[EP] Djakarta – Djakarta

Duo aux multiples racines nous offrant un premier disque empli de saveurs délicates, Djakarta invite autant au voyage intérieur qu’à la traversée de paysage entre merveilles et naturalisme, grâce à une collection de tableaux musicaux d’une beauté immuable et rapidement indispensable. Explorant la mélodie dans son noyau le plus sensible, nos deux artistes en extraient des trésors inespérés et d’une douceur exquise, mélancolique et motivante.

crédit : Mark Stuart

Franco-australiens d’origine, Raphaël et Tristan Stuart, alias Djakarta, franchissent un cap supplémentaire, en plus de frontières maritimes et terrestres, avec un premier EP résolument inspiré de ces voyages intimes qu’eux seuls ont pu vivre et qui ont inspiré la sensibilité chaude et prenante d’un opus ne sombrant jamais dans la pop pure. En effet, « Djakarta » ressemble à ce qu’il est : un journal intime, d’une sagesse et d’un respect rares, ciselé au millimètre près par deux créateurs ne laissant rien au hasard le long de cinq errances harmoniques entre appels du large et nuits étoilées, en plein désert, alors qu’un feu salvateur nous réchauffe. Aucune hésitation, non plus, dans ces mélopées d’un autre temps, ces histoires nocturnes et bienveillantes ; tout est offert avec cœur et humanité, nous laissant admiratifs et hypnotisés par de telles minutes de pureté et de confession.

L’échange musical qui s’exerce entre le couplet, porté par un dialogue voix/clavier discret et d’une inébranlable efficacité, et le refrain de « Paranoid », laisse entrevoir les tunnels d’un monde parallèle, à la fois attirant et étrange, dans une clarté éblouissante et rassurante, une continuité spontanée et aux accords de piano affirmés et guidant nos pas dans un dédale instrumental aussi virtuose qu’abordable et entêtant. « My Friend », appel à l’amitié autant qu’à la crainte de perdre celui ou celle sans qui notre vie ne serait plus la même, nous émeut dans la douleur de chœurs enivrants et douloureux, mais auxquels il est impossible de résister. Djakarta ne reproduit pas : il progresse, au fil de ses compositions, passant d’un sentiment à un autre sans que cela semble déplacé ou choquant. « Rising Tide » regarde vers l’Ouest, vers le désert où tout reste à construire, où l’eau viendra bientôt nourrir une terre fertile là où certains ont abandonné tout espoir ; une contemplation chargée d’ambition et de volonté, qui se poursuit sur le dynamique et dansant « You and Me », où les guitares cinglent et portent un timbre prêt à imploser et s’imposer. Et, comme si la créativité de Djakarta ne connaissait aucune limite, « On The Moon » s’évade, vole vers de nouveaux sommets, voire bien au-delà, parmi les étoiles, alors que les litanies et six cordes épiques et sensorielles se fondent dans nos esprits et nous entraînent avec elles.

« Djakarta » demeurera pour toujours une vocation, tant pour ses géniteurs que pour ceux qui le découvriront. Un chemin que l’on emprunte sans en connaître les méandres, où les feux follets seront nos seuls guides, mais qui, alors que les kilomètres de partitions éthérées et mirifiques auront été parcourus, mène à une vérité et à un regard sur soi qui se trouveront à jamais bouleversés. Une entrée en matière qui ne passera pas inaperçu, parfaite et vivante, unique et audacieuse. À suivre et encourager, de plus en plus, pour les mener aussi loin que leur talent le mérite.

crédit : Lenita Visan

« Djakarta » de Djakarta, sortie le 13 octobre 2017.


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Raphaël Duprez

En quête constante de découvertes, de surprises et d'artistes passionnés et passionnants.