[Live] Julie Byrne au Pop-Up du Label

Auteure de l’un des albums folk les plus envoûtants de l’année, Julie Byrne était de passage à Paris, le 31 mai dernier, pour un concert intimiste et superbe, sublimé par la voix et les textes profonds de l’Américaine.

crédit : Jean-Marc Ferré

Il nous aurait presque été impossible de manquer la prestation parisienne de la prêtresse folk qui hante le plus les esprits depuis le début de cette année. Julie Byrne a en effet sorti en février un second album de neuf titres acoustiques intimistes, « Not Even Happiness », interprété à fleur de peau, avec une sensibilité déroutante. La singer-songwriter américaine ne s’était, de plus, produite qu’une petite fois dans la capitale jusqu’alors, ce qui a apporté une note un peu spéciale à cet événement au Pop-Up du Label.

« Nous n’avons pas joué les trois derniers jours, cela fait du bien de revenir à la musique », raconte l’artiste au moment de commencer. Comme sur son disque, elle nous propose une orchestration minimaliste, justement dosée pour compléter une série de guitares-voix vibrantes, aussi touchantes par leur simplicité que leur beauté froide. C’est donc juste accompagnée d’un claviériste qu’elle s’est assise sur la scène de la salle parisienne, à l’occasion de cette soirée coorganisée par le webzine britannique The Line Of Best Fit.

Difficile, au début du concert, d’apercevoir cette petite silhouette sur son siège dans un espace volontairement assombri. Mais heureusement, Julie Byrne parvient à convaincre tout le monde de s’asseoir dès la deuxième chanson, au moment d’entonner les paroles introductives de son nouveau disque : « Follow my voice, I am right here ». Cette dernière à peine illuminée par un petit spot bleu, les spectateurs suivent alors sa voix profonde à genoux ou en tailleur, certains sûrement hébétés, d’autres peut-être renversés ou émus. Le chant clair et cristallin de la native de l’État de New York donnerait presque la chair de poule dans cette atmosphère irréelle, où chaque spectateur écoute avec respect dans un silence de cathédrale. « Melting Grind », « Sleepwalker » et surtout l’ensorcelant « Natural Blue » figurent de cette façon parmi ces chansons délicates et apaisantes, interprétées comme des antidotes à la folie et à la violence actuelle.

crédit : Jean-Marc Ferré

Ainsi enchanté, le public du Pop-Up du Label se laisse alors emporter presque une heure durant, comme des enfants le feraient avec une berceuse qu’on leur susurrait à l’oreille. Reprenant les titres sublimes et envoûtants de « Not Even Happiness », les alternant avec d’autres plus anciens, la voix de velours de l’artiste se mêle à des compositions superbes, mélodieuses, dans lesquels chant et guitare se partagent les séquences d’un folk à l’état brut. Le tout sert des textes évoquant la solitude, avec beaucoup de poésie et un brin de romantisme.

Un moment intimiste, où l’on a surpris des paires d’yeux se fermer discrètement, comme pour mieux rester suspendues à cet instant. Une suggestion visiblement appréciée par l’Américaine qui, au moment d’interpréter « I Live Now As A Singer », demande à la régie de nous plonger dans le noir complet, toutes (et déjà rares) lumières éteintes pour conclure ainsi parfaitement le show et nous laisser flotter comme dans un rêve.


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Charles Binick

Journaliste indépendant, chroniqueur passionné par toutes les scènes indés et féru de concerts parisiens