[Live] Jane Weaver et Froth à la Maroquinerie

Jane Weaver s’est produite à Paris à l’occasion d’une soirée organisée par le magazine Gonzaï à La Maroquinerie. Récit de la performance de l’une des grandes figures méconnues de la pop anglaise, consacrée à son huitième album, « Modern Kosmology ».

Jane Weaver
Jane Weaver – crédit : Cédric Oberlin

En première partie, on se laisse prendre au jeu des shoegazers de Froth. Une belle surprise que ce projet de Los Angeles mené par JooJoo Ashworth, dont le troisième long-format a une saveur particulière pour l’année du retour de Slowdive – influence évidente. Ces anciens locataires du très cool Burger Records sont maintenant chez Wichita Recordings depuis 2017 pour produire une belle suite de pop songs mélodiques qui ont immédiatement mis la Maroquinerie en apesanteur.

Après cette introduction inattendue, vient alors le tour de Jane Weaver. Son nouvel album, « Modern Kosmology », est passé un peu inaperçu – à l’image du précédent, il y a trois ans -, mais l’artiste basée à Manchester n’en reste pas moins à l’origine de quelques trésors cachés de la pop anglaise. Depuis 2002, elle trace, de cette façon discrète, son propre sillon sur la scène indé britannique et nous emmène, au gré de ses expérimentations, dans des paysages transgenres, du folk de ses débuts aux inspirations plus krautrock d’aujourd’hui. Son dernier essai, le huitième, est ainsi un petit bijou de pop cosmique aux contours électroniques et psyché.

Sur scène, avec sa longue robe rouge, Jane Weaver fait le choix d’y consacrer entièrement sa setlist et, chose rare, de nous l’interpréter à peu de choses près dans le même ordre de chansons que la tracklist studio. Comme si elle voulait respecter la nature d’un album concept, ou suivre une logique de narration dans l’enchaînement de ses dix titres. Accompagnée d’un large live band chargé de reproduire l’ambiance sonore complexe du projet sorti chez Fire Records, elle brandit de son côté un micro pour poser sa voix douce et obsédante. La performance commence donc par l’introductif et entêtant « H>A>K », acronyme d’Hilma af Klint, artiste suédoise pionnière de l’abstrait et à laquelle la native de Liverpool rend hommage. La suite est un kaléidoscope de compositions délicates et imprévisibles qui font de Jane Weaver l’une des championnes de la modernité pop, dont elle remet sans cesse en question les frontières et les motifs.

La compagne d’Andy Votel (Twisted Nerve Records) navigue ainsi dans des vagues de synthés aux couleurs psychédéliques (« Loops In The Secret Society ») ou krautrock (« Slow Motion »). La conclusion du set se fait sur le superbe « Ravenspoin », une collaboration imaginée pour l’album avec Malcom Mooney, premier chanteur du mythique groupe CAN. On regrettera seulement une trop fidèle reproduction du disque en live, qui nous a privés de quelques anciens titres ou autres surprises propres à ce genre de concerts et qui auraient pu, dans un sens, le rendre unique.


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Charles Binick

Journaliste indépendant, chroniqueur passionné par toutes les scènes indés et féru de concerts parisiens