[Live] Cherry Glazerr à l’Espace B

Le groupe de Los Angeles, emmené par Clémentine Creevy, a proposé un show fuzz-pop à la fois fun et furieux dans la chaleur moite de l’Espace B. Retour sur la prestation barrée des Californiens pour leur premier passage parisien après la sortie du génial « Apocalipstick ».

crédit : Cédric Oberlin

Après un set délirant au Pitchfork Festival où le groupe est loin d’être passé inaperçu, Cherry Glazerr a fait un retour qui nous a paru immanquable dans le cadre tout trouvé de l’Espace B. Le nouveau band le plus barré de Los Angeles a fait un arrêt à Paris en pleine tournée pour défendre son projet « Apocalipstick ». L’un des disques incontournables de ce premier semestre avec sa pop aussi fun que furieuse, qui mêle une voix perchée et sous acide à la Warpaint à une instru dopée aux pédales fuzz dont seraient presque jaloux les fans de Ty Segall.

Le quatuor s’est produit juste après Dream Nails, projet punk britannique féministe, auteur d’une prestation généreuse et militante, gonflée à bloc par une série de titres forcenés qui ont parfaitement chauffé la salle.

Dans la lignée de nouvelles formations à la posture « slacker » assumée (Hinds, Girlpool) Cherry Glazerr est, de son côté, venue avec la ferme intention de retourner l’Espace B avec sa rage juvénile, à l’image de sa meneuse Clémentine Creevy, incontrôlable électron libre. Sa prestation a semblé un brin décalée dès son arrivée sur scène, puisque la chanteuse et guitariste a fait son apparition en se faufilant discrètement dans la fosse presque à quatre pattes avant de faire face au public avec une première mimique sauvage. Esquivant la possibilité d’une petite intro, elle commence le set directement par le punky « Sip O’Poison », avant d’accueillir les premiers applaudissements et hurlements de fans par d’improbables « Shut up ! Shut up ! »

À l’image de leurs dernières prestations vidéos, la performance n’a pas été un exercice vocal, le chant étant peu assuré quand il n’était pas entièrement couvert de cordes saturées euphorisantes. Mais c’est là tout le parti pris du projet, aussi jouissif que brouillon, avec son batteur barbu chaud bouillant, son duo guitare/basse à l’énergie fuzz-rock et un synthé complémentaire pour donner une dimension pop à l’ensemble. Habitués aux tee-shirts illustrés de vagins, les Californiens sont allés, cette fois-ci, un peu plus loin en décorant la scène de cette forme de logo, suspendu au plafond, ou à leurs instruments dans une démarche qui rappelle évidemment Peaches (en plus soft). La setlist a également réservé quelques surprises, puisqu’elle n’a pas fait totalement la part belle à « Apocalipstick » – mis à part pour le génial titre instrumental éponyme -, et c’est peut-être notre seul regret pour ce concert qui aurait pu mettre un peu plus en avant les sons neufs parus en janvier via Secretly Canadian. Au lieu de cela, Cherry Glazerr a préféré revenir à ses débuts chez Burgers Records, désormais célèbre laboratoire garage qui a révélé les principaux morceaux de la soirée, de « Teenage Girl » à « Had Ten Dollaz ».

Heureusement, on a aussi pu entendre les mélodies accrocheuses de « Told You I’d Be With The Guys » et, surtout, de « Nuclear Bomb », incontournable grâce à son clip barré dans lequel Clémentine entretient une relation plus que passionnée avec sa propre guitare. Il n’en fallait en tout cas pas plus pour enflammer la petite salle du XIXe arrondissement qui, à force de pogos et de sauts à pieds joints, index pointés vers le ciel, s’est presque transformé en sauna à la chaleur moite et étouffante. Une messe rock’n’roll qui a tenu ses promesses, réservant une suite de titres décapants ou de jams surprises électriques durant lesquelles la leader a parfois pris le luxe de jouer en tournant le dos à son jeune public fanatisé.

crédit : Cédric Oberlin

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Charles Binick

Journaliste indépendant, chroniqueur passionné par toutes les scènes indés et féru de concerts parisiens