Une ville dans laquelle la musique n’a plus de frontières, où tous les quartiers se retrouvent autour d’une seule et même inspiration musicale, brassant les atmosphères et les cultures avec intensité et sagesse ; « Transeo » de MIXCITY est un mélange des genres qui nous caresse et nous subjugue, allant d’une ambiance à une autre avec une facilité déconcertante et magnifique. Un grand disque, original et incroyable, et qui ne cesse de nous révéler ses visages anonymes enfin dévoilés en plein jour.
Le projet du compositeur nantais Jean-Patrick Cosset s’invite sans crier gare avec un sixième album séduisant, avant que la surprise tourne rapidement à l’obsession. Car « Transeo », nouvelle offrande de MIXCITY, n’appartient à aucune galaxie musicale connue jusqu’alors, détournant les codes de styles assimilés et réappropriés par l’artiste, dans un tumulte sonore pourtant clair et précis, où le hip-hop, la soul et le jazz s’entrechoquent et se libèrent de leurs entraves afin de mieux cohabiter. Inspiré et dévoué, MIXCITY ne lasse à aucun moment, mariant les influences tout en livrant un langage personnel de ses découvertes avec autant de passion que d’humilité. Le résultat est envoûtant, varié et imprévisible, mais fait d’ores et déjà partie des opus les plus impressionnants et marquants de l’année.
S’entourant de featurings prestigieux et essentiels, comme l’a prouvé il y a quelques semaines le formidable « Faded Flowers » avec Brian Lopez, Jean-Patrick Cosset, toujours accompagné de son alter-ego Arthur Pelloquet, injecte dans son art de fortes de doses de substances addictives et chaleureuses. Qu’il s’agisse d’une explosion hip-hop fulgurante avec « S.O.U.L. » (en compagnie de Raashan Ahmad) et « Music Is The Key » (avec Baba Israel) ou dans les circonvolutions délicates et sensitives de « You Are Not Alone » avec le songwriter de Brooklyn Grey Reverend (Cinematic Orchestra), l’homme s’éclipse pour céder la place à des plaisirs aussi sulfureux qu’interdits. Tourmentant l’auditeur jusqu’à l’extase (après un « Opening Night » transitoire parfait, ambiance nocturne idéale pour mieux s’impliquer dans une écoute toujours plus active), « The Freaky Show » est un spectacle musical intemporel et magique, hypnotique et stroboscopique. Véritable ouverture vers une seconde partie de disque encore plus folle, il annonce la soul africaine éthérée de « Kotéké Ni Komalon », où le timbre de Cheick Tidian Seck invite au voyage et à la sorcellerie. Les esprits nous encerclent et nous convient à une errance surnaturelle et éblouissante, achevée sur un « Heavy Dance » qui nous ramène sur terre, imposant et massif, avant de s’achever sur un chant venu d’une autre époque, déformé puis ouvert à d’autres horizons.
Rarement, un album aura eu cette qualité structurelle et émotionnelle, d’un dynamisme redoutable et contagieux. Avec « Transeo », MIXCITY ne se contente pas de réinterpréter ses découvertes musicales, glanées au fil de voyages multiples ; il les vit, les réécrit et leur donne une existence toujours plus vraie et intelligente, sans être cérébrale. Car c’est bien le plaisir qui prédomine ici : celui des sens, des désirs de danse et d’exultation. Autant dire que l’on n’a toujours pas fini de savourer ces pépites inoubliables et magnifiques ; et qu’elles risquent de nous coller à la peau pendant un long moment…
« Transeo » de MIXCITY est disponible depuis le 24 février 2017 chez Alcazart / Modulor.
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