Une déambulation nocturne au cours de laquelle la haine de l’autre se métamorphose en colère contre soi, contre ses propres faiblesses et ses blessures toujours ouvertes et à vif. « Nuits Blondes » pourrait être une quête de la rédemption ; mais il demeure, avant tout, un cri musical et visuel marquant et percutant, dont on ressort à la fois hébété et, contre toute attente, plus fort.
Ne pas lâcher prise. Ne pas laisser nos corps et nos âmes s’abandonner, se corrompre, disparaître sous les masques et les allures obsolètes d’un paraître qui n’est pas nous. Nuits Blondes, avec ce formidable court-métrage réalisé par ses propres soins, déroule les tapis cloutés d’un chemin au fil duquel l’égarement est probable, voire inéluctable. Cet homme, saisi par la fureur et les larmes, n’est-il pas finalement chacun d’entre nous ? Ne devient-il pas, minute après minute, notre reflet dans une flaque obscure et souillée ? Pourtant, la clarté n’est jamais loin, dans un noir et blanc soigné et puissant, véritable résonance de nos propres paradoxes. Suivons-le, alors, dans les ténèbres ; vers l’oubli ou, espérons-le, la vérité.
Le clip semble avoir été conçu pour représenter, lors de chaque mouvement de caméra, plan de coupe ou éclairage, la symbiose parfaite entre une chanson déjà elle-même troublante et son double pictural ; les plans, scènes, lieux et postures épousent le verbe et les harmonies, brutalement ou au cours de ralentis éthérés, union sacrée avant la chute et le désespoir. Et c’est de cette manière que « Nuits Blondes » agit à contre-courant de ses apparences premières ; car, sous la cendre et la pollution nocturne, demeure avant tout l’être, fragile, impuissant mais vivant. Entre les murs fracassés, les éclairages artificiels et les allées abandonnées, la course et l’hystérie se muent en exutoire, tandis que l’individu se consume sous nos yeux, brûle de l’intérieur et s’évade. Seule, la destination restera mystérieuse ; folie ou délivrance ? L’apaisement du lieu final et de ce cheval courant librement nous laisse augurer de la seconde interprétation. Un répit ? Non, une libération, que Nuits Blondes explore sous toutes ses formes dans un fabuleux EP sorti aujourd’hui et dont nous vous reparlerons en détails dès lundi. En attendant, « Nuits Blondes » transperce nos cœurs meurtris et y insuffle un flux sanguin et une décharge d’adrénaline intenses et électrisants.
