Porté par les extraits cinématographiques qu’il met en lumière, « Jane’s Gone (With Magic Pills) » est un trip intérieur se vivant en solitaire, aussi bien en pensant à l’être aimé qu’à nos propres erreurs et oublis. A Forest Man explore la perte dans un bouleversant moment de nostalgie.
On trouve, au cœur de ce nouveau clip, un profond sentiment d’abandon, de perte de repères. Il faut tailler la route, quitte à voir les réminiscences de notre passé s’estomper bien trop vite. « Jane’s Gone (With Magic Pills) », ballade contemplative nous incitant à suivre la progression inéluctable de son héroïne par pellicule interposée, se rive insidieusement à nos consciences, nous faisant réaliser que le défilé d’images granuleuses en noir et blanc que nous contemplons nous met dans la position d’un observateur curieux, mais cependant incapable d’agir pour aider cette fragile créature. Les accords et arrangements folk et psychédéliques de la chanson d’A Forest Man, fixant l’abysse tandis qu’il attire inexorablement sa future victime, nous inquiète et nous rassure, berceau de la mélancolie et de la crainte d’arriver trop tard.
Le travail artisanal qui nous est présenté devient rapidement prenant, à travers un montage précis, un enchaînement basculant sans attendre de l’espoir au cauchemar. La peur de la sortie de route, tant physique que psychique, est omniprésente et se mue en un appel à l’aide dont notre frustration pourrait bel et bien causer la métamorphose. Car, en acceptant de scruter, sans ciller, « Jane’s Gone (With Magic Pills) », nous faisons un geste pour espérer traverser l’écran, les époques, les genres. Mêlant les sensations sonores et picturales, A Forest Man rend hommage et, dans le même temps, invente sa propre narration, lente, introspective, éprouvante. Une oeuvre d’art se parant de teintes sombres certes, mais dont le désespoir suscite une véritable exaltation sensorielle.
