[LP] angelic milk – DIVINE BIKER LOVE

Le groupe est russe et chante en anglais, le label suédois et la pochette vient de Nouvelle-Zélande. Le plaisir est bel et bien cosmopolite.

Sarah Persephona, il n’y a pas si longtemps encore jeune adolescente, fait de la musique seule dans sa chambre à Saint-Pétersbourg. Le collectif Saint-Brooklynsburg s’ajoute à l’équation et la page Bandcamp angelic milk s’enrichit de deux EPs autoproduits. L’efficace détecteur de talents de Stockholm PNKSLM Recordings s’affole alors : on est en 2015. Surgit « IDK How », single où se superpose aux riffs la voix rafraîchissante et désintéressée de Sarah Persephona, s’excusant presque avec ce refrain qui pourrait aussi ressembler à une promesse : « I don’t know how / I don’t know how / But I learn fast ».

Fast et même furious. L’année suivante apparaît le premier travail studio du groupe, « Teenage Movie Soundtrack EP ». Deux années plus tard, c’est du shoegaze rose bonbon, du riff punchy bon marché, c’est « DIVINE BIKER LOVE » parfaitement illustré par la pochette punk girly bien inspirée d’Alice Snow.

L’album est accrocheur et semble s’être construit sans effort, les pistes défilent avec attitude. Rien n’est exactement lo-fi, mais rien n’est vraiment lisse non plus. Sarah Persephona nous raconte tout et n’importe quoi avec une voix souvent étouffée par un écho discret, nous chuchotant sa vision décalée du monde, comme au début de « BALL GAG KI$$ » : « Black leather skirt for your little miss / Hello Kitty knife on a midnight drive / Cocaine and Velvets and Satan’s high five ».

Une ouverture de bal musclée, la voix dream pop se mêlant à des guitares lourdes aux rythmiques décousues et textures grunges. Les Riot Grrrl en tête, les mélancoliques mélodies en noir et blanc de « when the limousines pass by » surviennent comme une inspiration soudaine. Une dream pop acidifiée et talentueuse reprend vite le relai, la composition est inspirée et nos oreilles remuées, avant qu’on entende l’orage et les cloches annonciatrices d’une Russie à l’horizon sonore bienfaiteur.

On monte encore en puissance, entre savoir-faire mélodique et riffs de guitares punchy. angelic milk nous emmène avec « Winona » faire des courses à sa façon, entre les bips-bips de la caisse et les joies du vol à l’étalage: « I’m just a little girl, isn’t it funny oh-oh / when I started to cry… they just let me go ». Puis vient le temps des ballades et voix douce pour une sortie réconfortante en deux temps, loin de toutes frustrations.

37 minutes de dream pop tordue et charmante jouée par un groupe post-punk, angelic milk est compétent et a du mordant. L’album bubble gum pailleté brille en ce début d’année ; vive 2019 avec sa jeunesse russe et ses promesses tenues !

« DIVINE BIKER LOVE » d’angelic milk est disponible depuis le 11 janvier 2019 chez PNKSLM Recordings.


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Joë

"Vous savez, les avis, c’est comme les trous du cul. Tout le monde en a un." Clint Eastwood dans "La dernière cible" de Buddy Van Horn.