Un bal de fin d’année tournant au surnaturel et au rêve éveillé, tout en illustrant à la perfection le passage de l’adolescence à l’âge adulte ; « Cannonball » est un disque où la paix intérieure d’Amber Arcades s’éveille à de nouveaux horizons, revêtant de multiples vêtements musicaux tous plus chauds et confortables les uns que les autres.
Elle qui nous avait déjà éblouis avec son premier album, « Fading Lines », sorti il y a tout juste un an, a décidé de revenir, mais pas forcément par la porte que l’on s’attendait à la voir franchir. En effet, Annelotte de Graaf, alias Amber Arcades, change ses habitudes au fil de ce « Cannonball » en apparence inoffensif, contrairement à ce que son titre laisserait à penser ; et pourtant… En cinq pistes frôlant les précipices autant que les sommets, sans s’enfermer un seul instant dans un genre prédéfini, la compositrice peut tout aussi bien faire tourner les têtes que chavirer les cœurs, juste en claquant des doigts et en posant sa voix sur des ambiances intimistes et réconfortantes. Quitte à y puiser une énergie vitale inattendue dans ce type de performance, tandis que la douceur se mue en une incroyable force morale et psychique.
Vaporeux et imprévisible, « Which Will » erre dans les couloirs d’un lycée d’où des sons parviennent au loin, des confins d’une salle où la prom night bat son plein ; impossible de ne pas imaginer les longues robes, les fleurs aux poignets de ces dames et les sourires béats d’admiration de jeunes hommes ivres de plaisirs et de passion. La musique caresse, incite aux baisers et aux regards, comme s’ils étaient les derniers. Un moment suspendu que les accords et les chœurs puissants du jouissif « It Changes » viennent modifier, laissant pleuvoir les paillettes éclatantes d’un rock immédiatement addictif et qui nous reste en tête longtemps après ses ultimes notes. Une euphorie qui trouve son extrême opposé dans le sublime « Can’t Say That We Tried », séparation non désirée mais inévitable, comme deux mains qui se décroisent contre leur gré. « Wouldn’t Even Know » se fait alors le dialogue des non-dits, des secrets à jamais enfouis mais qui peut-être, un jour, permettront de recroiser le chemin de l’être perdu lorsque le moment sera venu de les dévoiler. En attendant, la route solitaire de « Cannonball » nous prend aux tripes, pulsation cardiaque nous prouvant qu’il reste tant à vivre, pleinement, avant qu’il ne soit trop tard, par le biais d’une complémentarité rare entre la guitare électrique et le chant, unis sous un même ciel sur lequel une nouvelle aube se lève.
Certains verront dans l’art d’Amber Arcades une relève incontestable à ces atmosphères brumeuses et étranges que David Lynch ne saurait renier ; et, bien que cela demeure parfaitement exact, il convient de ne pas négliger le potentiel grandissant d’Annelotte de Graaf qui, avec « Cannonball », plonge encore plus profondément dans sa personnalité créatrice pour en extraire les odes les plus merveilleuses et humaines. Un opus émouvant et que l’on n’a de cesse d’écouter, encore et encore, sans jamais l’entendre deux fois de la même manière, tant celui-ci est accueillant et rassurant.
« Cannonball » d’Amber Arcades est disponible depuis le 2 juin 2017 chez Heavenly Recordings / [PIAS].
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