Auteur de l’un des meilleurs albums de l’année 2016 intitulé “Human Performance”, le groupe Parquet Courts continue de gravir les échelons. Après une longue tournée mondiale, le quatuor de Brooklyn s’est offert un petit break afin que les membres du groupe puissent souffler et s’éclater chacun de leur côté. Nous avons vu le bassiste Sean Yeaton s’allier avec Mark Kozelek pour un album collaboratif en juin dernier et, maintenant, c’est au tour d’Andrew Savage de se lancer en solo avec son premier opus, « Thawing Dawn ».
Comme pour la majorité de membres du groupe qui s’offrent une aparté en solo, mieux vaut s’éloigner de l’univers musical qui a forgé leur réputation afin d’explorer de nouvelles influences. Et, bien évidemment, la règle s’applique également pour Andrew Savage, rebaptisé ici A. Savage. Musicalement, il se rapproche plus des influences folk-rock psychédéliques et rustiques que du post-punk de son groupe, mais également de ses origines texanes, et ce, avec l’aide des membres des groupes d’EZTV, Ultimate Painting, Psychic TV, Woods et PC Worship. Et quel bonheur de l’entendre plus apaisé sur des morceaux intimistes et planants, à l’image de « Buffalo Calf Road », où il traite du sort critique des Amérindiens ; sans oublier l’introspectif et minimaliste « Wild, Wild, Wild Horses » et « Indian Style », qui ont de quoi renforcer les talents d’écrivain de l’homme.
Jouant à fond la carte de l’introspection, « Thawing Dawn » permet de déceler au mieux la psychologie d’A. Savage, qui dévoile son côté romantique et fleur bleue un peu paumé à travers des luttes internes parfaitement bien exprimées sur « Eyeballs », la chanson d’amour traditionnelle nommée « Phanton Limbo » – qui a de quoi rappeler Teenage Cool Kids par moments – ou encore la pièce centrale de l’opus nommée « What Do I Do » où l’on passe, en sept minutes, du calme à la tempête grâce à son saxophone cacophonique. C’est en utilisant des métaphores bien choisies qu’il se dévoile à nous, mais également au moyen de mélodies entraînantes comme « Indian Style », ainsi que le second chef-d’œuvre nommé « Ladies In Houston », au-dessus duquel plane encore l’ombre du regretté Leonard Cohen.
Après une conclusion éponyme durant laquelle il change sans cesse de rythme, nul doute que le membre de Parquet Courts brille, sur ce premier opus, par ses textes parfaitement ciselés et son atmosphère americana totalement maîtrisée. Ici, il ressasse tout ce qui lui trotte par la tête depuis un bon moment : à savoir, ses nombreux chagrins d’amour, ses incertitudes ainsi que son honnête opinion sur son Texas natal, distillant le tout avec précision et finesse.
« Thawing Dawn » d’A. Savage est disponible depuis le 13 octobre 2017 chez Dull Tools.
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