[EP] Chine Laroche – On My Mind

En donnant à des influences R’n’B une nouvelle déclinaison plus fine et précise, tout en laissant évoluer chaque piste dans une atmosphère envoûtante et délicieuse, Chine Laroche signe un disque d’exception, dans tous les sens du terme. Osant s’affranchir de genres trop réducteurs, elle orne ses compositions d’une imagination et de structures brumeuses et chaleureuses, dans lesquelles on aime se perdre toujours plus.

Difficile de se démarquer de certains genres sans se perdre dans des expérimentations qui deviendraient, au fil du temps, trop expérimentales ou encombrantes pour bon nombre d’artistes. Parmi ceux-ci, les élans électroniques, de plus en plus présents dans la production actuelle, font partie intégrante de ces territoires dans lesquels on pénètre à ses risques et périls, soit pour y déterrer de nouvelles pépites, soit pour en déterrer des pierres sans aucune valeur émotionnelle. En découvrant « On My Mind » de la musicienne parisienne Chine Laroche, on est en droit d’affirmer une seule et même évidence : l’opus ici offert à nos oreilles fait montre d’un professionnalisme de tous les instants, mais surtout d’une douceur et d’une humanité dans l’artificiel qui bouleversent tous les codes établis. Ornant ses créations de pulsions organiques et sensibles, la compositrice apporte un regard neuf sur des origines mélodiques dont elle se détache avec maestria et délicatesse.

Dès les premières nappes aériennes du titre éponyme, bientôt rejointes par des impulsions électro cardiaques et courant dans nos veines, Chine Laroche pose les bases d’une langue étrangère qui nous semble pourtant si familière, car faisant appel à notre perception cérébrale et épidermique. « Girl In Paris », errance solitaire aux douces senteurs de soul, se complaît à nous perdre dans les allées désertes d’une ville nocturne, alors que les murmures de la chanteuse nous accompagnent et nous guident. « Only Thing I Need » invite une guitare spectrale obsédante, renforçant ainsi la viscéralité inhérente à l’art ici parfaitement maîtrisé de la génitrice de ces œuvres qui s’écoutent autant qu’elles s’observent. Elles nous rassurent, nous serrent contre elles, nous cajolent pour mieux nous égarer et stimuler notre imaginaire. « Dreamer » devient un objet sonore non identifié, où synthétique, mécanique et Ether se confondent et nous transportent au-delà de la réalité, dans un dialogue masculin-féminin offrant deux interprétations d’un seul et même songe éveillé. « Break Out », enfin, est un point de rupture autant qu’une ouverture vers l’avenir que notre magicienne des sons et des pulsions s’apprête à nous offrir dans les mois à venir, aussi bien face à nous que sur microsillons. Pénétrant notre âme, elle se joue de nous afin de nous conduire là où elle se destine, nous conviant à une fête souterraine et sensuelle qui nous fait tourner la tête et battre le cœur.

« On My Mind » est un disque incomparable, porté par la voix à la fois chuchotée et précise d’une chanteuse qui nous donne à entendre ses obsessions et ses tentations. L’attirance est donc fatale, tant le pouvoir hypnotique de ces odes lumineuses et soyeuses devient à chaque instant de plus en plus essentielle à notre fonctionnement interne. Sentir le sang courir dans nos veines et le rythme cardiaque s’emballer puis ralentir, tout en laissant pulser les hormones du plaisir et du désir dans nos cortex cérébraux ; tel est l’effet subversif et captivant de cet EP de Chine Laroche, qui nous promet de belles et riches heures aussi bien en l’écoutant en boucle qu’en entrevoyant toutes les possibilités dont elle semble capable. Superbe et savoureux.

crédit : Maxime Rouge

« On My Mind » de Chine Laroche est disponible depuis le 18 novembre 2016.


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Raphaël Duprez

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