[Live] Alvvays au Point Éphémère

Plus de deux ans après sa double performance au Badaboum, Alvvays a refait une halte à Paris, avec un nouvel album dans ses bagages. Cette fois-ci, les Canadiens sont venus apporter, pendant plus d’une heure et à leur façon, un brin de soleil en pleine rentrée pluvieuse, dans le cadre tout trouvé du Point Éphémère.

Alvvays © Cédric Oberlin

Une ouverture bienvenue nous est d’abord proposée avec Alaskalaska, surprenant groupe de Londres qui, même sans album, suggère déjà une palette bien remplie, alliant pop funky et ballades rêveuses. Leurs partitions tantôt enjouées, tantôt mélancoliques, font presque oublier une voix sous-exploitée, car un poil trop aérienne et volatile.

Alaskalaska © Cédric Oberlin

« Antisocialites », c’est le nom de cette nouvelle friandise jangle pop offerte par Alvvays sur scène, et qui compile dix titres pour autant de tubes instantanés. La seconde, après celle, homonyme, qui avait sans aucun doute fait figure de meilleure B.O de l’été 2014 pour tous les fans des vieilles compilations C86. Loin de se limiter à une pâle copie de son prédécesseur, le long-format interprété par le quintet au complet est un formidable bon en avant autant dans le songwriting que dans les mélodies parfaitement épousées par la voix angélique de Molly Rankin. Preuve que le cap du fameux album « sophomore », comme le nomment les Anglos-Saxons, n’est pas forcément synonyme de casse-gueule ; en effet, les Canadiens redoublent d’habileté pour garder leur équilibre sur la corde raide qui les fixe entre dream pop aux synthés planants et power pop aux pédales fuzz.

Dans cette perspective, le show bâti sur une quinzaine de morceaux appuie même ce contraste, d’une part avec la mélancolie de la balade « Forget About Life », jouée presque en solitaire par la guitariste blonde platine et, d’autre part, l’énergie déployée dans les cordes de « Your Type», hymne solaire parmi tant d’autres du deuxième disque. De quoi largement tenir tête aux plus anciennes compositions de la formation de Toronto, et qui, sortes de pont entre l’imaginaire du Lac Ontario et celui de la Côte Ouest, font déjà figure de classiques beach pop trois ans après.

La setlist, bien pensée, nous offre une fin en apothéose, entre les supplications insistantes de Molly sur « Archie, Marry Me », l’air nostalgique de « Dreams Tonite » (à l’image de son clip vidéo, qui superpose les membres du groupe sur des films d’un autre temps) ou le plus ténébreux « Party Police ». C’est d’ailleurs le moment choisi par un public sensiblement averti pour s’agiter, index autant soulevé vers le ciel par ces mélodies légères et malignes que par ses textes subtils et graves.

Parce que même la parenthèse sombre et profonde ouverte par le bien nommé « Dives » ne renverse pas le sourire des spectateurs du Quai de Valmy, qui vont surtout retenir le goût sucré de la performance aux faux airs de Teenage Fanclub. Ainsi érigés en spécialistes de la pop douce-amère, les Canadiens produisent peut-être le son le plus précieux de la rentrée, celui qui nous prend par la main pour nous ramener sur le sable chaud des bords de plage, mais sans pour autant repousser les nuages gris de septembre.


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Charles Binick

Journaliste indépendant, chroniqueur passionné par toutes les scènes indés et féru de concerts parisiens