[LP] A Singer Must Die – Venus Parade & More Songs Beyond Love

Si j’avais parié sur un covoiturage Angers – Paris pour rencontrer le musicien qui me soufflerait cette chronique, je n’y aurais pas cru un instant. Et pourtant, c’est bien sur ce trajet que j’ai rencontré Romuald « Romy » Marx, guitariste du projet angevin A Singer Must Die. Lui conducteur et moi passager à l’avant du véhicule, on parle de nos hobbies, de nos passions et, inévitablement, la musique entre dans la discussion.
Romy me présente alors son groupe, que je connais alors juste de nom, et nous voilà à écouter une version sortie du mastering de son nouvel album « Venus Parade & More Songs Beyond Love ».
Sur le trajet, je pense à ces années 2000, à l’époque où Eskobar chantait « Someone New » avec Heather Nova, et je me dis qu’on retrouve finalement un peu de cet esprit chez A Singer Must Die, à travers cette voix apaisée et contemplative, qui a tant à raconter, sereinement.

A Singer Must Die - Love Parade

Il y a d’abord cette sensation de vague venue du froid sur « Opening Night » ; ballade instrumentale poétique et mystérieuse, douce et glaciale achevée en symphonie grandiose.

« Smoky Mourners » enfume notre pièce de nuages blancs et nous donne le blues. Une nostalgie omniprésente sur ce disque aux rythmes lents et langoureux, aux petites accélérations et aux petits soins.
Raffiné, on écoute l’élégant « Black Limo », rock complexe et tortueux aux riffs tourbillonnants, puis on tombe sous le charme de « The Fortress » à la construction échafaudée en appelant à la spontanéité de la pop islandaise actuelle comme à la créativité des débuts d’Arcade Fire et de The Divine Comedy.

Et comment ne pas tomber sous le charme du romantisme délicat et berceur de « By The Dawn Of Monday », de la marche impériale de « The Majestic Walk », ballade pop élégante et immersive dans les territoires pop orchestraux comme de l’entraînant et changeant « Feel Foot Wood », dont le refrain rompt d’entrain avec des couplets plus paisibles.

Arrêtons-nous enfin sur « Still Words », sur son environnement vivant, riche d’instrumentation, de rythmes et de vie. Un titre tout bonnement habité et foisonnant de détails et d’enluminures pop exquises. Le projet A Singer Must Die ne tient décidément pas qu’à des mots, mais également à des arrangements de grande classe, orchestrés par le producteur Ian Caple (Tindersticks, Bashung, Tiersen…).

Et ce qu’on aime finalement sur ce « Venus Parade », c’est cette impression de compilation, d’un disque sans véritable accroche, sans destination savamment planifiée. La surprise est souvent totale, toujours inattendue.
C’est aussi un album qui aurait pu sortir dix années auparavant tant il colle d’une certaine façon à cette autre époque de la pop et du rock anglais des années 2000, celle de Suede, de Doves et de Guillemots.

crédit : Jérôme Sevrette
crédit : Jérôme Sevrette

A Singer Must Die est décidément un projet à part, raffiné, esthète, à l’armature fascinante et à la mécanique savante. Un groupe qui aime nous perdre pour mieux nous surprendre. Des titres pas toujours évidents la première fois, mais qui dévoilent tout de leur caractère au fil des minutes. Un disque affiné par les écoutes, retenons donc cette idée-là, elle prendra aussi sens pour vous…

« Venus Parade & More Songs Beyond Love » de A Singer Must Die, sortie le 16 juin 2014 chez Modulor.


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Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques