[LP] Barbarossa – Imager

S’il n’a gardé de la barbe rousse que la moustache, James Mathé parachève grâce à « Imager », son troisième album, dix compositions synth-pop aimantées et abrasives, à la complémentarité narrative et émotionnelle patente.

Barbarossa - Imager

Barbarossa est ici plongeur et physicien, cosmonaute et explorateur qui, de toutes les profondeurs, s’enquiert d’approcher sinon de repousser les limites. Il résulte à l’écoute du nouveau projet du Londonien un disque sensible et aventureux, nappé d’harmonies vocales scintillantes, de vagues électroniques analogiques chaleureuses et, tout autant, d’un mysticisme ingénieux et obsessionnel.

Album évocateur d’images et d’émotions, « Imager » amène des couches de sentiments à se chevaucher en rythme et en retenue sur autant de strates électroniques. Car ce troisième disque est l’œuvre d’un sensible, de ceux qui ressentent chaque son, chaque bribe d’air, chaque vibration d’une note comme une caresse inspirante, comme une lueur vers de nouveaux chemins.

Deux ans après « Bloodlines », James Mathé poursuit son itinéraire fantasque entre furies pop-électroniques dansantes et animées (Imager, Human Feel), electronica chaude et mystique (Home, et son invité de marque en la présence de José González), compositions synth pop tendues et torsadées (Nevada) et explorations pop climatériques (Solid Soul, Dark Hopes, The Wall).

De ces dix titres, nous mettrons de côté le duo « Silent Island/Muted », deux pistes à part tant elles s’avèrent complémentaires et à même de symboliser toutes les forces d’ « Imager ».
Sur la première d’entre elles, James Mathé invite Katy Young, l’une des deux voix du groupe post-folk brightonais Peggy Sue, pour un titre inspiré autant des paysages électroniques de Moby qu’habité d’un chant à la Junip. Tout est histoire de bonnes fréquentations chez Barbarossa, semble-t-il. « Silent Island » a tout du titre fort : un axe narratif saisissant, autour duquel s’enchaînent et finissent par s’entraîner couplets crépusculaires et refrains irradiants, réchauffés par les caresses vocales de la douce Katy.
Sur « Muted », Barbarossa est comme maintenu par le dernier fil qui le retient au-dessus du vide. Chaque note jouée est lourde d’émotion et renforce le poids des mots de James, plus que jamais dans la retenue et la précaution. Rarement un titre aura été autant suspendu.

Barbarossa

De Barbarossa chez James Mathé, il n’y a définitivement rien de barbare, sinon un peu de candeur rose, de celle qui permet de mieux rêver les mélodies pour pleinement les écrire et les partager. « Imager » est en cela un recueil d’imaginaires foisonnant, à la poésie flottante, quelque part entre ciel et terre.

« Imager » de Barbarossa, sortie le 11 mai 2015 chez Memphis Industries.


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Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques