Depuis sa formation début 2015, c’est la rage au ventre que le quatuor agenais The AA se bat pour faire entendre ses hymnes new-wave pop, ténébreux et salutaires à la fois, comme si Archive avait rencontré Depeche Mode. Fruit de sa persévérance, le groupe sortait en février dernier son premier album, « Can Care Less », présentant neuf compositions aux notes intenses, investi à parts égales d’une âme punk et d’une essence foncièrement indie pop. Un disque somme tout passionnant refaisant le voyage à travers les influences et les histoires habitées de ses quatre membres et délivrant bien des pépites à l’instar de l’hanté « Can Care Less », du colosse « Loaded Words » et du vif et instantané « Surprise Bread ». Sorti seulement quelques semaines avant le premier confinement, l’album n’a pas vraiment eu le temps de vivre son histoire sur scène, et c’est ainsi qu’a germé chez Pierre-Olivier, Benoît, Léo et Robin l’envie d’immortaliser l’intensité et la gravité de leur musique, finalement bien ancrée avec l’époque que nous traversons. Pour indiemusic, The AA partage avec nous ses réflexions et l’histoire de leur titre « Extended Play », conclusion et synthèse de leur remarquable long format, retravaillée et augmentée dans le cadre de cette session tournée en juillet dernier au Théâtre Ducourneau d’Agen. Dix minutes de live à découvrir ici en exclusivité et racontées par le groupe lui-même, que demander de plus ?
Alors « Extended Play », ça cause d’une personne dans sa baignoire, isolée. On ne sait pas vraiment si elle joue un rôle, si c’est une pièce de théâtre dans laquelle on lui demande de jouer son personnage à fond (ici se donner la mort) ou si elle expérimente réellement ce moment… C’est une ouverture vers la suite, est-ce que la suite peut permettre d’autres expériences pour peu qu’elles soient vécues profondément. An « extended play », encore un tour ?
Et c’est marrant parce que sur l’album, on l’a placé en dernier. Inconsciemment, on n’a peut-être pas vraiment fini ce morceau qui est assez pop music dans la réalisation et qui va vers quelque chose de plus tendu, pour terminer sur cette petite fin qui peut également représenter une ouverture vers autre chose, vers d’autres facettes de notre identité musicale.
On est un groupe qui s’est retrouvé un peu par hasard en 2015, à la croisée des chemins de la fin de nos projets musicaux respectifs. On est tous issus du rock, mais on a des profils assez différents, on se suit en termes d’âge et donc d’expériences. C’est assez intéressant de retrouver les influences musicales de chacun sous ce prisme, du doyen au cadet on retrouve du The Cure, Portishead en passant par Bowie et les Stone Roses pour Pierre-Olivier (guitares, synthé et Rhodes), Benoît (batterie) écoute un peu de tout et vient quant à lui du milieu ska punk, il apprécie les bonnes réalisations pop ; pour Léo (chant) ça va de LCD Soundsystem à Crack Cloud, Preoccupations ou encore Ought et, enfin, Robin (basse et synthé) – le junior de la bande – a été biberonné au rock 60’s jusqu’à Pink Floyd et se retrouve beaucoup dans les nouvelles sorties psychédéliques, de Pond ou Tame Impala entre autres.
On s’est d’abord entendu sur une pop électronique assez synthétique avec un premier EP en 2015. Ça nous a ouvert les portes de grands festivals comme Beauregard ou Garorock et de premières parties assez chouettes (AaRON, Isaac Delusion, Feu! Chatterton), mais probablement un peu trop vite, car la suite a été un peu plus hasardeuse. On a beaucoup testé et finalement décidé de sortir un album en février 2020, « Can Care Less », avec neufs nouveaux morceaux, suivi d’une release party où on a rassemblé le public et la scène locale au Florida d’Agen, la SMAC de chez nous… Puis le lockdown !
On a continué à bosser le live et à écrire des morceaux. On est revenus assez naturellement sur ce morceau « Extended Play » sur lequel on sentait qu’il pouvait y avoir une suite encore plus organique. Puis, à la suite d’une vidéo d’un autre morceau, « Post Partum Child » enregistrée chez nous pendant le confinement, la directrice du Théâtre Ducourneau, également à Agen, nous a proposé une résidence dans son lieu pour enregistrer une captation vidéo live de 30 minutes.
Nous souhaitons mettre en avant « Extended Play », extrait de ce concert, pour continuer à promouvoir notre LP « Can Care Less » et aussi pour partager ces moments de sensation uniques en live… dans une période et un contexte actuel douteux… D’ailleurs les sièges vides du théâtre résonnent assez dramatiquement compte tenu de ce que nous sommes tous en train d’expérimenter collectivement.
« Can Care Less » de The AA est disponible depuis le 22 février 2020.
Retrouvez The AA sur :
Facebook – Instagram – Soundcloud