe des relations avec des professionnels, avec des lieux, avec de nouveaux partenaires, et c’est ça qui fait qu’on développe cette envie de mieux connaître la francophonie qui représente sur 38 millions d’habitants au Canada, 2 millions de francophones, en dehors du Québec et 9 millions de francophones au total, dont 7 au Québec. On est donc quand même deux millions de personnes et ça n’est pas rien sur le pays. Mais on est extrêmement répartis sur un territoire qui est infiniment grand ; c’est le deuxième plus grand pays du monde (en termes de superficie après la Russie). Et ça veut donc dire que ça demande des moyens importants, avec des défis conséquents de déplacement. Pour te donner une idée, organiser une tournée au Canada, rien que pour les billets d’avion pour une tournée de quelques dates, on était entre 25 et 30.000 dollars, plus ou moins la même chose en euros, c’est inimaginable en Europe. Moi, venir ici en France, c’est 2.000 euros, parce qu’il n’y a pas de concurrence, parce qu’il faut dégivrer tous les avions. Les coûts explosent et tout est compliqué. Et il n’y a pas de train, le climat est rigoureux, etc. Donc on travaille dans des conditions qui sont extrêmement particulières et qui rendent les artistes uniques et j’en viens à ça : il n’y a pas un style francophone évidemment, mais il y a vrai attachement au territoire.
- Et il y a un réel attachement à la langue, indéniablement…
Clotilde : À la langue en effet, qui est liée au territoire. On a justement un site internet qui est écrit dans six langues. Et on parle justement de la francophonie et pas « du français », car pour nous, ce français, c’est un Français un peu colon, standardisé, qui est dit international alors que c’est un français de la France. Et c’est tout ! Quand on est Français de France, on a juste la chance de porter à travers une nationalité le nom de la langue. On s’est emparé de ça pour créer une norme, mais chez nous, ce n’est pas ça le français. Et quand les gens parlent un français standardisé, ils disent qu’ils sortent leur français du dimanche. Et ce n’est pas très intéressant, car ça fait ressortir une forme d’insécurité linguistique. Et la musique et les arts participent à lutter contre cette insécurité.
L’insécurité linguistique, c’est quand à chaque fois que tu ouvres la bouche, on te parle de ta façon de parler avant de parler de ce que tu dis. Et on l’a en France aussi ; dans le Nord, si t’as un très très fort accent Ch’ti, ça va aller très bien dans ton village, mais dès que tu vas sortir, la perception par les autres de ton niveau d’éducation va baisser en fonction de l’écart entre ta langue et ce qui est attendu.
Et nous, plus on s’éloigne des grands centres, plus on va vers l’ouest, plus on va avoir des gens qui vont avoir un accent très fort et même très difficilement compréhensible pour quelqu’un qui n’a pas l’oreille. Et avec ça vient l’insécurité linguistique qui fait que les gens vont chanter en anglais. Ici, les gens sont tous bilingues et maîtrisent tous l’anglais ; et pas comme des Français, mais comme des Américains, comme des Canadiens. Tout ça fait qu’on est sur une manifestation artistique qui est très liée au territoire, qui est très liée à la langue, qui est vernaculaire comme j’aime l’appeler tant elle traduit toutes les variations régionales de la langue. Et il y a aussi un très grand attachement à la ruralité, à une ruralité qui est assumée. C’est ce que j’ai découvert en arrivant au Canada.
En France, quand tu habites un village, tu as l’air toujours un peu con, comme si tu vivais un peu moins d’expériences que si tu vivais à la ville.
Au Canada, il y a un amour de la nature qui est tel que quand tu habites dans un village, les gens font « Wow, quelle chance tu as ! ». C’est totalement différent tu sais, les gens vont à la pêche et à la chasse et peuvent être punk. Il y a des drag-queens chasseuses et ça n’est pas du tout antinomique. Le rapport à la nature et à la ruralité fait partie de la francophonie, encore plus qu’au Québec.
On parle tout le temps du Québec, mais le Québec c’est immense ; il y a Montréal et le reste du Québec. Le reste du Québec ressemble beaucoup plus à la francophonie alors que Montréal, c’est un peu Paris. Ce sont deux réalités différentes.
- Il y a combien de personnes-ressources au sein de l’ANIM ?
Clotilde : Deux ! Il y a Anne Dumas à l’admin et moi. Puis Hedwige qui est un relai supplémentaire à l’export. On est une toute petite structure, mais on arrive à faire énormément de projets parce qu’on sous-traite beaucoup et Hedwige est un excellent exemple. Elle coordonne nos activités à l’international, quand on est en Europe francophone. Et ce qui fait que, comme on est sur la même longueur d’onde [ce qu’on disait tout à l’heure, moi, je ne travaille qu’avec des gens que j’aime], on a une même connivence, une même appétence pour la francophonie et aussi une même manière de travailler, d’innover… On dit toujours qu’on va faire des bêtises, qu’on va s’amuser, qu’on va dans notre bac à sable. On est très enfantines dans notre approche du travail. Si c’est l’fun, on le fait et on n’est jamais dans la routine.
Hedwige : C’est-à-dire que quand il y a un événement qui fonctionne, on ne va jamais le refaire de la même manière et même si ça a super bien fonctionné. Il y aura toujours quelque chose de différent. Pas de mieux ou de moins bien, mais de différent, avec une approche, un coup d’éclat différent. Un discours qui reste le même, mais qui se brode petit à petit par rapport au territoire dans lequel on est.
On s’adapte aussi au territoire. Et c’est pour cela qu’on travaille avec l’ANIM, à l’export, sur des territoires en France, en Belgique, en Suisse, aussi en région, comme on l’a fait à Roubaix. Et on cherche des lieux, des événements qui nous intéressent pour toute autre bêtise, car on peut faire des événements à des niveaux tout à fait différents, que ce soit dans les rencontres professionnelles, que ce soit dans la vitrine d’artistes, que ce soit à travers d’autres disciplines… Et on peut aussi faire parler de l’industrie musicale à travers d’autres disciplines. Et c’est ça qu’on cherche à faire ; que ce soit du spectacle, de la cuisine ou d’autres arts en général. On va surtout croiser des gens sur notre route qui vont avoir envie de comprendre ce qui se passe dans cette francophonie-là et qui vont aussi trouver des échos avec leurs territoires et leurs liens à la langue, et on va trouver des gens qui ont des ADN assez proches des nôtres. Et là on va se dire « on se ressemble, on a encore de continuer à se connaître, qu’est-ce que tu fais, qu’est-ce que je fais ? »… Et petit à petit, on va trouver ce lien qui a du sens pour chacun et chacune, et là, on va créer cet événement. Et c’est pour cela que ça n’est jamais ce même événement.
Clotilde : Les touches copier-coller, ça ne fonctionne pas très bien dans notre façon de faire (rires).
- Est-ce qu’il y a une volonté de faire des jumelages entre des villes canadiennes et des villes françaises ou européennes ; disons pour emmener un artiste de telle province faire un spectacle dans telle ville française, et que l’inverse se produise aussi ? Et ainsi développer des relations plus fortes, plus pérennes entre ces villes ou localités ?
Clotilde : Oui, on le fait surtout au travers d’événements plutôt qu’avec des villes. Il se trouve qu’on est pancanadien ; ça veut dire que nous, on s’occupe de neuf provinces (sur les dix) et trois territoires, et ça signifie qu’entre le membre que j’ai à Vancouver et le membre que j’ai à Halifax, il y a 6500 kilomètres qui les sépare. Et ça veut dire que ton idée de ville, ça n’est pas une idée canadienne du tout.
Par exemple, on a lancé une maison de la musique qui est disponible sur une application mobile qui s’appelle « Aire ouverte » sur laquelle on a recréé le Canada parce qu’on avait ce besoin d’avoir un lieu physique où virtuellement, on pouvait se retrouver. Et moi, j’ai des bureaux virtuels sur ma carte de visite avec une adresse sur « Aire ouverte » et la technologie nous permet ça, de recréer le territoire sans prendre l’avion, ce qui est bien plus durable, on le sait.
On est extrêmement attachés au territoire au niveau des artistes, mais quand on est notamment dans l’export, il s’avère compliqué de dire « on va se limiter à une ville au Canada » parce qu’en fait, le territoire serait trop petit pour venir nourrir à long terme quelque chose.
Hedwige : Par contre, on a en effet des membres qui créent des liens avec des villes, comme l’APCM avec la ville de Lyon où il y a un festival qui s’appelle « Changez d’Air », où il y a un vrai partenariat qui est mis en place.
Clotilde : Mais il faut bien avoir en tête qu’une province, ce n’est pas une ville, c’est plus ou moins la moitié de la France. En termes d’échelle, ça fait que les rapports de distance n’ont rien à voir : quand on va à Lyon, on fait 20 kilomètres, de l’autre côté entre Sudbury et Ottawa (tous deux en Ontario), tu as six heures de route. Et ça, au Canada, tu ne peux pas le nier, tu ne peux pas faire comme si ça n’existait pas. Mais c’est aussi ça qui rend ce travail super intéressant. Pour résumer l’idée, les partenariats qu’on fait sont donc par nature sur des territoires plus grands qu’une ville.
De cette complexité vient l’intérêt de la Francophonie. Moi, ça fait 7 ans que je suis au Canada et j’en découvre encore tous les jours, et c’est ça qui me passionne : le fait que ça soit extrêmement complexe. Et ça ne me semble pas être un inconvénient pour exporter les artistes, pour exporter notre industrie. Cette complexité, elle vient avec une richesse. C’est une richesse et une force.
- L’une des singularités de l’ANIM, c’est qu’elle ne soutient pas les artistes directement, mais bien les développeurs d’artistes.
Clotilde : L’ANIM encourage nos membres à nouer des partenariats plus importants avec les Québécois pour que quand les artistes ont besoin de trouver une aide à l’extérieur, ce ne soit pas justement une cassure, mais une co-gestion, que ça soit complémentaire. Et jusqu’à présent, parce que les entreprises étaient vraiment petites, elles n’avaient pas le temps de cette ouverture au Québec. Aujourd’hui, ça commence à se faire, et nous, on l’encourage.
- Vous renforcez finalement l’ancrage local…
Clotilde : C’est ça et ce qu’il faut retenir de notre échange, c’est que ce n’est pas la Francophonie contre le Québec. On est sur l’idée d’un partenariat. Pendant des années, des artistes se sentaient mal de partir de la Francophonie pour partir faire une expérience et s’installer à Montréal, et aujourd’hui, c’est presque encouragé parce que c’est comme les étudiants en Europe avec Erasmus. Tu reviens avec plus de choses que t’es parti.
Ce qu’on veut par contre, c’est que quand et si les artistes veulent revenir en Francophonie, ils le puissent, et il faut donc avoir des entreprises assez fortes et réputées pour pouvoir accueillir des artistes qui ont goûté à des structures plus importantes, à un marché qui est plus organisé, car il est plus concentré. Et c’est en ça que l’ANIM aide, et on s’appuie sur des partenariats avec le Québec ou les anglophones parce qu’il y a besoin de ces aller-retour entre les territoires. C’est un peu la même chose en France entre la Province et Paris.
Hedwige : Et on a aussi développé des partenariats avec les Français. Et les artistes de la Francophonie qui se sont justement fait connaître sur le territoire français ou européen francophone bénéficient parfois aussi des accompagnements des tourneurs et des bookeurs français. On a par exemple Ponteix qui est de la Saskatchewan, qui a un point d’ancrage en France.
On a vu sur le territoire français des artistes comme Shaun Ferguson et P’tit Belliveau… ou Mehdi Cayenne et Damien Robitaille qui sont installés depuis plus longtemps. Et tous ces gens-là ont des entourages aujourd’hui autour d’eux, et il y a de nouveaux talents qui arrivent comme Mclean qui vient de l’Ontario et Étienne Fletcher qui vient de la Saskatchewan ou Rayannah qui vient du Manitoba.
Et il y a des petites pousses qui viennent de l’Alberta et qui peuvent éclore bientôt. On a un bon vivier d’artistes aujourd’hui avec Le Grenier Musique, notamment Lisa LeBlanc qui a commencé à faire connaître le chiac (une variété du français acadien, parlée surtout au Sud-Est du Nouveau-Brunswick au Canada). On a l’espoir qu’à travers nos actions en Europe, les gens aient la connaissance de ces artistes-là et savent où les trouver, en identifiant les pros dans leur entourage, sans passer nécessairement par le Québec. Et on a aussi en France et en Europe des festivals qui comprennent parfaitement ces enjeux-là : il y a le Printival à Pézenas, FrancoFaune à Bruxelles en Belgique, le festival Avec le Temps à Marseille, et tous ces gens-là jouent le rôle de passeur.
- Quelques mots peut-être sur la pépinière…
Hedwige : Si on regarde le maillage pro pancanadien, si tu mets des épingles sur une carte, tu peux te demander « mais comment ils font pour bosser ensemble ? ». Rien n’est polarisé comme avec Toulouse, Nantes, Lyon, etc. où tu as plein de pros qui bossent ensemble. Là, sur ce grand territoire, il n’y a pas beaucoup de pros, et l’ANIM s’est demandé comment elle pourrait fournir un peu plus ce réseau-là et elle a monté une pépinière d’entreprises sur trois ans. Là, on en est rendus à douze pousses : douze personnes qui veulent se structurer dans les métiers de l’industrie musicale. Elles sont réparties dans cinq ou six provinces, sur treize, c’est pas mal ! Et ça aussi, c’est aussi le travail de l’ANIM de dire qu’il manque du monde et qu’il y a des métiers qui ne sont pas représentés dans l’industrie comme l’édition et le coaching. L’accompagnement scénique n’est pas très représenté au Canada de manière générale, mais on a des pousses qui se lancent là-dedans. On a surtout la production et le management qui sont bien développés au Canada, d’autant plus que la plupart des managers ici s’occupent également des relations presse. Il manque donc des métiers et même parfois des studios d’enregistrement. On essaye donc aussi d’ouvrir des possibilités à ce niveau et il faut voir dans le temps, si dans 10 ans, tout notre travail a porté ses fruits.
- Il y a de la perspective !
Hedwige : C’est complètement ça : il y a une autoroute où il n’y a pas de panneaux de signalisation. On ne sait pas dans quel sens il faut la prendre, mais il y a de la place, de la volonté et des moyens…
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