[LP] Aldous Harding – S/T

Elle pourrait être triste ou névrosée. Mais Aldous Harding n’est rien de cela. La plus branchée des musiciennes folk, ensorceleuse malgré elle, signe un premier album poignant.

Aldous Harding - Aldous Harding

Devant l’amas de brindilles qui s’apparenterait à une déforestation ou à un délire de castors désorientés, Aldous Harding se tient là, dans un apparat à la cool, casquette publicitaire d’un magasin d’alcool sur ses cheveux gonflés par le vent de son pays natal, la Nouvelle-Zélande, véritable havre de paix et de somptuosités naturelles. Elle a grandi à Littleton, petit port avoisinant Christchurch et qui fut pendant longtemps une terre des Maoris. Sa musique n’est pas tribale ; ou l’est, à sa façon, accentuée par les « r » qu’elle roule sous sa langue, par cette nonchalance totalement transie et hantée par les fantômes d’un folk aussi ancien qu’actuel. Aldous livre une musique qui fait trépider le cœur. On a la tête qui bourdonne de cette voix triste et sublimement nasillarde.

D’une intensité plus mesurée, Aldous fait penser à Basia Bulat et à l’univers gothique de Linda Perhacs. Elle arrange le tout d’une manière plus détendue, peint ses murs poreux d’une lasure éclatante. Cette chaleur intimiste est la source d’un fort sentiment d’appartenance venant de sa culture populaire, de cette ville brassée de différentes classes de métiers qui en font une communauté à part entière et d’autant plus dépaysante.

« Hunter » et « Titus Groan » résument la fougue pudique de la jeune femme, tandis que toute la sensibilité de la belle est concentrée dans « Stop Your Tears » (facile à dire) et « No Peace », titres lancinants et poignants. L’intime est ici dans son habit le plus pur. Même quand Aldous reprend « Unfucktheworld » de la divine Angel Olsen, avec les mêmes pouvoirs de séduction, on tombe de nouveau à la renverse. L’amour est donc présent, chaste et pas encore venimeux.

L’album éponyme d’Aldous Harding est disponible depuis le 11 septembre 2015 chez Spunk Records.


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Julien Catala

chroniqueur mélomane, amoureux des échanges créés autour de la musique indépendante