[EP] 1984 – Night Phases

Depuis son album « Influenza » sorti en novembre 2012, on attendait de pied ferme de nouvelles compositions de la part du trio indie rock strasbourgeois 1984.
Il y avait bien sûr eu d’excellents clips pour accompagner durant plus d’un an cette sortie ; « Maze », hymne rock furieusement addictif terminé en tempête glaciale et surtout le très original « Fulmine » réunion d’instants choisis et barrés sur la route de leur dernière tournée européenne, mais depuis six mois plus rien à se mettre sous la dent.

1984 - Night Phases

En amont de la sortie de leur nouvel EP « Night Phases », annoncé pour la mi-novembre, la belle composition nocturne au piano, « Curtains On Our Nights » mettait fin à notre attente. Le chant d’Étienne, parcourant les allées sombres et vidées d’une vaste maison abandonnée, nous dressait alors instantanément les poils et nous donnait le grand frisson, celui d’un titre solitaire terriblement hanté de souvenirs.

Mais ce n’est pas dans les habitudes de 1984, au nom hérité du roman d’anticipation sur Big Brother, de ne proposer qu’un seul bon titre sur ses disques. On peut même dire que l’EP dans son ensemble nous régale de ses variations d’ambiances et d’atmosphères et sa certaine envie de surprendre en invitant d’autres voix à venir s’y poser.

Le premier single, « Make Me Out », pas très loin dans le nom d’un certain tube de Franz Ferdinand sorti 10 ans plus tôt, a tout du titre coup de cœur, entre romantisme effarouché où le « je t’aime, moi non plus » devient l’objet du délit rock. Une séduction prudente dans laquelle les mots d’Étienne font corps avec ceux de la douce Camille aux chœurs en échos comme un caillou jeté en ricochets sur un lac gelé. C’est doux, rebondi, séduisant et évident, une composition indie qui a tout appris et compris.

Plus rock, mais toujours guidé par un axe mélodique immuable, clef de voûte du projet, « Body Torsion » excite les tensions pour mieux les évacuer ensuite. Entre accélérations vives, grandes lignes droites et reprise de souffle, 1984 nous emmène en virée avec l’assurance des plus grands.

Dans cet état de confiance installé, on n’a plus alors qu’à se laisser happer par un « Heavy Sleep » aux colorations bleutées et foncées, comme les nuits noires parsemées d’étoiles polaires. Sur les sentiers du sommeil profond, on se réfère à la voix de plus en plus imposante de notre guide, accompagné d’un synthétiseur, de riffs toujours discrets et d’une batterie qui impose sa cadence avec conviction.

Réveillé dans la nuit, on ère alors sur « Torpor », aux rythmiques plus excitées, où l’obsession d’une voix convie la folie sous nos draps. Énigmatique autant que flegmatique, 1984 sait où il va tout en brouillant nos propres radars.

1984

On préfèrera pourtant à « Torpor » la dernière composition de « Night Phases », « Thin », folk intimiste où les cordes métalliques de la guitare viennent nous rappeler l’essence de la musique du cœur : une voix et un instrument pour libérer tout un flot d’émotions, sublimé sur la fin par l’arrivée d’un violoncelle. Une autre présence surprise pour un résultat qui fait mouche.

En six titres bien ficelés, 1984 enterre d’un coup d’un seul les éventuels doutes qui pouvaient peser sur une suite au très bon « Influenza ». Un retour en force et en douceur avant, qui sait, un prochain album.

« Night Phases » de 1984, sortie le 17 novembre 2014 chez Deaf Rock Records.


Retrouvez 1984 sur :
Site officielFacebookSoundcloud

Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques