[Entourage #10] Samson Didry-Stancioff (Ruby Cube)

Fin septembre 2017, cinq Toulousains dans le vent de l’indie pop sortaient « Flesh », leur premier album chez Choke Industry. Nous avions découvert quelques mois plus tôt à travers des clips brillamment nourris par le cinéma surnaturel et fantastique culte des 80’s, allant du « E.T. » de Spielberg au « Christine » de Carpenter, Ruby Cube, jeune héritier de la génération M83 propulsée en pleine ère Netflix. Avec ses hymnes accrocheurs et généreux en mélodies, le quintet electro-pop porté par une énergie propre, intense et collective, et autant de singles redoutables d’efficacité, signait l’une de sorties musicales les plus addictives de la fin d’année en France. Il ne faisait aucun doute pour nous que son chanteur, Samson Didry-Stancioff, passionné d’histoires surnaturelles, aurait bien des anecdotes à nous présenter sur son groupe et ceux qu’il a côtoyés ces dernières années. Nous l’avons ainsi invité à reparcourir avec nous, pour indiemusic, cinq de ses souvenirs et rencontres les plus forts, qui n’ont pas manqué de raviver à notre tour notre curiosité et notre amour pour la nouvelle scène indépendante française.

crédit : Louis Derigon

La Recette

Notre histoire d’amour avec ce groupe de soul/pop/RnB, toulousain comme nous, aurait pu très mal commencer. En effet, le contexte de notre rencontre n’était pas des plus simples. C’était il y a deux ans et nous étions au coude à coude dans le concours des Curiosités du Bikini, à Toulouse. Mais la hargne de la compétition n’a fait que nous rapprocher, et nous découvrîmes petit à petit un groupe de jeunes garçons incroyablement talentueux, adorables et drôles. Bref, ce fut le coup de foudre ! Depuis, nous avons partagé de nombreuses salles, dont le Pop-Up du Label à Paris pour la release party de notre premier album. Oscar Emch, le chanteur, guitariste et compositeur de La Recette a même remplacé Eliott, notre guitariste, sur deux dates à Montpellier et La Rochelle l’été dernier ; un souvenir qui restera gravé dans sa mémoire sûrement bien trop longtemps.


Ninety’s Story

On a rencontré ces jeunes niçois il y a pas mal de temps maintenant. Assez pour que certains détails soient flous. Je crois qu’ils nous avaient contactés, ou l’inverse, pour échanger des dates à Toulouse et à Nice, et le courant était plutôt bien passé. C’était à l’époque où on sortait « Lobsters and Cherries », et on organisait un concert à La Dynamo pour l’occasion. Du coup, on les avait invités à jouer avec nous et ça s’était super bien passé. Je me souviens qu’ils avaient mis le feu, et que leur live était tellement carré que j’avais la pression de monter sur scène après eux. Les jeunes toulousaines ne se sont toujours pas remises du chanteur Guillaume, chemise ouverte, se dandinant dans la foule. Et au fond, nous non plus ! Depuis, on prend des nouvelles souvent, ils viennent manger turc avec nous à Paris et on espère bientôt leur faire un coucou à Bruxelles, leur nouvelle ville adoptive.


Pétrole

Notre relation avec Pétrole diffère un peu des précédentes pour deux raisons. Premièrement, ce n’est pas un groupe de musique à proprement parler, mais un collectif d’artistes portés sur la musique électronique. Deuxièmement, nous connaissions ses membres bien avant qu’ils décident de créer le futur label électro le plus hype de France. Pour faire simple, ce sont nos meilleurs potes depuis presque toujours, et à la base ils voulaient surtout s’amuser et proposer des soirées un peu différentes à Toulouse. Parce qu’on s’ennuyait pas mal là-bas. Du coup, c’est ce qui s’est passé, et petit à petit ça a commencé à bien prendre. Ils sortent des disques régulièrement et jouent un peu partout ; on les a évidemment invités à faire des DJ sets après pas mal de nos concerts. On rêve d’une tournée mondiale Ruby Cube – Pétrole.
Pour faire un peu d’autopromo, Joseph sort d’ailleurs un EP chez eux, sous le nom de Gems Copy.


Paulette Wright

Les concerts ne se passent pas toujours bien. Et celui où l’on a rencontré Paulette était du genre catastrophique. C’était l’année dernière, on jouait à la Java à Paris et on était plutôt content parce que c’est un club où on a passé de belles soirées. Je vous passe les détails, mais ce fut un concert très délicat. Le son n’était pas super, on n’entendait pas grand-chose, Joseph a passé le show entier à chercher une corde (pour sa guitare), et il n’y avait pas grand monde dans la salle ; BREF un moment à oublier ! Mais pas complètement. Parce que ce soir-là jouait avant nous une jeune fille qui m’a cloué au sol. Je n’avais jamais vu autant de douceur et de fragilité émaner de quelqu’un. Je n’ai pu m’empêcher de vouloir la rencontrer, et c’est devenu mon amie. On s’écrit, des chansons parfois, et même si on se voit trop rarement, c’est une de mes plus belles rencontres de l’année passée.


Marius Gonzalez

Notre label (Choke Industry) nous a présentés à Marius Gonzalez, le clippeur de Josman, pour lui confier la réalisation du clip de « Precious Stone ». C’était un rendez-vous un peu sérieux, à 9h du matin, et il n’était vraiment pas réveillé. Mais nous non plus, du coup, on s’est bien entendus. C’était un tournage un peu difficile pour plusieurs raisons : le temps de préparation, le budget un peu serré, et également le fait que c’était la première fois que Marius avait besoin de s’entourer d’une équipe. En l’espace d’une semaine, Marius et nous-mêmes avons dégoté une équipe de tournage à partir de connaissances de connaissances. C’était assez chaud, faut l’avouer ! Au final, tout s’est super bien passé, on était un peu la « première fois » de Marius et c’est trop bien de le voir progresser depuis. C’est un autodidacte et il bosse comme un malade pour être toujours plus fort, c’est vraiment impressionnant. Il s’est même mis à se lever tôt. On a gardé contact et c’est un très bon pote maintenant. On était avec lui pas plus tard qu’hier d’ailleurs.

Avant dernier clip sorti avant l’album « Flesh », le clip qui illustre « Precious Stone » résume à lui seul l’identité musicale et indissociablement visuelle de Ruby Cube. Une réalisation signée par Marius Gonzalez donc, qui n’est pas sans évoquer certains épisodes de la série d’anticipation culte anglaise, Black Mirror, en projetant deux jeunes individus depuis une capsule de réalité virtuelle du futur dans une relation amoureuse des plus sensuelles et déroutantes à la fois. « Fuckin’ brilliant » comme on dit outre-Manche !


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Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques