En s’attaquant à l’une des plus belles chansons de Fleet Foxes, After Marianne prend un risque que d’aucuns penseraient inconsidéré ; mais interprète sa propre version avec une intensité et une ampleur visuelle et sonore d’une intense beauté.
Difficile de se confronter à l’un des plus importants mythes artistiques de ces dernières années ; beaucoup y sont allés de leur propre version, avec plus ou moins de succès, magnifiant ou saccageant leur matériau d’origine. Mais, lorsqu’il s’agit d’After Marianne, tous les espoirs sont permis ; de ce fait, la simple idée de donner un second souffle au superbe « Tiger Mountain Peasant Song » de Fleet Foxes nous intrigue et nous donne irrémédiablement envie d’en savoir plus, de confronter les deux projets selon leurs propres langages et leur symbiose pendant un peu plus de trois minutes. Et force est de constater que celle-ci est totale, tant After Marianne s’implique corps et âme dans sa performance et sa relecture, respectueuse et personnelle, de l’hymne des New-Yorkais.
Le simple fait d’offrir la rythmique principale au piano, en lieu et place de la guitare, est une remarquable intension ; de même que la voix, toujours si fascinante et chaude, de Mathilda, imprégnée d’une tendresse tragique dessinant les contours d’une inégalable intimité visuelle et sonore. Lorsque les chants s’unissent, la profondeur émotionnelle de cette reprise nous explose en plein visage, fait battre nos cœurs plus rapidement et naître les larmes aux creux de nos yeux. L’osmose est totale et parfaite ; et After Marianne démontre, une fois de plus, son potentiel et son talent inépuisables et chargés d’humanité. Éblouissant.
