[Live] Godspeed You! Black Emperor à l’Aéronef

ENFIN ! Des années que je courais après mon premier concert de Godspeed You! Black Emperor, et c’est ce soir à l’Aéronef que cela va se produire. L’excitation est à son comble.

Godspeed You ! Black Emperor

Lorsque j’arrive, la salle est encore presque vide ; seules quelques personnes sont accoudées à la crash barrière ou assises en cercle en attendant qu’il se passe quelque chose sur scène. J’en profite pour aller voir un des vigiles que je connais. Je le chambre un peu : « Ça va, tu ne devrais pas être trop débordé aujourd’hui !« . Il acquiesce : « Oui, c’est de la musique pour intellectuels ce soir. »

Je ne sais pas trop pour Godspeed You! Black Emperor, mais il faut avouer que la musique de Carla Bozulich, la première partie, a effectivement quelque chose d’intello. En tous cas, elle n’a rien d’une musique facile d’accès et tout d’une tentative pour le moins expérimentale. Éclairée seulement de quelques spots rouges, accompagnée d’un autre guitariste, également en charge d’envoyer parfois quelques boucles électro, Carla Bozulich étire des morceaux longs et lents. Le meilleur de son set viendra des deux titres joués avec le bassiste et le batteur de Godspeed You! Black Emperor, venus apporter une vraie énergie et une dynamique rock qui manquaient beaucoup au reste de la prestation. On est tout de même bien dans l’ambiance pour la suite de la soirée avec ce set pas comme les autres.

Le vigile rappelle les conditions aux photographes : « Les cinq premières minutes sans flash ». C’est mon tour de le chambrer et de lui souhaiter bonne chance pour chronométrer lesdites cinq minutes. En effet, le premier morceau est en réalité déjà lancé depuis un moment, avec un drone interminable qui parcourt la salle et se poursuit alors que les musiciens prennent place sur scène en arc de cercle. Peu à peu, chacun démarre sa partition et installe un « Hope Drone » très vite intense. De leur côté, les photographes se rendent à l’évidence : il n’y aura pas de lumière ce soir, si ce n’est deux rangs de trois spots rouges en arrière-scène, bien loin d’éclairer à leur intensité maximum.

Godspeed You! Black Emperor n’est pas là pour jouer les pop stars. Les musiciens ne sont même pas vraiment sur place pour promouvoir leur nouvel album, « Asunder, Sweet and Other Distress ». Absolument aucune concession n’est faite : pas de lumière, pas de pause (ou très peu) entre les morceaux, pas de micro pour s’adresser à la foule (faut-il rappeler l’absence de chant chez ce groupe ?) et pas de rappel à la fin. On est là pour un show total, en tension du début à la fin.

Derrière le groupe, un écran géant diffuse une lumière blafarde et voit défiler des mots (un « Hope » du plus bel effet sur le premier morceau), des formules mathématiques et énigmatiques, des pages de bouquins, des éléments d’architecture, des dossiers (de prisonniers ?) ou des paysages.

À la fin du second morceau (l’excellent Rockets Fall on Rocket Falls, issu de l’album Yanqui U.X.O.), nous sommes déjà à 45 minutes de concert, et pourtant nous avons l’impression d’avoir vécu deux morceaux de 5 minutes tellement nous sommes captivés et absorbés par cette performance.

Au bout de quatre titres, on voit des gens quitter la salle. Pas forcément déçus ; on a plutôt l’impression de lire sur certains visages une forme d’épuisement tellement ce concert demande au spectateur d’implication émotionnelle.

Ce qu’on pourra peut-être reprocher à ce live, c’est le choix de la setlist, regroupant des titres aux structures finalement assez identiques. Mais quelles claques que ces crescendos typiques des Godspeed You! Black Emperor ! Quels déluges de basses et murs de son pris en pleine tête lors des sommets de chaque morceau !

Et quelle première expérience que ce premier concert de GY!BE pour moi ! Vivement le deuxième !


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David Tabary

photographe de concert basé à Lille, rédacteur et blogueur à mes heures