Girls In Hawaii au sommet de son Everest au Grand Mix

Il y a des groupes pour lesquels on se souvient à tout jamais de la première fois où on les a entendus, ou de la première fois où on les a vus sur scène. Pour moi Girls In Hawaii est de ceux-là. Je me souviens notamment d’une de mes plus belles émotions live lors de leur passage au 106 de Rouen en 2008 (qui n’était alors qu’un chapiteau de cirque pendant que les travaux allaient bon train dans le hangar 106), accompagnés pour la petite histoire d’un jeune groupe débutant en première partie appelé Metronomy.

La suite on la connaît, et tout a été dit ou presque sur la mort de Denis Wielemans, le batteur du groupe, et sur la difficulté des Girls In Hawaii à surmonter ce drame. Tous ceux qui aiment ce groupe savent qu’ils ont failli ne jamais les revoir. Aussi, en ce samedi 7 décembre, date de passage des Girls In Hawaii au Grand Mix, et ultime date de cette tournée pour le groupe, une seule question se pose : le groupe donne-t-il l’impression de regretter son choix de remonter sur scène, ou au contraire en est-il heureux ?

Girls in Hawaii

Le concert débute sur quelques notes de « The Spring », et les musiciens entrent en scène, juste le temps pour le public de réaliser que le nouveau batteur du groupe est Boris Gronemberger, le leader du groupe V.O. qui assurait la (très bonne) première partie du concert. Les hostilités démarrent avec Wars, le morceau qui conclut l’album. Début tout en nuances avant de faire clairement passer un message avec « Not Dead » et « We Are The Living », morceaux sur lesquels le chanteur Antoine Wielemans passera beaucoup de temps les yeux au ciel, sans doute en hommage à son frère disparu. À peine le temps de se demander comment le groupe va amener son retour aux anciens albums après ça, que les Girls In Hawaii nous envoient un joli triptyque « The Fog », « Sons of The Sun » et « Time To Forgive The Winter ».

Girls in Hawaii

S’il y a bien une chose que j’avais oubliée des Girls In Hawaii, c’est que contrairement à certains groupes qui ont besoin de rester concentrés sur leur musique pour créer une ambiance, chez eux les digressions verbales font partie du charme de leurs concerts. Très rapidement, Antoine et Lionel, membres fondateurs de Girls In Hawaii et amis de toujours, se mettent à nous raconter que leur toute première résidence, à une époque où personne ne les connaissaient, c’était au Grand Mix, qu’ils se souviennent qu’ils avaient cassé quelque chose parce que Daniel, le bassiste, jouait trop fort, qu’ils avaient dû rembourser, et qu’à l’époque c’était beaucoup d’argent pour eux. Antoine rajoute dans un sourire « Deux mois sans bière, c’était dur ! » Et Lionel nous cueille avec un « C’est bon de revenir ici. » auquel on a envie de crier « Et c’est tellement bon de vous retrouver ! »

Girls in Hawaii

Des moments comme ceux-là, il y en aura beaucoup dans la soirée, comme lorsque juste après « Found in The Ground » et avant d’entamer « Misses », le public se met et remet à applaudir et crier à tout rompre. Ce à quoi Daniel rétorquera : « Attendez, en fait on n’a pas encore fini. » Ou encore quand Lionel explique que le groupe va jouer un morceau inédit (le très réussi « Connections ») qu’il aimerait dédicacer à sa petite amie présente dans la salle, ce qu’il avoue être contraire au code des groupes de musique, et qu’Antoine le met dans l’embarras en lui demandant s’il ne veut pas en profiter pour la demander en mariage.

Girls in Hawaii

Côté musique, on retiendra une fin de concert un peu plus percutante, avec plus de basses et des morceaux un peu réaménagés pour la scène, comme « Organeum » ou surtout, surtout, cette version épique et foutraque d’un « Flavor » martelé, allongé, étiré jusqu’à la corde, comme le fil de ce combiné de téléphone servant de micro à Antoine et avec lequel il parcourra la scène de droite à gauche, hypnotique comme ces stroboscopes donnant un air d’apocalypse au tout dernier morceau d’un fantastique set de deux heures.

Girls in Hawaii

Gageons que les Girls In Hawaii, qui se diront à plusieurs reprises épuisés par cette longue tournée (« on est foncedés » dira Antoine), se remettront vite de telles émotions et reprendront aussi vite les routes pour notre plus grand bonheur (plusieurs dates sont déjà prévues en 2014). Gageons aussi que le public du Grand Mix aura du mal, lui, à passer à autre chose après un si bon concert.

Girls in Hawaii

girlsinhawaii.be
facebook.com/GirlsInHawaii

La galerie photo du concert : Girls In Hawaii @ le Grand Mix

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David Tabary

photographe de concert basé à Lille, rédacteur et blogueur à mes heures